En octobre 2000, la première double confrontation franco-africaine

Publié le 14 février 2022 - Bruno Colombari

Il n’est arrivé qu’une fois aux Bleus de jouer deux matchs consécutifs contre des sélections africaines : c’était quelques mois après l’Euro 2000, avant de remettre en jeu son titre mondial. Et de chuter face au Sénégal.

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Les deux matchs des Bleus contre la Côte d’Ivoire le 25 mars puis l’Afrique du Sud le 29 ne sera pas la première double confrontation entre l’équipe de France et des sélections africaines. Mais c’est plutôt rare : le seul précédent date de l’automne 2000, quelques mois après la conquête de l’Euro à Rotterdam. Alors que Didier Deschamps, Laurent Blanc et Bernard Lama avaient mis un terme à leur carrière internationale face à l’Angleterre en septembre, les Bleus de Roger Lemerre accueillent pour la première fois le Cameroun à Saint-Denis le 4 octobre. Trois jours plus tard, ils sont à Johannesburg au terme d’un très long voyage, le premier d’une série éprouvante qui les mènera en Corée du Sud et au Japon en juin 2001, au Chili en octobre et en Australie en novembre. L’Afrique du Sud, ils connaissent pour l’avoir déjà rencontrée deux fois en France, en octobre 1997 à Lens et en juin 1998 à Marseille, pour leur premier match de Coupe du monde.

Le ciseau de Mboma

Le match contre le Cameroun voit le troisième gardien de la hiérarchie des Bleus, Lionel Letizi, débuter le match sans le finir, remplacé à la 57e minute par Richard Dutruel, alors à Barcelone. A cet instant du match il y a déjà 1-1, score acquis en première période alors que Patrick Mboma (44e) a répondu au but de Sylvain Wiltord (19e). Ce dernier avait bénéficié d’une sublime passe lobée de Patrick Vieira par dessus la défense camerounaise, sur laquelle Wiltord avait éliminé le gardien Alioum Bourra d’un contrôle orienté avant de pousser le ballon dans le but vide. Mais l’égalisation africaine était également très jolie : sur une touche longue de Pierre Womé, le ballon rebondissait dans la surface sans être dégagé et Mboma ajustait un ciseau retourné à dix mètres qui laissait Letizi immobile.

Dans un Stade de France moyennement rempli (63.700 spectateurs), Roger Lemerre avait aligné ce qui serait la configuration de la Coupe du monde 2002, même si on ne le savait pas encore : Pirès et Zidane forfaits, en plus de Barthez, la ligne défensive est composée de Thuram, Leboeuf, Desailly (capitaine) et Lizarazu, alors qu’au milieu c’est Johan Micoud qui mène le jeu devant le duo Vieira-Petit. L’attaque est celle qui a terminé la finale de l’Euro, à savoir Wiltord et Henry sur les côtés et Trezeguet en pointe. En cours de deuxième mi-temps, où il ne se passera rien de notable, Makelele remplacera Lizarazu, et si lui ira en Asie en 2002, ce ne sera le cas ni de Martin Djetou, qui quittera les Bleus fin 2000 après 6 sélections, ni de Laurent Robert ou Ludovic Giuly, qui ne participeront qu’à la Coupe des Confédérations (2001 pour le premier, 2003 pour le second).


 

Trois jours plus tard donc, les Bleus sont à Johannesburg pour le six centième match de leur histoire, où ils rencontrent Nelson Mandela qui a quitté un an plus tôt la présidence de l’Afrique du Sud et dont le rayonnement est exceptionnel. En 1995, l’Afrique du Sud a accueilli la troisième Coupe du monde de rugby et l’a remportée face aux All Blacks.

Les débuts de Christanval

Le stade d’Ellis Park, qui a accueilli cette finale historique, avait été également utilisé pour saluer la fin de la présidence de Mandela, en juin 1999, avec une sélection mondiale opposée à une sélection africaine. Pour accueillir les Bleus, il est peu rempli (25.000 spectateurs), et pour la première fois depuis plus d’un an et un 0-0 à Kiev contre l’Ukraine (septembre 1999), l’équipe de France ne marque aucun but. Roger Lemerre fait tourner son effectif, avec les entrées de Ramé dans la cage, Karembeu côté gauche, Djetou et Makelele au milieu et Anelka et Robert devant. Thuram sort à la 33e sur blessure, remplacé par Giuly, et en deuxième mi-temps Henry supplée Wiltord, Trezeguet remplace Anelka, Petit prend la place de Djetou et Christanval, qui fait ses débuts, succède à Leboeuf. Anelka, Desailly, qui porte le brassard et Robert ne trouvent pas le cadre. En deuxième période, un but pourtant valable d’Anelka est refusé par l’arbitre pour hors-jeu. Trezeguet se créera la dernière occasion française, mais rien ne rentrera ce soir-là.

L’équipe de France croisera le Cameroun deux autres fois, toujours en France : en juin 2003 en finale de la Coupe des Confédérations (1-0), alors que les Lions indomptables ont perdu Marc-Vivien Foé trois jours plus tôt, et en mai 2016 à Nantes en amical (3-2. L’Afrique du Sud remportera le quatrième match contre les Bleus en juin 2010 à Bloemfontein (2-1).

Mais vingt mois après la double confrontation d’octobre 2000, l’équipe de France débutera la Coupe du monde en Corée du Sud par une des plus inattendues défaites de son histoire, en match d’ouverture face au Sénégal (0-1). Pour la première fois, une sélection africaine faisait chuter les Bleus. On surveillera donc de près le tirage au sort de la Coupe du monde 2022 le 1er avril prochain.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal