Lorsque Jean-François Larios rejoint le Manic Montréal en janvier 1983, l’annonce ne manque pas de surprendre. A l’époque, peu de footballeurs français (aux exceptions notable de Michel Platini et Didier Six) tentent l’aventure à l’étranger. Et ils sont encore plus rares ceux qui traversent l’Atlantique et pour cause : L’ancien Stéphanois est tout bonnement le premier footballeur français à rejoindre un club d’Amérique du Nord.
Un rêve americain
Le Manic Montréal est un club tout neuf. Il a été fondé en 1980 par les brasseries Molson qui avaient acheté la franchise de Philadelphie pour la délocaliser dans la métropole québécoise. Nous sommes en effet dans l’univers du sport à l’américaine aux us et coutumes fort éloignées de ce que l’on connait en Europe. Le soccer tente de s’implanter en Amérique du Nord et utilise les mêmes recettes que les ligues de basket (NBA), de baseball (MLB), de foot américain (NFL) et de hockey sur glace (NHL).
Parmi leurs nombreuses particularités, ces ligues ont depuis toujours fait comme si la frontière entre les Etats-Unis et le Canada n’existait pas. Ainsi le Manic Montréal est-il intégré à la North American Soccer League (NASL) et joue dans la même cour que le Cosmos New York et Los Angeles Aztecs. Cette ligue nord-américaine a beaucoup fait parler d’elle dans la deuxième partie des années soixante-dix, lorsqu’elle parvient à attirer de très grands joueurs en fin de carrière parmi lesquels le roi Pelé en personne mais aussi Cruyff, Beckenbauer, Best, Eusebio, Carlos Alberto, Chinaglia...
Le Manic est rapidement devenu un club très populaire. Ses rencontres au Stade Olympique de Montréal, théâtre des Jeux de 1976, se disputent devant 30 000 spectateurs en moyenne. On l’imagine très bien devenir le premier club canadien champion NASL.
Road to Manic
Mais quand Jean-François Larios débarque dans la Belle Province au printemps 1983, les choses ont un peu changé. La NASL a été désertée par ses stars et est devenue une ligue exsangue qui vit sans le savoir encore les dernières heures de son histoire. Quant au Manic, cette saison 1982-83 est la pire de sa courte destinée. Le club canadien aligne les contre-performances et voit son public retourner dans les patinoires de hockey. Jean-François Larios est donc chargé d’amener un peu de technique dans une équipe qui en manque cruellement. Hormis le Yougoslave Dragan « Guzo » Vujović, le reste de l’effectif est plutôt physique et sans imagination.
Mais le Français est lui-même dans une phase creuse de sa carrière. International à 17 reprises, il a décidé, à vingt-six ans, de décliner toute sélection au terme de la Coupe du monde 1982. A Saint-Etienne [1], il subit de plein fouet la crise d’un club où a été révélée la pratique de salaires occultes. Des têtes tombent parmi lesquelles celles de Jean-François Larios devenu persona non grata. Après un premier transfert avorté à l’Atlético de Madrid, il se retrouve au Manic Montréal pour une pige de quatre mois avant de rejoindre Neuchâtel Xamax en juillet 1983.
Contrarié par une blessure au genou, le Français ne donne pas la pleine mesure de son talent, d’autant qu’il s’adapte très mal au gazon synthétique, une matière utilisée dans la plupart des stades nord-américains. Jean-François Larios ne joue finalement que six rencontres, inscrit un but, et met fin à l’aventure sans n’avoir pu infléchir le destin de son club. Le Manic disparaîtra en effet quelques mois plus tard après avoir tenté de se transformer en une Team Canada, une équipe entièrement composée de joueurs canadiens dans la perspective d’une qualification à la Coupe du monde 1986.
Jean-François Larios aura donc été le seul footballeur français à avoir participé à la NASL, qui ferme boutique en 1984. Il faudra attendre l’émergence de la Major League Soccer (MLS) en 1993 pour voir d’autres internationaux français traverser l’Atlantique. Parmi lesquels Youri Djorkaeff et Thierry Henry.
Les internationaux français en Amérique du Nord
Le premier championnat nord-américain, de 1967 à 1984, avait pour sigle la NASL. Lorsqu’il a été recréé en 1994, il a pris le nom de MLS.
Joueur | sel. | club | période | matchs | buts |
---|---|---|---|---|---|
Jean-François Larios | 17 | Manic Montréal | 1983-1983 | 6 | 1 |
Youri Djorkaeff | 82 | New York MetroStars | 2005-2006 | 49 | 13 |
Laurent Robert | 9 | Toronto FC | 2008-2008 | 21 | 1 |
Thierry Henry | 123 | New York Red Bulls | 2010-2014 | 135 | 52 |
Mikaël Silvestre | 40 | Portland Timbers | 2013-2014 | 8 | 0 |
Peguy Luyindula | 6 | New York Red Bulls | 2013-2015 | 48 | 6 |
Michaël Ciani | 1 | Los Angeles Galaxy | 2017-2018 | 28 | 2 |
Bacary Sagna | 65 | Impact Montréal | 2018-2019 | 40 | 2 |
Rod Fanni | 5 | Impact Montréal | 2018-2020 | 47 | 1 |
Blaise Matuidi | 84 | Inter Miami | depuis août 2020 | 46 | 1 |
Les internationaux français devenus entraineurs en MLS
Patrick Vieira | entraineur du New York FC de 2016 à 2018 |
Rémi Garde | entraineur de l’Impact Montréal de novembre 2017 à août 2019 |
Joël Bats | entraineur des gardiens (2018) puis entraineur adjoint (2019) à l’Impact Montréal |
Thierry Henry | entraineur de l’Impact Montréal de novembre 2019 à février 2021 |