Avant lui, le poste de gardien de but de l’équipe de France ne brillait pas vraiment, surtout jusqu’aux années 1980. En cherchant bien, on pouvait citer Pierre Chayriguès, Julien Darui ou René Vignal, mais aucun d’eux n’a participé à une Coupe du monde, et s’ils étaient talentueux, leur carrière internationale n’’avait rien d’exceptionnel.

Joël Bats a poussé le curseur plus haut dans les années 1980, et Fabien Barthez a été le premier gardien français de classe mondiale à la toute fin du siècle et au début du suivant. Quand Hugo Lloris est arrivé en 2008, le tout jeune gardien lyonnais (21 ans) devenait le 74e portier des Bleus, et en concurrence directe avec Steve Mandanda, d’un an son aîné. Bien malin, dans cette fin de période Domenech, qui aurait pu dire lequel des deux serait devenu titulaire pour les 14 ans à venir.

Un rouge dès la cinquième sélection

En réalité, le match Lloris/Mandanda a vite été plié, et, curieusement, après un incident qui aurait pu coûter cher au plus jeune des deux : le 9 septembre 2009, alors qu’il n’est titulaire que pour la cinquième fois, Lloris est expulsé dès la 9e minute de Serbie-France pour une faute bien peu évidente sur Nikola Zigic qui offrait un pénalty aux Serbes, encaissé par Steve Mandanda. C’était la première fois (et dernière à ce jour) qu’un gardien français était sanctionné d’un carton rouge. Que ce soit tombé sur Lloris, dont la méchanceté et le vice ne sont pas exactement les qualités premières, est l’un des paradoxes qui rythment la carrière du natif de Nice.

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Suspendu un match, Lloris retrouve juste après son statut de titulaire et le garde jusqu’à la Coupe du monde 2010, où il n’est pas meilleur que les autres. Après un bon match face à l’Uruguay, il encaisse quatre buts face au Mexique et à l’Afrique du Sud.

Un brassard avant ses 24 ans

Laurent Blanc fait pourtant plus que le confirmer à son poste : il lui confie le brassard le 17 novembre 2010 à Wembley contre l’Angleterre, alors qu’il n’a pas encore 24 ans. Un gardien capitaine, ce n’est pas l’habitude en France, même si neuf autres l’ont été avant lui, mais de façon très ponctuelle, hormis pour Alexis Thépot (13 fois). Lloris est d’ailleurs plus jeune que ce dernier lors de son premier capitanat.

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Dès lors, son statut n’est plus contesté, d’autant que les résultats des Bleus s’améliorent, et que la concurrence n’est pas redoutable. Il ne perd aucun des 16 matchs suivants, signant 10 clean sheets. Mais comme en 2010, il passe à côté de sa phase finale à l’Euro 2012, encaissant cinq buts en quatre matchs. Pour autant, Didier Deschamps lui accorde toute sa confiance et le titularise 108 fois sur 139, ne laissant que des miettes à Mandanda, Ruffier, Costil, Aréola ou Maignan. Sous ses ordres, Lloris va jouer quatre finales, en gagner deux (2018 et 2021) et en perdre deux autres (2016 et 2022), pour deux éliminations plus précoces en quart de finale (2014) et en huitièmes (2021). Mais à chaque fois, il se montrera décisif et jouera un rôle déterminant dans le parcours des Bleus.

Beaucoup de buts encaissés en phase finale

On pourra constater quand même un nombre de buts élevés encaissés en phase finale : 33 en 32 matchs, là où Fabien Barthez n’en avait concédé que 18 en 28 matchs. Mais les défenses n’étaient pas au même niveau : Lloris n’a jamais joué avec devant lui une ligne aussi forte que celle formée par Lilian Thuram, Laurent Blanc, Marcel Desailly et Bixente Lizarazu. D’une manière générale, Barthez n’a encaissé que 48 buts en 87 matchs (0,55 de moyenne), contre 120 buts en 145 matchs (0,83) pour Lloris.

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Le jeu au pied et les pénalties, ses deux points faibles

Son calme, sa concentration, son placement et ses réflexes étonnants sur sa ligne ou sur des tirs à courte distance en ont fait l’un des meilleurs gardiens français de tous les temps. Mais il avait deux points faibles : son jeu au pied, largement défaillant — surtout dans le jeu moderne où le gardien est le premier relanceur — et qui le met en grande difficulté, voire lui coûte des buts comme en Suède en juin 2017 ou en finale de Coupe du monde en juillet 2018. Et son manque de réussite sur les pénalties et les tirs au but. Il a subit 25 pénalties en cours de match et en a encaissé 21, pour seulement trois repoussés (dont un marqué sur reprise) e un seul non cadré. Pas mieux, et même pire, sur les deux séances de tirs au but, fatales aux Bleus : zéro sur cinq contre la Suisse à Bucarest en 2021, zéro sur quatre face à l’Argentine en 2022.

C’est à la suite de cette dernière séance qu’il annonce finir sa carrière internationale, à 36 ans. Les meilleures années de sa carrière, dernier paradoxe, auront été en Bleu. Son palmarès en club est en effet anecdotique : une Coupe de France et un trophée des champions avec Lyon en 2012. En 18 ans de carrière, c’est vraiment trop peu.

Les 145 sélections de Hugo Lloris

La colonne min indique le temps de jeu. *signale les matchs où il a été capitaine. ** signale le match où il a été expulsé.