Paul Pogba, laissez-le grandir !

Publié le 16 juillet 2016 - Bruno Colombari

On en attendait sans doute trop de lui, en oubliant qu’il n’a que 23 ans. Si on regarde où en étaient Kopa, Platini et Zidane au même âge, on constate que Pogba n’est certainement pas en retard, et que sa marge de progression est importante.

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Le milieu de la Juventus a plutôt manqué son Euro, où ses prestations sur courant alternatif ont été éclipsées par celles de Dimitri Payet, Hugo Lloris, Moussa Sissoko et bien sûr Antoine Griezmann. Trois ans après ses débuts en sélection, Paul Pogba peine à s’imposer et déçoit le plus souvent, eût égard à son potentiel et à ses déclarations ambitieuses, à savoir postuler un jour au Ballon d’Or.

Pourtant, on oublie souvent qu’il n’a que 23 ans (depuis le 15 mars). Et même s’il n’évolue pas du tout dans le même registre qu’eux, il peut être intéressant de comparer son parcours avec trois de ses prédécesseurs qui eux, ont remporté le Ballon d’Or et qui sont les trois plus grands joueurs français. Où en étaient Kopa, Platini et Zidane à 23 ans et 4 mois ? Dans quel club jouaient-ils, combien de titres avaient-ils gagné, combien de matches avaient-ils joué en sélection et à quelle compétition avaient-ils participé ?

Dans les schémas ci-dessous, les étoiles vertes représentent la meilleure performance obtenue à l’âge de 23 ans et 4 mois, les étoiles rouges les moins bonnes. En gris à côté du nombre de sélections à cet âge, figure le nombre total de sélections. Idem pour les buts marqués.

Kopa éblouit Madrid

Au printemps 1955, Raymond Kopa est international depuis deux ans et demi rtcompte 18 sélections. Il a déjà marqué dix fois en Bleu et sacré deux fois champion avec le Stade de Reims. C’est le moment où il change de dimension avec un très grand match à Madrid contre l’Espagne (2-1) où il égalise, lance l’action du but victorieux et tape dans l’œil des dirigeants du Real. Ceux-ci le feront venir à l’été 1956, après que Reims se soit incliné en finale de la première coupe d’Europe des clubs champions, contre le Real justement. Raymond Kopa obtiendra le Ballon d’Or 1958 dans la foulée de sa superbe coupe du monde en Suède.

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Platini, cheville fracturée

A l’automne 1978, Michel Platini s’est blessé tout seul sur la pelouse de Geoffroy-Guichard. Il joue toujours à Nancy, avec qui il a remporté la coupe de France, malgré l’intérêt appuyé des clubs italiens. Sa coupe du monde en Argentine a été plutôt décevante malgré un but marqué contre les futurs champions du monde. Exactement comme Kopa, il compte déjà 18 sélections et 10 buts marqués après deux ans et demi de carrière internationale. Il partira à Saint-Etienne en 1979, où il franchira un palier avant de terminer son parcours en apothéose à la Juventus entre 1982 et 1987. C’est là qu’il obtiendra trois Ballons d’Or consécutifs en 1983, 1984 et 1985.

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Zidane encore en rôdage

Quand arrive l’automne 1995, Zinedine Zidane n’a qu’un an de sélection derrière lui, avec seulement 7 capes et 4 buts marqués. Avec les Girondins de Bordeaux, il n’a rien gagné, mais il atteindra tout de même la finale de la coupe UEFA en mai 1996 (défaite contre le Bayern), avant d’être transféré à la Juventus de Turin. Il deviendra champion du monde en 1998, obtiendra le Ballon d’Or la même année et gagnera l’Euro en 2000.

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Pogba est en avance

Il n’y a pas photo : à âge égal, Paul Pogba compte 20 sélections de plus que Kopa et Platini, a déjà joué une coupe du monde et un Euro avec la France et évolue à la Juventus Turin, l’un des cinq ou six plus grands clubs d’Europe avec qui il a déjà gagné quatre titres nationaux et deux coupes d’Italie, sans oublier une finale de Ligue des Champions perdue contre Barcelone en 2015.

Cela ne prouve pas grand chose et n’offre aucune garantie qu’il atteigne un jour le niveau des trois géants qui l’ont précédé. Ni que son influence au cœur du jeu prenne enfin de l’ampleur au point qu’il puisse faire basculer le sort d’un match à lui tout seul. Mais la carrière de Paul Pogba, si riche soit-elle déjà, n’en est qu"à ses débuts. On peut imaginer que pour lui, le meilleur reste à venir.

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