Le résultat était-il prévisible ?
Non. Avec la cascade de forfaits au milieu et l’absence de Ribéry, on pouvait se douter que les Bleus n’allaient pas se promener dans un match sans enjeu. Une victoire courte semblait pourtant probable. Mais le festival d’occasions manquées dans le premier quart d’heure puis la grosse baisse de régime en deuxième mi-temps ont suffit pour remettre à flot une équipe japonaise d’abord amorphe, puis volontaire, et finalement conquérante. Le scénario rappelle celui de France-Biélorussie il y a deux ans, avec le même résultat au final. Sauf que là, ce n’est qu’un match amical, maigre consolation.
L’équipe est-elle en progrès ?
De toute évidence non. A la décharge de Didier Deschamps, il était compliqué de construire sur le succès face à la Biélorussie avec un milieu de terrain décimé et une défense remaniée aux trois quarts, le tout sans Ribéry. Si les premières minutes ont semblé prometteuses, avec une belle série de centres tout à fait corrects et de corners bien frappés, le manque flagrant d’inefficacité devant le but (Benzema, Koscielny, Sakho) pouvait légitimement inquiéter. Le manque de relations techniques entre Benzema et Giroud aussi, de même que le jeu trop peu collectif de Ménez.
Curieusement, le milieu à trois récupérateurs a déclenché fort peu de pressing, alors que la défense a joué très bas, même quand les attaquants japonais ne s’aventuraient guère au-delà de la ligne médiane. D’où un manque de vitesse évident et quasiment aucune percussion dans l’axe, Benzema étant décalé côté gauche alors que l’absence de meneur de jeu lui laissait de la place entre Sissoko et Giroud. La très mauvaise deuxième mi-temps, au moins jusqu’aux dix dernières minutes, est franchement inquiétante.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Matuidi a fait de bonnes choses pendant la première mi-temps, avec notamment des débordements côté gauche et des centres intéressants. Derrière, Sakho s’est facilement imposé face au très faible Havenaar, et a délivré quelques relances à longue portée qui auraient mérité meilleur sort. Il est l’une des rares satisfactions de la soirée. Enfin, Moussa Sissoko a mis 25 minutes avant d’entrer dans le match, puis il s’est imposé en puissance, cherchant plusieurs fois Benzema devant. Mais il n’a pas pesé suffisamment sur le jeu quand les Bleus ont disparu de la circulation pendant une demi-heure après la pause. Enfin, même s’il n’a encore pas marqué, Benzema a tenté et réussi quelques jolis gestes techniques, mais son positionnement à gauche est moins intéressant que lorsqu’il joue dans l’axe.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Deux grosses déceptions : Olivier Giroud est passé à côté de presque tout ce qu’il a tenté, hormis sans doute son ciseau retourné pour Gomis qui a failli devenir une passe décisive. A sa décharge, il n’a pas été bien servi, mais il a souvent été devancé par le duo Konno-Yoshida. Hugo Lloris, qui n’avait rien eu à faire pendant une heure, a semblé fébrile et maladroit en fin de match, même s’il ne peut rien sur le très beau but japonais.
Etienne Capoue n’a pas profité de l’absence prolongée de Rio Mavuba pour s’imposer comme récupérateur, et il n’est pas certain qu’il gardera sa place contre l’Espagne. Jérémy Ménez a beaucoup trop porté le ballon, manquant plusieurs fois de clairvoyance dans le jeu. Quant à Mathieu Debuchy, sa prestation n’a pas été convainquante, ni devant, ni derrière. Son remplaçant Christophe Jallet a semblé dépassé à plusieurs reprises en fin de match sur le côté droit.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Cet Espagne-France s’annonçait déjà très compliqué sur le papier. Compte tenu de la liste des 23 de Didier Deschamps, l’obstacle a semblé s’élever encore plus. Et après le match contre le Japon, on finit par se dire qu’une défaite par un ou deux buts d’écart serait un moindre mal. Il faudrait un énorme sursaut d’orgueil combiné à un très gros match de toute l’équipe, ainsi que quelques exploits de Lloris derrière, de Ribéry et Benzema devant, pour espérer mieux. Mais l’écart semble vraiment trop grand entre les champions d’Europe et une équipe de France branchée sur le courant alternatif.