Les forceps ont du bon

Publié le 10 octobre 2010 - Bruno Colombari

Contre la Roumanie, les Bleus ont fait la synthèse de leurs deux derniers matches : laborieux et stressants pendant une heure vingt-trois, percutants et efficaces pendant les dix dernières minutes. On aurait préféré le contraire, mais on s’en contentera.

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Après chaque match de l’équipe de France, et avant de publier les tableaux de bord, je fais une petite liste des enseignements à en tirer, en cinq questions.

Le résultat était-il prévisible ?
Oui. La victoire en Bosnie avait montré que l’équipe de France n’était pas aussi limitée que l’annonçait un peu vite le quotidien sportif de référence après la défaite contre la Biélorussie. Face à une sélection roumaine inférieure à ses prédécesseurs et dont les débuts en qualification étaient plus que limités, une victoire semblait logique. Mais plus le match avançait, plus la tournure des trois derniers Roumanie-France (0-0 et 2-2 en 2008, 1-1 en 2009) revenait à l’esprit. Et à dix minutes de la fin, avec un collectif bleu qui commençait à prendre l’eau et une attaque roumaine qui s’enhardissait, on finissait par admettre qu’un nul ne serait pas une si mauvaise affaire.

Le 2-0 final est donc une quasi-surprise, d’autant plus qu’il est combiné à deux contre-performances de la Biélorussie (0-0 au Luxembourg) et de la Bosnie (1-1 en Albanie). Et voilà les Bleus en tête de leur groupe, qui plus est après deux victoires sans encaisser de but. Il y a un mois, avant d’aller à Sarajevo, il fallait aimer le risque pour parier une chose pareille.

L’équipe est-elle en progrès ?
Dans le jeu, sans doute pas. Depuis le match contre la Norvège, la sélection de Laurent Blanc alterne le correct et l’inquiétant, sans qu’il soit possible de dégager une ligne de progression bien définie. En Bosnie, la défense avait bien tenu et le milieu avait fait la loi. Samedi soir, Lloris a été sauvé par son poteau et Clichy a encore montré des lacunes inquiétantes côté gauche. Quant au milieu, il a souffert du match moyen de Mvila et de Malouda, alors que Nasri n’a joué que par intermittence.

Et si le 4-3-3 contre la Bosnie avait bien fonctionné, samedi soir Benzema s’est retrouvé bien seul devant. Autant dire que le système de jeu fera encore débat dans les semaines à venir.

Les Bleus ont aussi abusé, en première mi-temps, de passes en retrait ralentissant le jeu, alors que le pressing haut et la vitesse de transmission mettaient la défense roumaine en grande difficulté. C’était pourtant ce jeu vers l’avant et cette agressivité dans la récupération qui avait permis la belle victoire en Bosnie.

Si progrès il y a, c’est d’une part dans la stabilité défensive, moins en nombre d’occasions concédées que d’un point de vue comptable : cela faisait 25 matches que les Bleus n’avaient pas préservé leur cage deux fois d’affilée. [1] Et d’autre part dans la persévérance qui leur permet, comme en Bosnie, de plier le match tardivement (71e et 78e à Sarajevo, 83e et 93e à Saint-Denis).

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Anthony Réveillère, qui a remplacé Bacary Sagna en début de stage, s’est montré bien meilleur qu’à la coupe du monde. Il n’a pas été pris en défaut de son côté, et il a proposé de belles solutions en contre. Il a au moins gagné une place de numéro deux derrière le joueur d’Arsenal, qui pour l’instant ne semble pas avoir une avance considérable.

Alou Diarra a été précieux par son abattage à la récupération, même s’il a peu participé au jeu offensif (hormis une tête en première mi-temps). Il a rappelé par moment Patrick Vieira, et va certainement faire partie des hommes de base de Blanc dans les mois à venir.

Mathieu Valbuena a fait une première mi-temps intéressante avant de baisser de pied par la suite, mais sur son côté la concurrence sera rude. En effet, Dimitri Payet a montré en une poignée de minutes qu’il va falloir compter sur lui, tant dans sa prise de risque sur les frappes de balle que sur son travail aboutissant à un centre en retrait parfait pour le but de Gourcuff.

Même remarque pour Loïc Rémy dont l’entrée aura été décisive, puisqu’il a transformé en but sa première occasion.

Enfin, Samir Nasri a fait étalage de sa technique en mouvement aboutissant à deux belles déviations en première mi-temps. S’il a assez peu pesé après la pause, il mérite aussi d’être revu, d’autant qu’il avait été intéressant en août contre la Norvège.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Hugo Lloris est toujours aussi fébrile dans son jeu au pied, et il était battu sur l’occasion roumaine de Sapunaru à la 71e. Sa position de numéro 1 indiscutable pourrait à la longue être contestée par Mandanda et par Carrasso, qui mériterait d’avoir sa chance bientôt.

Yann Mvila a toujours la confiance de Laurent Blanc, mais son quatrième match en bleu ne restera pas dans les mémoires. Il n’a pas pesé dans l’entrejeu, a perdu des duels, a rarement freiné les contres roumains et n’a pas été menaçant devant, à l’image de son tir parti largement au-dessus de la cage de Pantelimon en première mi-temps.

Florent Malouda, rayonnant avec Chelsea, a baissé considérablement son niveau de jeu samedi soir. Il est vrai qu’il n’a pas été aidé par un Benzema hors de forme et qui est venu rôder sur le flanc gauche. Le Madrilène a clairement perdu du terrain face à Loïc Rémy.

Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?
Face au Luxembourg mardi soir, on peut imaginer que Laurent Blanc fera tourner son effectif, d’autant plus que les trois entrants contre la Roumanie ont été impliqués dans les deux buts français. Il faudra aussi faire tourner le compteur de buts face à une équipe moins friable qu’on ne pourrait l’imaginer. Après une entame catastrophique contre la Bosnie en septembre (0-3 après 18 minutes), les Luxembourgeois n’ont encaissé qu’un seul but contre l’Albanie et aucun contre la Biélorussie.

Un festival offensif à Metz serait pourtant le bienvenu, tout d’abord parce qu’il renforcerait la première place du groupe D, et ensuite parce que les gros scores se font rares : le dernier date d’un an (5-0 contre les Féroé) et l’avant-dernier de trois (6-0 toujours contre les Féroé).

[1France-Turquie (1-0) en juin 2009 et Féroé-France (1-0) en août 2009.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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