Ljubomir Radanović, France maudite

Publié le 18 avril 2023 - Richard Coudrais

C’est contre l’équipe de France, en 1983, que le Yougoslave Ljubomir Radanović a connu sa première sélection. Et sa première déroute. Par la suite, entre pénalty raté et expulsion, le défenseur monténégrin n’a jamais su inverser la tendance.

3 minutes de lecture

Dans l’ancienne Yougoslavie, Ljubomir Radanović fut un héros. Le 21 décembre 1983 à Split, l’équipe nationale yougoslave est tenue en échec par la Bulgarie alors qu’une victoire lui est indispensable pour décrocher la qualification pour l’Euro 1984. On joue la dernière minute et Radanović est lancé dans une ultime offensive déployée par les Yougoslaves. Zlatko Vujovic centre et le défenseur du Partizan de Belgrade reprend de la tête pour battre le jeune Borislav Mihailov.

Le Monténégrin et le Breton

En France, Ljubomir Radanović est complètement oublié, sauf peut-être à Nice où il a joué une saison. On se souvient tout juste que le défenseur se fit expulser à l’occasion d’un France-Yougoslavie de novembre 1985 au Parc des Princes, décisif pour la qualification à la Coupe du monde 1986. Les Français l’avaient emporté 2-0 et les deux équipes avaient fini à dix : A l’expulsion de Radanović succéda deux minutes plus tard celle du Français Yvon Le Roux.

Or, le Breton et le Monténégrin partageaient déjà un point commun significatif : ils avaient tous deux connu leur première sélection trente mois plus tôt dans ce même Parc des Princes. C’était à l’occasion d’un France-Yougoslavie amical en avril 1983, où Le Roux avait ouvert le score et où le pauvre Radanović, milieu de terrain défensif, avait subi les déferlantes françaises sans pouvoir empêcher le naufrage : 4-0. Le dernier but était inscrit par José Touré, qui honorait lui aussi sa première sélection.

L’équipe de France se trouvera souvent sur la route de Ljubomir Radanović. Celui-ci est présent à Sarajevo fin 1983 pour une nouvelle confrontation amicale avec la France (0-0). Il est de retour le 19 juin 1984 à Saint-Étienne pendant l’Euro 1984 où Michel Platini marque trois buts et remporte le match presqu’à lui tout seul. Ljubomir Radanović a l’occasion d’inscrire un but sur penalty, mais son tir est arrêté par Joël Bats. L’arbitre fait retirer le penalty, estimant que le gardien français s’est avancé trop vite. Radanović laisse au jeune Dragan Stojković le soin de marquer.

La tasse au Rose Bowl

A peine deux mois après l’Euro, Ljubomir Radanović et quelques coéquipiers retrouvent une équipe de France dans le cadre des Jeux olympiques à Los Angeles. C’est la demi-finale un peu folle où neuf yougoslaves résistent à onze français jusqu’aux prolongations, avant de finalement s’incliner 4-2.

Radanović est toujours présent dans la sélection yougoslave quand elle retrouve l’équipe de France dans le groupe de qualifications pour la Coupe du monde 1986. En avril 1985, les Français arrachent un nouveau nul vierge (0-0). Six mois plus tard, c’est le match du 16 novembre au Parc des Princes ponctué par l’expulsion, face à Le Roux et Touré.

Juste avant, Radanović a joué la Coupe d’Europe des clubs avec le Partizan de Belgrade et a croisé le chemin du FC Nantes de Touré et Le Roux. Le défenseur yougoslave est notamment tourné en bourrique par un Bracigliano euphorique et son équipe prend un cinglant 4-0 au stade de la Beaujoire.

Faillite à Nice

Radanović cumulera 34 sélections en équipe de Yougoslavie, sa carrière internationale prenant doucement fin au cours de la saison 1988/1989. Il revêtira le maillot national une ultime fois en novembre 1988, non pas avec la sélection yougoslave, mais avec l’équipe B, qui affronte à Auxerre son homologue française (où il retrouve José Touré). Nouvelle défaite 1-0.

Ljubomir Radanović a été confronté en neuf occasions au football français : cinq fois avec l’équipe de Yougoslavie A, une fois en olympique, une autre fois en équipe B et deux fois avec son club du Partizan : zéro victoire, un pénalty manqué, une expulsion et quelques roustes mémorables.

En 1990, après deux ans au Standard de Liège, Ljubomir Radanović rejoint les rangs de l’OGC Nice. Le club azuréen cumule les contre-performances et n’obtient sa première victoire qu’après six journées. Au terme d’une saison maussade, le club niçois, perclus de dettes, dépose le bilan et est administrativement relégué en deuxième division. Ljubomir Radanović retourne à Liège, se disant que le foot français n’est décidément pas fait pour lui.

Zéro victoire, un carton rouge et un penalty manqué

Sel.MatchDateLieuÉquipeScoreNotes
1 Amical 24/03/1983 Paris Yougoslavie 4-0
4 Amical 12/11/1983 Zagreb Yougoslavie 0-0
10 Euro T1 19/06/1984 Saint-Étienne Yougoslavie 3-2
JO 08/08/1984 Los Angeles Yougoslavie Olympique 4-2
19 qCM 03/04/1985 Sarajevo Yougoslavie 0-0
24 qCM 16/11/1985 Paris Yougoslavie 2-0 Exclu (82’)
Amical 18/11/1988 Auxerre Yougoslavie B 1-0

pour finir...

Sources : les sites selectiona.free.fr, reprezentacija.rs, rsssf, wikipedia, L’Equipe, FFF et les ouvrages « L’intégrale de l’équipe de France de football » (First édition) de Pierre Cazal, Jean-Michel Cazal et Michel Oreggia ; « La fabuleuse histoire du football » (Nathan) de Jacques Thibert et Jean-Philippe Rethacker.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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