Shahan Petrossian : « En 1982, le jeu est entré dans mon sang et ne m’a jamais quitté »

Publié le 31 octobre 2023 - Bruno Colombari

La vie du fondateur du blog Soccer Nostalgia est un roman. Issu de la diaspora arménienne, Shahan Petrossian a vécu en Iran, en France et aux Etats-Unis où il collectionne les magazines de football et contribue à entretenir la mémoire du jeu.

11 minutes de lecture
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia

C’est lui qui a pris contact avec moi en premier, pour me proposer une série d’entretiens sur les années Michel Hidalgo, il y a bientôt deux ans. Il y a finalement eu 13 interviewes, puisque la série s’est prolongée sur les années Henri Michel. Shahan Petrossian, je le connaissais sans le savoir via sa chaîne YouTube sp1873 qui compte pas moins de 18 000 vidéos, un véritable trésor audiovisuel tellement utile pour vérifier une passe décisive, la couleur du maillot du gardien ou les changements de capitaine en cours de match. Par mail, nous avions déjà échangé sur son parcours qui rappelait un peu l’histoire de Mariane Satrapi (Persepolis) et qui m’avait donné envie d’en savoir plus. On s’était promis de faire une interview inversée, Est-Ouest, dans le sens Die (Drôme) - Los Angeles (Californie), une fois les séries historiques terminées. Le résultat est là.

Voir le site Soccer Nostalgia
Lire la version en anglais. English version here
Les lecteurs de Chroniques bleues te connaissent via ton blog Soccer Nostalgia, les articles des collections de magazines de foot français que tu relaies sur Twitter et les deux séries d’interviewes sur les années Hidalgo et Michel. Mais ton parcours est vraiment spécial, entre trois continents, trois pays, trois cultures, et le foot comme fil conducteur. Partons du début : tu es né en 1973 en Iran, au sein d’une famille arménienne ? Quelle était ta nationalité alors ?

Shahan Petrossian : Bonjour Bruno, merci pour cette interview et pour nos collaborations sur l’Histoire de l’Equipe de France. Je suis né à Téhéran, en Iran, en 1973, en tant qu’Arménien de souche, faisant partie de la grande diaspora arménienne de cette région. En tant que citoyen iranien, nous étions culturellement arméniens avec notre propre langue, nos coutumes et nos écoles.

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Crédits : photo Sahan Petrossian
Comment as-tu appris le français ? Dans ta famille ou à l’école ?

Avant la révolution, à l’école primaire et jusqu’à 8-9 ans, nous allions dans une école française à Téhéran appelée Le Lycée Razi. Après, suite à la révolution, cela n’était plus possible, alors nous avons suivi des cours particuliers. Nous avions aussi de la famille en France et donc il y avait ces liens avec la langue/culture.

Tu avais six ans au moment de la Révolution islamique de 1979. Quels souvenirs en gardes-tu ? Qu’est-ce que ça a changé dans ton quotidien ?

En tant qu’enfant, on est quelque peu déconnecté et à l’abri des événements politiques/sociaux. Il est donc difficile de dire si ma vie quotidienne a été radicalement affectée. Cependant, on remarque certains changements et on entend les adultes autour de nous débattre de l’actualité. Un changement notable a été le simple fait de regarder la télévision. En guise de divertissement, nous regardions des films/dessins animés occidentaux et, du jour au lendemain, cela a disparu et a été remplacé par une programmation locale et/ou non occidentale à caractère politique.

Les films américains/européens étaient interdits, la location de vidéos était donc une activité clandestine et des hommes en valise avec des cassettes vidéo de films allaient de maison en maison pour louer les vidéos. On le remarque quand les femmes sont soudainement obligées de porter le voile, familial ou autre. De plus, à l’école, autrefois mixte, les garçons et les filles ont été soudainement séparés dans des zones différentes, divisées par un mur ou autres barrières.

Même étant enfants, nous étions conscients qu’il ne fallait pas dire certaines choses en public au risque d’avoir des ennuis. Naturellement, lorsque l’on vieillit, après avoir vécu des années en Occident, on réalise alors véritablement l’étendue des différences.

« Puis la Coupe du monde 1982 a eu lieu et cela a totalement changé ma vie »

Quel était ton lien avec le football dans ton enfance en Iran ? 

Jusqu’à l’âge de neuf ans (1982), j’étais indifférent au football. C’était juste un jeu entre amis ou à l’école, mais je n’avais aucune notion de club ou de football international. Puis la Coupe du monde de 1982 a eu lieu et cela a totalement changé ma vie. Je dis à mes amis que le jeu est entré dans mon sang et ne m’a jamais quitté. Tu le sais bien puisque tu as écrit un livre sur cette Coupe du monde (avec ton collègue Richard Coudrais).


 

Imagine-moi comme un enfant de 9 ans découvrant au cours d’un été Zico, Socrates, Eder, Platini, Giresse, Tigana, Maradona, Passarella, Rummenigge, Breitner, Rossi, Tardelli, et ainsi de suite. Ce fut un été magique qui m’a ouvert un tout nouveau monde. A partir de ce moment, je suis devenu fan de Football. Avant cela, je ne connaissais absolument pas le football, mais j’ai commencé à y prêter davantage attention à la télévision.

J’ai découvert le football des clubs européens à la télévision et j’ai commencé à lire chaque semaine des magazines sportifs spécialisés locaux et à suivre intensivement les classements, scores, etc. À partir de 1983, j’étais un fan de football totalement immergé. Heureusement, je savais lire en français et cela m’a permis de lire Onze et Mondial (même s’ils étaient difficiles à trouver).

Pourquoi ta famille a-t-elle quitté l’Iran, en 1984 ?

La situation politique était toujours instable et, en plus l’Iran était au milieu d’une guerre avec l’Irak qui ne semblait pas se terminer. L’avenir semblait incertain et la stabilité de la vie en Occident était une bonne raison pour émigrer.

Raconte-nous l’année que tu as passée en France, juste après l’Euro, alors que tu avais 11 ans. As-tu eu l’occasion de voir jouer les Bleus au Parc ? Suivais-tu un club en particulier ?

J’étais un passionné de football lorsque nous sommes arrivés en France en 1984, quelques mois seulement après l’Euro. Nous avions de la famille en France avec qui nous sommes restés pendant ce qui était censé être une année transitoire avant d’émigrer à nouveau vers une autre destination, les États-Unis. J’ai été scolarisé (année scolaire 1984/85) en sixième dans une école à Arpajon (à environ 30 km au sud de Paris). Je me souviens encore du nom de l’école, Lycée Jean-Moulin (j’imagine qu’il doit y avoir beaucoup d’écoles en France qui portent son nom). J’avais déjà un certain niveau de français, ce qui était utile mais bien sûr, c’est quand même difficile au début.

« J’ai découvert le monde des albums d’autocollants Panini »

En ce qui concerne le football, je connaissais déjà de l’Iran les magazines comme Onze et Mondial, et j’y avais désormais un accès plus facile, mais c’est à mon arrivée en France que j’ai découvert le magnifique hebdomadaire France Football. C’était véritablement, comme on l’appelle, « la bible du football ». Je n’avais jamais vu une telle couverture médiatique du football.


 

C’était l’époque de Platini et de Maradona et l’apogée du Calcio italien. Dans le football français, c’était le Bordeaux de Giresse et Tigana à son apogée, aux côtés du Nantes de Halilhodzic, le Monaco de Bellone et Amoros, le PSG de Susicn Fernandez et... Saint-Etienne en Deuxième Division.

J’ai pu suivre de plus près la Première Division française dans la presse écrite et à la télévision. J’ai également découvert le monde des albums d’autocollants Panini. Ma
mère était parfois furieuse parce qu’elle avait l’impression que c’était comme jouer au jeux d’argent.
 
A la télévision, j’ai découvert la superbe émission de Thierry Roland Télé-Foot et occasionnellement Multi-Foot les jours de match. Je me souviens aussi d’avoir regardé le samedi Michel Platini animer une émission avec Bernard Père (Numéro 10), où ils discutaient et montraient les moments forts des meilleurs championnats d’Europe.

Non malheureusement je n’ai pas eu l’occasion de regarder du football en direct cette année-là mais j’ai largement compensé avec les matchs à la télévision et la lecture régulière de Onze, Mondial et de France Football.

Pourquoi avez-vous quitté la France pour les Etats-Unis en 1985 ?

Le projet était de nous installer définitivement ailleurs et mes parents avaient choisi les États-Unis pour une multitude de raisons.

Quand tu arrives dans le New Jersey, il faut que tu apprennes l’anglais. Combien de langues parles-tu ?

Je parle arménien, ainsi que le farsi, le français et l’anglais. A mon arrivée aux Etats-Unis, j’avais un niveau d’anglais rudimentaire après mon année en France et le cours d’anglais que nous avions à l’école. Naturellement, cela n’était clairement pas suffisant et j’ai eu du mal au début avant d’apprendre la langue.

Là-bas, quel lien gardes-tu avec le football ?

 
La première année a été très difficile car j’étais complètement coupé de toute actualité footballistique. Nous sommes en 1985 et un monde avant Internet. Je n’ai pu avoir de nouvelles du football qu’après la découverte du magazine Soccer America. J’ai eu la chance de tomber sur ce magazine dans un centre commercial et de m’y abonner. Il faut se rappeler qu’à cette époque aux États-Unis, le football était inexistant dans la presse écrite ou à la télévision (à l’exception de quelques chaînes en langue espagnole sur le câble).

J’ai réalisé l’importance de ce magazine avec l’âge. Ce magazine m’a tenu informé des matches de football mondial et de championnat en Europe au cours de ces premières années dans un nouveau pays.

Quelles études fais-tu aux Etats-Unis ?

J’ai étudié le génie civil à l’université, toujours dans le New Jersey, et j’ai obtenu mon diplôme en 1995.

Nouveau déménagement en 1995, tu as 22 ans et tu te retrouves sur la côte Ouest, près de Los Angeles. Pourquoi la Californie ?

La plupart de ma famille et de mes proches s’y étaient installés, ainsi que la plupart de la communauté et de la diaspora arméniennes. Dans le New Jersey pendant une décennie, j’ai été complètement coupé de mon monde, de ma langue et de ma culture. Il était logique de m’y installer et de commencer une nouvelle vie.

La Coupe du monde 1986 au Mexique a-t-elle été très suivie par less différentes communautés de Los Angeles, notamment les Hispaniques avec l’Espagne, l’Argentine, le Mexique ?

Je ne sais pas s’il existe de grandes communautés espagnoles et argentines en Amérique, mais il est certain qu’une importante communauté mexicaine a suivi la Coupe du monde de 1986. En fait, la couverture télévisée de la chaîne de langue espagnole (SIN, rebaptisée plus tard Univision) était la seule source pour de nombreuses personnes dans le pays.

Avant la Coupe du Monde, le Mexique a également disputé de nombreux matchs amicaux « à domicile » à Los Angeles, car il y avait une importante communauté mexicaine là-bas. La plus grande communauté latine des États-Unis a été l’une des plus grandes sources de soutien à ce sport dans le pays.


 

A quel moment crées-tu Soccernostalgia, et quel était ton projet avec ce blog ? Faire connaître le football européen aux Américains ?

J’ai lancé le blog Soccernostalgia en 2011. Un de mes amis m’a parlé de son blog sur la musique et cela m’a donné l’idée de créer mon propre blog sur le football. Je crois que j’avais juste besoin d’un exutoire pour ma passion et un blog était le véhicule idéal pour y parvenir. Au début, je parlais simplement de matchs internationaux individuels, puis après quelques mois, j’ai développé de nouvelles idées et j’ai commencé à ajouter de nouvelles sections et sujets liés à l’histoire du football. Le blog a pris sa propre vie et a évolué au fil des années.

« J’ai mis en ligne plus de 18000 vidéos sur YouTube et 2000 sur Dailymotion »

Vers 2019, j’ai commencé à collaborer (initialement dans le cadre d’entretiens écrits) avec un passionné d’histoire du football anglais et blogueur, M. Paul Whittle du blog The 1888 Letter. Nous avons lancé un podcast (Soccernostalgia Talk Podcast) en 2020, interviewant des invités sur de nombreux sujets sur l’histoire du football. À ce stade, je continue de rédiger des articles de blog ainsi que des podcasts et également des interviews écrites avec des invités comme toi.
 
À peu près en même temps que mon blog (2011), j’ai commencé à travailler sur ma chaîne YouTube nommée sp1873. J’avais une grande collection de DVD de matchs de football ainsi que des enregistrements de moments forts de la télévision pendant des décennies. J’ai commencé à télécharger ces moments forts des matchs de football sur ma chaîne. J’ai mis en ligne plus de 18000 vidéos sur YouTube (plus 2000 ou plus sur Dailymotion).

Aujourd’hui, j’utilise ma chaîne YouTube pour mettre en ligne mes podcasts. Grâce au blog/podcast et à la chaîne YouTube, j’ai été approché et établi des contacts avec de nombreux fans de football partageant les mêmes idées et l’expérience a été bouleversante. J’ai également créé un certain nombre de pages Facebook d’accompagnement, ainsi que ma page Twitter sp1873. Je mets régulièrement en ligne des articles et des photos sur ces pages, en complément de l’activité Blog/Podcast.

« J’ai une grande collection de magazines de football, plusieurs milliers »

Tu dois avoir une énorme collection de magazines chez toi. Malgré la quasi-disparition de France Football, continues-tu à la compléter ?

J’ai beaucoup de vieux livres/magazines des cinq dernières décennies qui dépassent les milliers. J’ai une grande collection de magazines de football, car j’ai commencé à les collectionner dès mon plus jeune âge. Au fil des décennies, j’ai également commencé à obtenir sur Ebay des numéros plus anciens de magazines que j’avais manqués auparavant. Mes préférences vont à France Football, World Soccer, Onze, Mondial (éventuellement fusionné avec Onze-Mondial), mais aussi d’autres comme Guerin Sportivo, El Grafico, Shoot, Match, Don Balon, Goal, Four Four Two, etc.
 
Je connais également des confrères collectionneurs, avec qui je fait des échanges et qui m’ont gracieusement fourni des magazines scannés au fil des années. En ce qui concerne France Football, j’essaie continuellement de collectionner les anciens numéros de ce merveilleux magazine. Cela m’attriste que ce magazine soit devenu un magazine mensuel et ne couvre plus le jeu comme j’en avais l’habitude pendant tant de décennies. (Je pourrais en dire autant de l’évolution d’Onze-Mondial).

En général, le format de la plupart des magazines de football actuels a décliné. Je me souviens d’une époque où la plupart des fans de football comme moi se précipitaient dans les kiosques à journaux pour se procurer le dernier numéro d’un magazine de football, ce n’est plus le cas. L’augmentation de la couverture en ligne au cours des deux dernières décennies et d’autres facteurs sont peut-être responsables de ce déclin. Mais je peux toujours apprécier la lecture d’un numéro plus ancien d’un magazine et me souvenir de l’enthousiasme que j’ai ressenti en lisant ce numéro spécifique.

Quelle place garde pour toi le football français en général et l’équipe de France en particulier ?

J’ai suivi l’évolution de l’équipe depuis que je suis devenu fan de football depuis la Coupe du monde 1982. Cet intérêt n’a fait qu’augmenter au cours des années et décennies suivantes avec la lecture d’Onze, Mondial, France Football (apprendre le français à un si jeune âge était essentiel).

J’ai eu la chance d’être fan de football à une époque ascendante pour l’équipe nationale, lorsque Platini était à son apogée. J’ai également essayé d’en apprendre davantage sur l’histoire de l’équipe nationale au fil des années en lisant des livres.
Je continue de lire et de suivre régulièrement l’actualité du football français actuel, même si je suis nostalgique du bon vieux temps où j’étais un nouveau fan.

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Crédits : photo Sahan Petrossian
Comment as-tu vécu les victoires en Coupe du monde en 1998 et 2018 ?

En 1998, j’étais célibataire et j’avais 25 ans à l’époque à Los Angeles. Je suivais le football d’autant plus intensément que les années n’avaient fait qu’accroître mon intérêt pour tous les événements sur et en dehors du terrain. J’ai suivi l’évolution de l’équipe en lisant régulièrement Onze-Mondial et France Football.
France Football a fait un excellent travail pour tenir ses lecteurs informés des progrès de l’équipe nationale au cours des quelques années précédant la Coupe du monde. J’ai regardé de nombreux matchs à la télévision et observé les progrès de l’équipe. Avant la Coupe du monde, il n’était pas évident que la France devienne championne, mais Aimé Jacquet a dû convaincre ses joueurs.
 
Vingt ans plus tard, en 2018, le contexte était évidemment différent. J’avais 45 ans, marié et père de deux enfants. J’avais désormais mon blog et, chaque jour de cette Coupe du monde, je téléchargeais des actualités et des programmes de matchs. J’ai réussi à regarder de nombreux matchs à la télévision et à lire tous les magazines imprimés disponibles. J’ai été plus surpris de ce triomphe qu’en 1998, car la France n’était pas considérée comme un vainqueur potentiel si je me souviens bien. Tout comme Jacquet, Deschamps a su constituer une unité solide en s’adjoignant les talents exceptionnels du jeune Mbappé.

« Je suis ravi de voir Thierry Henry à la tête des moins de 21 ans »

Que penses-tu du niveau de l’équipe actuelle ? Peut-elle gagner la prochaine Coupe du monde ? Iras-tu la voir jouer ?

La France a un entraîneur expérimenté comme Deschamps qui a tout vu et tout fait dans le jeu. Je crois qu’il a plus dirigé l’équipe nationale qu’il n’a joué pour l’équipe.
La France a le potentiel pour remporter l’Euro avec Mbappé et Griezmann toujours dans le cadre. Il y a des joueurs comme Giroud, qui seront peut-être un peu vieux à ce moment-là, mais il y a toujours des jeunes joueurs prêts. Je suis ravi de voir Thierry Henry à la tête des moins de 21 ans et peut-être qu’un certain nombre de ces joueurs franchiront le pas vers le niveau supérieur.

Il est impossible de prédire si Deschamps sera toujours aux commandes d’ici 2026. Néanmoins, la France devrait encore avoir une colonne vertébrale intacte. Naturellement, si l’occasion se présente, j’aimerais voir l’équipe participer à la Coupe du monde 2026 aux États-Unis.
 
J’en profite pour te remercier encore d’avoir accepté d’être interviewé cette année sur l’histoire de l’équipe de France de Michel Hidalgo ainsi que des années Henri Michel.
Ces discussions/interviews m’ont rappelé de nombreux souvenirs de mes premières années de fan de football et je ne t’en remercierai jamais assez.

pour finir...

English version

Chroniques bleues readers know you through your blog Soccer Nostalgia, the articles from the collections of French football magazines that you relay on Twitter and the two series of interviews on the Hidalgo and Michel years. But your journey is truly special, between three continents, three countries, three cultures, and football as a common thread. Let’s start from the beginning : you were born in 1973 in Iran, into an Armenian family ? What was your nationality then ?

Shahan Petrossian : Hello Bruno, thank you for this interview and for our collaborations on the History of the France National Team. I was born in Tehran, Iran in 1973, as an ethnic Armenian, part of the large diaspora of Armenians there. While, being a citizen of Iran, we were culturally Armenian with our own language and customs and schools.

How did you learn French ? In your family or at school ?

Before the revolution, at elementary school into the first grade, we went to a French school in Tehran called ‘Le Lycée Razi’. Afterwards, following the revolution, this was no longer possible, so we took private courses. We also had some family in France and therefore there were these ties with the language/culture.

You were six years old at the time of the Islamic Revolution of 1979. What memories do you have of it ? What has changed in your daily life ?

As children you are somewhat disconnected and sheltered from political/social events, therefore, it’s hard to say if my daily life was affected dramatically. However, you do notice certain changes and hear the adults around you discussing the current events. A noticeable change was just by simply watching television. As entertainment, we were watching Western films/cartoons and overnight this was gone and replaced with local and/or non-western programming with a political bent.

American/European films were banned, therefore, Video rental was an under-ground activity and men in suit-cases with Videotapes of films would go from house to house to rent out the videos. You do notice, when women are suddenly forced to wear a veil, family or otherwise.
In addition, at school, which was once co-ed, the boys and girls were suddenly separated into different areas, divided by a wall or other physical barriers.

Even as children, we were conscious that we should not say certain things in public at the risk of getting in trouble. Naturally, when you grow older, having lived in the west for years, then you truly realize the extent of the differences.

What was your connection with football growing up in Iran ?

Up until the age of nine (1982), I was indifferent to the game. It was something we played with friends or at school, but I had no concept of club or International Football. Then the 1982 World Cup happened and that totally changed my life. I tell my friends that the game just got in my blood and never left me. You know it well as you have written a book about this World Cup (along with your colleague Mr. Richard Coudrais).

Imagine me as a 9-year-old discovering during one summer, Zico, Socrates, Eder, Platini, Giresse, Tigana, Maradona, Passarella, Rummenigge, Breitner, Rossi, Tardelli, and on and on and on. It was a magical summer that opened up a whole new world for me.
 
From that moment on, I became a Football fan. I was completely unaware of Football before this, but I started paying more attention to Football on television. I discovered European club Football on television and started reading local specialized sports magazines on a weekly basis and intensively followed standings/scores/etc. From 1983 onwards, I was a totally immersed Football fan. Fortunately, I could read in French and this allowed me to read Onze and Mondial (though they were difficult to get hold of).

Why did your family leave Iran in 1984 ?

There was the continuous unstable political situation and on top of that Iran was in the middle of a war with Iraq that did not appear to end. The future seemed uncertain and the stability of life in the West was a factor to emigrate.
 

Tell us about the year you spent in France, just after the Euro, when you were 11 years old. Did you have the opportunity to see the Blues play at the Parc ? Did you follow a particular club ?

I was a dedicated football fan when we arrived in France in 1984 just a couple of months after the Euros. We had family in France that we stayed with in what was supposed to be a transitory year before we emigrated once again to another destination, the USA. I went to school (1984/85 scholastic year) aa a sixth-grader at a school at Arpajon (about 30 km south of Paris). I still remember the name of the school, Lycée Jean-Moulin (I imagine there must be many schools in France named after him). I knew a certain level of French which was helpful but of course it’s still difficult in the beginning.

As far as Football, I was already acquainted with Football magazines like Onze and Mondial from Iran and now had easier access, but it was upon arrival in France that I discovered the magnificent weekly magazine ‘France Football’ magazine. It was truly as they call it ‘the bible of Football’. I had never seen such coverage and journalism of Football. This was the age of Platini and Maradona and the height of Italian Calcio. In French Football, this was Bordeaux of Giresse and Tigana at its height, along with the Nantes of Halilhodzic, Monaco of Bellone and Amoros, PSG of Susic/Fernandez and... St Etienne in the Second Division.
I was watching Football. I was able to follow the French First Division in a closer capacity in print and Television. I was also introduced to the world of Panini sticker albums. My mother would sometimes be furious because she felt it was like gambling.
 
On television, I discovered the superb Thierry Roland show ‘Tele-Foot’ and the occasional ‘Multi-Foot’ on matchdays. I also remember watching on Saturdays, Michel Platini hosting a show with Bernard Père (Numero 10), where they discussed and showed highlights from the top leagues in Europe. No unfortunately i did not have the opportunity to watch any live Football that year but more than made up for it with Television matches and reading Onze/Mondial and France Football regularly.

Why did you leave France for the United States in 1985 ?

The plan had been to settle permanently somewhere else and my parents had decided on the United States for a multitude of reasons.

When you arrive in New Jersey, you have to learn English. How many languages do you speak ?

I speak Armenian, along with Farsi, French and English. Upon arrival to the United States, I knew a rudimentary level of English after my year in France and the English class we had at school. Naturally, that was clearly not enough and I struggled early on before picking up the language.

What connection do you keep with football there ?

The first year was very difficult as I was completely cut off from any Football news. This is 1985 and a world before Internet. I was only able to get Football news upon the discovery of Soccer America’ magazine. I was lucky to stumble upon this magazine in a mall and subscribed to it.

You have to remember at this time in USA, Football was non-existent in print or television (except a couple of Spanish language channels on cable). I realized the importance of this magazine as I grew older. This magazine kept me informed of World Football and the League matches in Europe in these early years in a new country.

What studies are you doing in the United States ?

I studied Civil Engineering in University, still in New Jersey and graduated in 1995.

New move in 1995, you are 22 years old and you find yourself on the West Coast, near Los Angeles. Why California ?

Most of my family/relatives had settled there along with most of the Armenian community and diaspora. In New Jersey for a decade, I was completely cut off from my world and language/culture. It only made sense to settle there and start a new life.

Was the 1986 World Cup in Mexico widely followed by the different communities in Los Angeles, particularly Hispanics with Spain, Argentina, Mexico ?

I don’t know if there are large Spanish and Argentine communities in America but certainly the large Mexican community followed the 1986 World Cup. In fact, the Television coverage of the Spanish language channel (SIN, later renamed Univision) was the only source for many in the Nation. Prior to the World Cup, Mexico also played many ‘home’ friendlies in Los Angeles, as there was a large Mexican community there. The larger Latin community in the USA has been one of the biggest sources of support of the sport in the Nation.

When did you create Soccer Nostalgia, and what was your project with this blog ? Bring European football to Americans ?

I started the soccernostalgia blog in 2011. A friend of mine told me of his blog on music and this gave me the idea of having a Football related blog of my own. I believe I just needed an outlet for my passion and a blog was the perfect vehicle for it. Initially, I was just discussing individual International matches, then after a few months I developed new ideas and I started adding new sections and topics related to the history of Football. The blog took a life of its own and evolved over the years.

Around 2019, I started collaborating (initially in written interviews) with an English Football History enthusiast and Blogger, Mr. Paul Whittle of ‘the 1888 letter’ blog. We started a podcast (Soccernostalgia Talk Podcast) in 2020, interviewing guests regarding many topics on the history of Football. At this point, I still continue to do blog articles along with the podcast and also written interviews with guests such as yourself.
 
Around the same time as my blog (2011), I started working on my YouTube channel named sp1873. I had a large DVD collection of Football matches as well as recording highlights from television for decades. I started uploading these highlights of Football matches on my channel. I have uploaded more than 18,000 videos on YouTube (plus 2,000 or more on Dailymotion). Nowadays, I use my YouTube channel to upload my podcasts.
 
Due to the Blog/podcast and the YouTube Channel, I have been approached and made contacts with many like-minded Football fans and the experience has been overwhelming.
I have also created a number of accompanying Facebook pages, as well as my twitter page sp1873. I regularly upload articles and photos on these pages, in addition to the Blog/Podcast activity.

You must have a huge collection of magazines at home. Despite the virtual disappearance of France Football, do you continue to supplement it ?

I have a lot of old books/magazines that are in excess of thousands from the last five decades. I have a large collection of Football magazines, as I started collecting from a young age. Over the decades, I also started getting older issues of magazines that I had missed by mostly Ebay. My preferences are France Football, Onze, World Soccer, Mondial (eventually merged into Onze-Mondial), but also others such as Guerin Sportivo, El Grafico, Shoot, Match, Don Balon, Goal, Four Four Two, etc.

I also know some fellow collectors, with whom I exchange and they have graciously provided me with scanned magazines over the years. As far as France Football, I continuously try to collect old issues of this wonderful magazine. It saddens me that this magazine has become a monthly magazine and no longer covers the game like I was used to for so many decades. (I could say the same about the evolution of Onze-Mondial as well). In general, the format of most current Football magazines has declined. I remember a time when most Football fans like myself would rush to the newsstands to get the latest issue of a Football magazine, that is no longer the case. The increase of online coverage in the last couple of decades and other factors are perhaps responsible for this decline.

But I can still enjoy reading an older issue of a magazine and remember the excitement I felt
upon reading the specific issue.

What place does French football in general and the French team in particular hold for you ?

I have followed the evolution of the team since I became a Football fan since 1982 World Cup. This interest only increased in the subsequent years and decades by reading Onze, Mondial, France Football (Learning French at such a young age was essential).

I was fortunate to be a Football fan at a time of ascendancy for the National Team when Platini was at his height. I have also tried to learn of the history of the National Team over the years by reading books. I continue to regularly read and follow on the events of current French Football, though I am nostalgic of the old days when I was a new fan.

How did you experience the World Cup victories in 1998 and 2018 ?

 
Response (in English) : In 1998, I was single and 25 years old living in Los Angeles at the time. I was following Football even more intensely as the years had only increased my interest of all events on and off the field. I followed the progress of the team by regularly reading Onze-Mondial and France Football. France Football did an excellent job to keep readers up to date with the progress of the National Team in the couple of years ahead of the World Cup. I watched many of the matches on Television and observed the progress of the Team. Before the World Cup, it was not self-evident that France would become Champions, but Aimé Jacquet must have convinced his players.
 
Twenty years later in 2018, obviously the context was different. I was 45 years old, married with two children. By now I had my blog and during every day of this World Cup, I uploaded news and match lineups. I managed to watch many of the matches on Television and read up all the print magazines available. I was more surprised of this triumph than in 1998 as France were not seen as potential winners if I recall. Just like Jacquet, Deschamps was able to build a solid unit with the addition of the exceptional talents of the young Mbappé.

What do you think of the level of the current team ? Can she win the next World Cup ? Will you go see her play ?

France has an an experienced Manager like Deschamps who has seen and done everything in the game. I believe he has managed the National Team more than he has played for the team. France has to the potential to win the Euros with Mbappé and Griezmann still in frame.
There are players such as Giroud, who might be a little old by then, but there are always young players ready. I am excited to see Thierry Henry in charge of the Under-21s and maybe a number of these players will make the leap to the higher level.

It’s impossible to predict if Deschamps will still be in charge by 2026. Nevertheless, France should still have its backbone intact. Naturally, should the opportunity present itself I would love to see the team live in 2026 World Cup in USA.
 
I want to take the opportunity to thank you again for accepting to be interviewed this past year regarding the history of the France National team of the Michel Hidalgo as well as the Henri Michel years. These discussions/interviews brought back many memories of my early years as a Football fan and I can’t thank you enough.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal