En attendant l’Euro : un an avant les conquêtes

Publié le 1er juin 2015 - Bruno Colombari

PNG - 21.7 kioDans un an commencera l’Euro 2016. Que s’est-il passé pour les Bleus douze mois avant l’Euro 1984, le Mondial 1998 et l’Euro 2000 ? Rien de bien encourageant. Début de notre série En attendant l’Euro.

4 minutes de lecture

C’est le 10 juin 2016 à 21h que débutera l’Euro, dans un an et quelques jours. D’ici-là, il va se passer beaucoup de choses, et notamment sur ce site avec une série d’articles En attendant l’Euro. Quant aux Bleus, ils auront disputé une dizaine de matches amicaux (en plus de ceux contre la Belgique et l’Albanie) pendant lesquels des joueurs vont se révéler et d’autres seront écartés.

C’est le moment ou jamais de fouiller dans l’histoire de la sélection pour voir où elle en était, un an avant de remporter un titre majeur fin mai 1983, en juin 1997 et en juin 1999. Quels joueurs étaient dans le groupe ? Combien d’entre eux allaient être titrés un an plus tard ? Quel était l’enjeu des matches disputés ? Pour quels résultats ?

31 mai 1983 : foot champêtre au Grand-Duché

A cette époque, le calendrier international est particulièrement succinct les années impaires. Quand en plus vous êtes qualifiés d’office comme c’est le cas des Bleus, les matches se succèdent sans autre enjeu que de tester de nouvelles recrues dans l’optique de l’Euro. Le 31 mai, l’équipe de Michel Hidalgo est invitée au Luxembourg pour le 75e anniversaire de la fédération locale. Pour l’occasion, un Belgique-France est organisé, mais la liste des forfaits est presque plus longue que celle des 16 joueurs appelés. Trésor, Bossis, Tusseau, Tigana, Giresse, Platini, Ferreri, Rocheteau, Bellone et Amisse ont décliné l’invitation, les uns pour cause de préparation de finale de coupe de France (Nantes-PSG), les autres (en l’occurrence Platini) pour souffler un peu, une semaine après la finale de la Coupe d’Europe.

Du coup, l’équipe de France se présente sous un aspect baroque avec Thouvenel en défense et un milieu Fernandez-Lemoult-Genghini-Touré. Didier Six hérite du brassard, et dans le cadre champêtre du stade municipal de Luxembourg, devant 5880 spectateurs, les deux équipes jouent un match d’une intensité digne d’une partie de camping. 1-1 au final, but de Six à la 11e, égalisation de Voordeckers (surnommé Tintin) à la 12e, merci d’être venus, à l’année prochaine. La revanche de Nantes en juin 1984 sera évidemment d’un tout autre tonneau.

Bien malin qui peut, à ce moment-là, déduire ce que sera la liste pour l’Euro. Seulement six joueurs alignés au Luxembourg seront retenus un an plus tard. Les dix autres, qui devaient encore y croire ce 31 mai 1983, regarderont Platini à la télé. Et parmi les 16 qui complèteront la liste un an plus tard, il y aura trois nouveaux (les gardiens Joël Bats et Albert Rust, et le défenseur Jean-François Domergue) et deux rescapés de longue date (Philippe Bergeroo, une sélection en 1979, et Bernard Lacombe, porté disparu depuis le Mundial espagnol).

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En rouge, les joueurs qui ne seront pas retenus un an plus tard. En vert, ceux qui seront appelés pour compléter la liste. En astérisque, les nouveaux sélectionnés.

3 au 11 juin 1997 : dans la cour des grands

Pas de coupe des confédérations un an avant le Mondial en France, mais plus modestement un tournoi qui regroupe trois anciens vainqueurs : le Brésil, tenant du titre, l’Italie et l’Angleterre. L’équipe de France complète le tableau. Chaque sélection joue contre les trois autres à Nantes, Paris, Lyon et Montpellier.

Les Bleus sont quasiment au complet (hormis Lama, écarté après avoir été contrôlé positif au cannabis), et on peut penser à ce moment-là que les absents de cette liste des 22 auront du mal à gagner leur place en 1998. Sauf si les prestations des Bleus sont décevantes, ce qui est le cas. Accrochés par le Brésil le premier soir à Lyon (1-1), les hommes d’Aimé Jacquet s’inclinent contre l’Angleterre (0-1, sur une faute de main de Barthez) et ne parviennent pas à battre l’Italie au Parc (2-2).
 


 
Bruno N’Gotty, Ibrahim Ba et Pierre Laigle en feront les frais, mais c’est surtout la ligne d’attaque qui va bouger. Seul Christophe Dugarry sauvera sa place, tandis que Marc Keller, Florian Maurice, Patrice Loko et Nicolas Ouédec disparaîtront au profit de quatre nouveaux, les Auxerrois Guivarc’h et Diomède et les Monégasques Henry et Trezeguet. Emmanuel Petit, revenant de 1993, et Alain Boghossian, néo-Bleu, complèteront la liste.

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5 et 9 juin 1999 : Andorre-toi, mon p’tit Bleu

Un an avant l’Euro 2000, les nouveaux champions du monde ont du boulot : ils doivent batailler pour obtenir leur qualification avec deux matches calés en juin, contre la Russie à Saint-Denis et face à Andorre à Barcelone. Avec deux victoires contre ces deux adversaires à l’automne, une victoire contre l’Arménie et un nul face à l’Ukraine en mars, les Bleus ont déjà dix points en poche et pourraient prendre une grosse option sur la qualification en gagnant deux fois.

Privée de Zidane, son meneur de jeu Ballon d’Or, et de Lizarazu, pilier de la ligne de défense invincible, l’équipe de France va prendre ces deux rencontres à l’envers. Face à des Russes vexés d’avoir perdu à l’aller à Moscou (2-3), ils vont multiplier les bourdes, encaissant un premier but par Panov avant la pause, accélérant un grand coup au retour des vestiaires avec des buts de Petit (47e) et Wiltord (53e), puis laissant leurs adversaires revenir au score par Panov (74e) avant de se faire punir par Karpin (86e). Première défaite depuis le sacre du 12 juillet, première défaite au Stade de France et première défaite tout court en compétition depuis cinq ans et sept mois (Bulgarie 1993).

Quatre jours plus tard, il n’est pas question de rigoler au moment de jouer Andorre au stade olympique de Barcelone. Les Bleus se souviennent qu’en octobre, il leur avait fallu une mi-temps pour prendre l’avantage (score final 2-0) et qu’il serait prudent de marquer au plus vite pour s’éviter toute migraine. Mais à la 25e minute, ils se retrouvent à dix suite à l’expulsion de Dugarry et le match sombre dans le grand n’importe quoi. 0-0 à la mi-temps, toujours rien à l’heure de jeu, et encore rien à cinq minutes de la fin. L’Euro 2000 s’éloigne à vue d’œil quand, à la 87e, Francesc Ramirez touche le ballon du bras dans la surface. Pénalty, Franck Lebœuf le tire et marque, 1-0.
 


 
Sur les 18 joueurs convoqués par Roger Lemerre, deux seulement n’iront pas à l’Euro : Alain Boghossian, forfait sur blessure, et Vikash Dhorasoo. La liste sera complétée par Bernard Lama, Thierry Henry, David Trezeguet et un seul nouveau, Johan Micoud.

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Conclusion : rien ne sert de courir…

Six matches joués, une victoire (à l’arraché contre Andorre), trois nuls et deux défaites (les deux à domicile, et une en compétition) : difficile de faire moins bien, un an avant d’être titré champion d’Europe ou du monde. En soi, c’est une bonne nouvelle, et il faudra s’en souvenir si les Bleus piochent contre la Belgique ou en Albanie dans les jours qui viennent. En configuration 1993 ou 1997 (que des matches amicaux à venir, pas de statut à défendre comme en 1999), les Bleus de 2015 sont encore en rôdage, la défaite contre le Brésil en mars l’a bien montré.

En ce qui concerne les places qu’il reste à prendre, il est très improbable qu’on en sache beaucoup plus en ce mois de juin. La saison des internationaux est terminée, et après une année bien chargée qui a suivi une coupe du monde, ils aspirent à quelques semaines de repos. Ce n’est sans doute pas maintenant que Didier Deschamps trouvera des solutions pour les postes qui semblent disponibles, comme celui de latéral gauche, de sentinelle ou de milieu offensif droit. Pour le reste, le groupe de 2016 devrait être très proche de celui de 2014.

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Hommage à Pierre Cazal