Le résultat était-il prévisible ?
Non. Depuis cinq matches, si l’on excepte la très mauvaise première mi-temps en Biélorussie, les Bleus semblaient plus sereins derrière et plus volontaires devant. Les treize buts marqués en un peu moins de quatre heures de jeu donnaient l’impression que la stérilité offensive était enfin dépassée. En fait, les Bleus ne sont jamais vraiment entrés dans ce match, à moins que ce soit des Ukrainiens remontés comme des pendules qui les en aient éjectés. C’est quasiment le pire résultat possible, aussi bien sur un plan comptable que psychologique, avec en plus l’expulsion stupide de Laurent Koscielny qui affaiblira la défense au retour.
L’équipe est-elle en progrès ?
Evidemment non. Elle est retombée dans ses travers de l’Euro 2012, contre la Suède notamment, ou lors de sa tournée calamiteuse en Amérique du Sud en juin dernier. Peu de mouvement, un pressing désordonné, des duels presque toujours perdus, un manque d’audace devant, il aura manqué beaucoup de choses aux Bleus pour faire autre chose que de la figuration. Comme si l’embellie du mois d’octobre, face à deux équipes de faible niveau, n’avait été qu’un trompe-l’œil. On saura mardi si le match de Kiev aura été un simple accident de parcours (au plus mauvais moment, certes) ou le révélateur du véritable niveau des Bleus, celle d’une équipe de second ordre trop juste pour participer au Mondial.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
A l’heure du bilan, et compte tenu des calamiteuses trente dernières minutes des Bleus, il n’y a pas grand monde à sauver du désastre. Blaise Matuidi a fait une bonne première période mais il n’a plus pesé au moment où les Ukrainiens ont pris le match en main. Paul Pogba s’est battu sur chaque ballon, mais avec trop peu de justesse technique pour faire la différence. Mathieu Debuchy était bien rentré dans le match, mais il est battu dans l’impact sur le premier but ukrainien. Et Franck Ribéry a beaucoup trop joué par intermittences, il est vrai desservi par des partenaires arrêtés.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Samir Nasri a perdu beaucoup de ballons apparemment faciles, même s’il a trouvé une ou deux fois Franck Ribéry. Loïc Rémy est passé à côté de son match, alors qu’Olivier Giroud a fait ce qu’il a pu avec ce qu’on lui a donné, c’est-à-dire bien peu. En défense, Eric Abidal n’a pas paru très serein dans la dernière demi-heure fatale, et Laurent Koscielny, qui était sans doute le Français le plus sûr, est complètement sorti du match dans les dernières minutes. Il fait une grosse faute qui provoque le pénalty de Yarmolenko, et il se fait expulser stupidement pour une claque parfaitement inutile sur Kucher, qui le privera du retour.
Mais le plus énervant aura été Benzema. Rentré à vingt minutes de la fin, l’attaquant du Real n’a quasiment rien fait. Pire il marchait à chaque perte de balle, comme si tout ce qui se passait ne le concernait pas vraiment. Il a eu l’occasion de réduire le score dans le temps additionnel sur coup franc, mais l’a tiré dans le mur.
Quelles sont les attentes pour le match retour ?
L’affaire paraît si mal engagée qu’on ne souhaite qu’une chose : qu’au moins l’équipe de France fasse honneur au jeu et tente l’impossible. On voit mal ce qui pourrait renverser la tendance en quatre jours, compte tenu que les Ukrainiens semblaient déjà beaucoup plus motivés que les Bleus avant le match aller. L’excellent résultat obtenu va décupler encore leur combativité. On verra si l’expulsion de Kucher déstabilisera une défense que les Français n’ont jamais réussi à contourner à Kiev.