Lorsque l’Autriche se présente au Parc des princes en mars 1965, le sélectionneur Henri Guérin a imité son prédécesseur en sortant six nouveaux joueurs de son chapeau : Robert Péri (Stade Français), Jacky Simon (Nantes), Marcel Loncle (Rennes), Daniel Rodighiero (Rennes), Gérard Hausser (Strasbourg) et le défenseur Denis Devaux, provenant également de Strasbourg.
Déséquilibre tactique
Celui-ci semble lessivé quand il débarque au rassemblement de l’équipe de France. Ne vient-il pas d’enchaîner deux matches en quatre jours ? « Le jeudi, j’avais joué avec le Racing à Barcelone en Coupe d’Europe des villes de foires avec un coup d’envoi à 22 heures et le match s’est fini en prolongation, détaillait-il cinq décennies plus tard. Le week-end, on jouait la tête du championnat à Bordeaux. J’avais pris un coup sur le genou, je jouais avec pas mal de bandages. Le match des Bleus tombait mal le mardi , surtout qu’il s’est mis à pleuvoir ».
Le Jurassien, ancien numéro dix « doté d’une balle qualité de passes », qui a reculé au fil de sa carrière marquée par des sélections dans toutes les catégories (juniors, capitaine des Espoirs, militaire, France B) n’est pas à l’aise dans le système prôné par Guérin. Lui qui brille habituellement à Strasbourg au poste de libéro, qui monte avec le ballon pour apporter des décalages, tombe dans une équipe de France « très, trop offensive et donc déséquilibrée ».
« On a perdu (1-2), c’était une déception, surtout que c’est dû à un déséquilibre tactique. On nous a demandé jouer la ligne en défense, ce n’était pas évident pour moi au niveau des automatismes, j’étais clairement handicapé”, regrette-t-il. »A la mi-temps, j’ai demandé au sélectionneur Henri Guérin de sortir car je n’y arrivais pas. Il n’a pas voulu”. Malgré cette frustration tactique, Devaux parle de ce France-Autriche comme de « l’aboutissement d’une carrière. C’est un honneur de porter le maillot bleu, j’avais ça dans la tête depuis toujours. Mais ça s’est joué sur un terrain boueux et je n’avais pas fait un grand match ».
Beckenbauer avant Beckenbauer
Convoqué pour un stage avant la Coupe du monde 1966, il a cru faire partie de l’aventure, d’autant que Strasbourg venait de remporter la Coupe de France. Il restera à quai : “Si j’avais joué aujourd’hui, j’aurais sûrement une vingtaine de sélections, explique-t-il. J’étais un peu en avance sur mon temps. D’ailleurs, mon entraineur à Strasbourg Paul Frantz m’a dit lors d’un repas après l’enterrement de sa femme que j’étais Beckenbauer avant Beckenbauer« . Pour compenser, Devaux demeure intarissable sur sa campagne européenne avec Strasbourg, ses meilleurs souvenirs : »Jouer cinq fois contre le Milan AC, trois fois contre Barcelone, Manchester United, ça a atténué un peu ma frustration".
Attiré par le football italien, pays d’origine de sa femme, il n’a jamais osé franchir les Alpes : « La question de partir dans le Calcio ne s’est pas posée car on ne pouvait pas partir à l’époque à l’étranger. En plus, les Italiens privilégiaient les joueurs sud-américains avec des attaches italiennes ». Il se contentera d’une étape à Reims en D2, d’un passage à l’AC Ajaccio tout juste promu en D1, d’un retour à Besançon avant de finir sa carrière dans le Poitou, à Montmorillon.
Denis Devaux est décédé le 29 janvier 2025 à l’âge de 86 ans.
Bleu éphémère
Denis Devaux, 516e joueur de l’histoire de l’équipe de France, est né le 9 janvier 1939 à Cize dans le Jura. Il n’a connu qu’une seule sélection A mais avait auparavant été appelé deux fois en équipe de France B.
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps | Notes |
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. | France B | 01/12/1964 | Limoges | Belgique B | 1-3 | 90’ | |
. | France B | 27/12/1964 | Nantes | Sél. Etrangers | 2-2 | 90’ | |
1 | Amical | 24/03/1965 | Paris (Parc) | Autriche | 1-2 | 90’ |