De Louis Mesnier à Hugo Lloris, une transmission de relais en douze joueurs

Publié le 27 avril 2022 - Bruno Colombari, Matthieu Delahais

Imaginons que depuis 1904, un relais invisible soit transmis d’un Bleu à l’autre, d’un finissant à un débutant. En essayant d’en avoir le moins possible, nous en avons trouvé à peine plus qu’une équipe complète. Les voici.

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Il y a mille façons de raconter l’histoire de l’équipe de France. Parmi elles, on pourrait s’attarder sur celle consistant à imaginer un passage de relais, du premier match en 1904 à aujourd’hui, avec le moins de joueurs possibles. La condition étant que les deux internationaux se transmettant le relais aient joué au moins un match ensemble.

Idéalement, on aurait aimé que ce soit possible avec onze joueurs, un gardien et dix de champ, pour constituer une équipe-type. Nous n’y sommes pas arrivés, ce qui ne veut pas dire que c’est impossible : essayez de votre côté, et si vous y parvenez, n’hésitez pas à nous le dire dans le forum lié à l’article.

L’histoire des Bleus s’étale en effet sur 118 ans, avec la particularité de compter trois interruptions : la première, de mai 1914 à mars 1919, dure un peu plus de 57 mois à cause évidemment de la Grande Guerre. La deuxième, plus courte, dure 23 mois entre janvier 1940 et mars 1942, à cause du début de la deuxième guerre mondiale. Elle n’est interrompue que brièvement, le temps d’une semaine et de deux matchs, et reprend pendant 33 mois de mars 1942 jusqu’à décembre 1944.

En tablant sur les joueurs aux carrières longues (en durée plutôt qu’en nombre de sélections), nous avons trouvé douze joueurs qui se sont transmis un relais virtuel au cours de onze matchs. Comme le dernier est Hugo Lloris et qu’il est le seul de cette liste à avoir débuté au 21ème siècle, on pourrait donc dire qu’il est le premier joueur de la deuxième équipe, et que la première en compte donc bien onze, dont un seul gardien. La voici.

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Pas d’hésitation pour le premier, il s’agit de Louis Mesnier. L’ailier droit du FC Paris fait partie des onze pionniers du Belgique-France inaugural le 1er mai 1904, il est aussi le tout premier buteur de l’histoire des Bleus. Enfin, il est le deuxième à atteindre dix sélections, juste après Jean Rigal, en octobre 1911. Il en comptera 14 lors de sa dernière convocation le janvier 1913.

Chayriguès, Nicolas, Mattler, trois stars de l’entre-deux-guerres

Mais le premier passage de relais se fait lors du Luxembourg-France du 29 octobre 1911 (4-1), puisque c’est ce jour-là que débute en sélection le premier vrai bon gardien des Tricolores, le Parisien Pierre Chayriguès. Sa carrière internationale sera très longue, jusqu’en mai 1925. Entre temps, il aura transmis le relais à un redoutable attaquant, son coéquipier du Red Star Paul Nicolas. Le 28 janvier 1923, lors du second passage de relais et de leur premier match en commun (contre l’Espagne à Saint-Sébastien, 0-3), Nicolas n’est pas un débutant, puisqu’il est international depuis trois ans et qu’il a déjà inscrit cinq buts.

Le troisième arrive huit ans plus tard, le 15 février 1931 contre la Tchécoslovaquie à Colombes (1-2). C’est le tout dernier match en sélection de Paul Nicolas, son 35ème. Et en défense commence à s’imposer le Sochalien Etienne Mattler, qui sera en 1940 recordman des sélections en équipe de France (46).


 

Le jour où Ben Barek a croisé Kopa, à Hanovre

Il aura transmis entre temps le relais à un jeune prodige qui évolue à l’OM et dont l’âge est inconnu, le Marocain Larbi Ben Barek. Celui-ci débute en sélection le 4 décembre 1938 à Naples contre les doubles champions du monde italiens (0-1). S’il ne comptera au total que 17 sélections, il établira un record de longévité en équipe de France qui tient toujours : 15 ans et 317 jours, jusqu’au 16 octobre 1954 à Hanovre contre d’autres champions du monde, la RFA (3-1). Le meneur de jeu des Français est un certain Raymond Kopa, 23 ans mais déjà 16 sélections au compteur.

Celui qui deviendra Ballon d’Or quatre ans plus tard transmettra le relais lors d’un France-Pologne le 11 avril 1962 (1-3). Ce n’est pas sa dernière sélection, même si elle approche (sept mois plus tard, en novembre), mais c’est lors de ce match qu’il croise un jeune défenseur rouquin, le Stéphanois Robert Herbin. Ce dernier deviendra célèbre dans les années 1970 en tant qu’entraîneur (et en ayant gagné le championnat de France 1975 deux fois, comme entraîneur et comme joueur.

Henri Michel, Patrick Battiston et la Bombonera

Lui-même transmet le relais à Henri Michel le 17 septembre 1967 au Nantais Henri Michel à Varsovie contre la Pologne (4-1). Henri Michel aura une carrière longue qui se terminera en octobre 1980, quatre ans avant de devenir sélectionneur des Bleus. Mais c’est le 26 juin 1977 qu’il passe le relais à Patrick Battiston à Buenos Aires contre l’Argentine (0-0). Le Lorrain le garde près de douze ans, jusqu’au 7 février 1989 à Dublin contre l’Irlande (0-0) où débute un milieu de terrain nommé Laurent Blanc.


 

Huit ans et dix mois plus tard, le 11 octobre 1997, les Bleus ne sont pas encore champions du monde quand Aimé Jacquet lance le Monégasque Thierry Henry contre l’Afrique du Sud à Lens. La passation de relais avec Blanc se fait ce jour-là. Et il faudra attendre plus de onze ans pour voir le suivant, et dernier à ce jour, le 19 novembre 2008 à Saint-Denis contre l’Uruguay (0-0). Le gardien des Bleus est le Lyonnais Hugo Lloris, tout impressionné de croiser Thierry Henry, devenu un an plus tôt le recordman des buteurs de l’équipe de France. La fin de l’histoire sera triste pour Henry, avec une dernière saison éprouvante en sélection. Mais pour Lloris, elle continue encore, près de quatorze ans après.

Mbappé ou Camavinga pour le douzième relais ?

Le douzième relais a certainement déjà eu lieu. Il y a de fortes chances que ce soit le 25 mars 2017 à Luxembourg, pour la première sélection de Kylian Mbappé. Mais il est aussi possible que ce soit plutôt le 8 septembre 2020 contre la Croatie, avec Eduardo Camavinga. Pour ça, il faudra que le Madrilène, né en 2002, revienne en sélection et y reste plus longtemps que le natif de Bondy. L’avenir nous le dira, mais ça nous mènera certainement au-delà de 2030.

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Hommage à Pierre Cazal