Lorsque l’équipe de France quitte piteusement les Jeux olympiques de 1908 à Londres, son seul fait d’armes est d’être, à l’échelle mondiale, la sélection nationale victime de la plus lourde défaite (1-17). Mais la France était déjà détentrice de ce record depuis deux ans. En effet, le premier France-Angleterre de l’histoire s’était soldé par un 0-15 sans appel en faveur des sujets de sa Majesté.
L’Irlande corrigée par l’Angleterre dès 1882 : 13-0
Les précédents détenteurs de ce triste record étaient les Irlandais depuis 1882, battu 13-0 par les Anglais (déjà !). Si on continue à remonter dans le temps, on trouve en avril 1878 les Gallois (9-0) et un mois plus tôt les Anglais (7-2), mais cette fois-ci dans le rôle de la victime, tous les deux largement battus par les Ecossais. Enfin, en mars 1876, on trouve la trace des tous premiers scores d’une certaine ampleur, avec deux victoires écossaises, face aux mêmes adversaires : 4-0 face aux Gallois le 25 quelques semaines après le 3-0 infligé à l’Angleterre le 4.
A partir de 1912, l’équipe de France va porter son fardeau conjointement avec la Russie, étrillée 16-0 par l’Allemagne. Mais les choses auraient pu être bien pires pour les Tricolores. En 1908, un conflit éclate entre l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques), représentant la France au niveau international, et la FIFA. Aucune issue favorable n’ayant été trouvée, l’USFSA quitte l’instance internationale et laisse au CFI (Comité Français Interfédéral) la gestion de l’équipe de France.
Un Angleterre-France non-officiel en 1910 se termine par 20-0
Mais l’Union continue à organiser des matches, non reconnus, contre des associations ne dépendant pas de la FIFA. En mars 1910, cette équipe de France non officielle se rend en Angleterre et affronte la sélection dissidente de l’AFA (Amateur Football Association) qui lui claque un 20-0. Ce match, non reconnu par la FIFA, n’entre donc pas en ligne de compte dans cette étude.
Il faut attendre 1991 pour voir une nation s’incliner sur un score plus lourd, lorsque Guam perd contre la Papouasie Nouvelle Guinée 0-18. La petite île du Pacifique va conserver ce titre et même l’améliorer en 2000 (si on peut dire), en s’inclinant 0-19 face à la Chine (en janvier), record qu’elle égalera en novembre de la même année contre l’Iran (toujours 0-19). L’Australie va ensuite en deux jours attribuer le fardeau à deux nouvelles victimes. Le 9 avril 2001, elle inscrit 22 buts aux Tonga, avant d’en marquer 31 le 11 aux Samoa américaines. Ce record ne sera sans doute jamais battu, même si un petit doute est apparu en fin de match, les Australiens avaient compté 32 buts marqués, mais l’arbitre en avait refusé un.
Avant la Grande Guerre, des Bleus sans défense
Au niveau des cartons, l’équipe de France n’a pas démarré dans la demi-mesure. Sa première défaite a lieu lors de son troisième match, le 7 mai 1905, où les Belges leur administrent un 7-0. Cela n’empêche pas les Tricolores de faire pire dès l’année suivante (5e match de l’histoire) où les Anglais marquent 15 fois sans que les Français ne leur rendent le moindre but (1er novembre 1906). Arrive ensuite le fameux 17-1 face aux Danois en 1908 pour le onzième match de l’histoire. Entre-temps, la France avait aussi pris un 0-5 face aux Belges en 1906, un 0-12 contre les Anglais en 1908 mais aussi un 0-9 face aux Danois quelques jours avant le score record, et qui aurait donc presque pu passer inaperçu...
Dans l’autre sens, celui des victoires, les choses vont être beaucoup plus longues à se dessiner. La première victoire d’ampleur, 4-1, arrive en 1911, lors du 23e match des Tricolores, joué face au Luxembourg. L’équipe du Grand-Duché restera le partenaire préféré de l’équipe de France d’avant-guerre qui améliorera son score en 1913 avec un 8-0 (31e match). Ce score (égalé en 1953, toujours face au Luxembourg, et 1957, face à l’Islande) ne sera battu que 82 ans plus tard. Le 6 septembre 1995, les Bleus d’Aimé Jacquet, atteignent pour la première et seule fois de leur histoire à ce jour le cap des 10 buts face à l’Azerbaïdjan (10-0).
Gibraltar, Saint-Marin ou le Liechtenstein pour succéder à l’Azerbaïdjan ?
S’il est évidemment exclu que la France subisse un jour un pire affront que le 17-1 de 1908, il n’est pas impossible que le 10-0 de 1995 soit égalé voire battu prochainement. L’arrivée de nombreuses toutes petites nations au sein de l’UEFA au cours des dernières décennies (Gibraltar, Saint-Marin, Andorre, Liechtenstein...) que les Bleus peuvent rencontrer lors des phases éliminatoires fournissent des victimes toutes trouvées. Reste aux Bleus à se motiver pour jouer ce genre de rencontre à fond pendant 90 minutes...