Tout sauf du bleu : l’arc-en-ciel des maillots de gardiens

Publié le 31 octobre 2020 - Bruno Colombari - 1

Du chandail noir de Chayriguès au jaune fluo Dri-Lift de Lloris, les portiers de l’équipe de France ont vu la texture et la couleur de leur maillot évoluer au fil du temps. Même si eux ne jouent presque jamais en bleu...

4 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en juin 2018.

Pendant longtemps, les gardiens n’avaient pas de maillot proprement dit, dans le sens d’une tenue adaptée au sport. Les tout premiers jouaient dans les mêmes couleurs que le reste de l’équipe, avant que la FIFA n’impose en 1909 une couleur différenciée. Ils étaient la plupart du temps vêtus d’un chandail de grosse laine (comme Pierre Chayriguès en 1924) qui devait leur donner l’aspect d’un chien mouillé par temps de pluie, avec toutefois le blason du coq bordé dessus (comme Julien Darui à la fin des années 40). A la fin des années 30, les plus élégants mettaient par dessous un polo avec un col (comme Laurent Di Lorto en 1938).

Pierre Chayriguès en 1924. Et déjà des gants !


Au début des années 1950, au temps de René Vignal, la plupart des gardiens portaient encore une tenue unie plutôt neutre. Les maillots vont commencer à ressembler à quelque chose peu de temps après : en 1954, celui de François Remetter est noir avec une grosse bande rouge sur le torse, celle qu’on retrouvera trente ans plus tard sur le maillot des Bleus à l’Euro. Cette bande passera au blanc sur Claude Abbes lors de la Coupe du monde 1958. Georges Lamia porte la même tenue en 1960.

Le jaune s’impose

En 1966, Marcel Aubour est enfin équipé d’un seyant maillot jaune en Angleterre. Celui de Dominique Baratelli, en 1972, arbore le logo du Coq sportif, juste avant l’arrivée d’Adidas. En équipe de France, seuls les maillots de gardiens affichaient l’emblème de l’équipementier. A noter que le portier français a les mêmes chaussettes (rouges) que ses coéquipiers, ainsi qu’un short noir. Jean-Paul Bertrand-Demanes aura le même en 1978, avec un maillot jaune contre l’Italie et vert face à l’Argentine.

En 1982, le style arrive avec Jean-Luc Ettori, qui dispose de chaussettes blanches, d’un short noir et d’un maillot à manches noires et des rayures horizontales sur fond jaune, vert ou rouge. Il sera encore porté par Joël Bats lors de l’Euro 1984. En 1986, il s’affine avec un modèle gris très élégant porté notamment contre le Brésil.

Arbitres en couleur, gardiens en noir

Les années 90 voient arriver un gardien atypique, Bernard Lama, qui joue systématiquement avec un bas de survêtement. Il porte aussi un maillot qui semble extrait de l’explosion accidentelle d’un entrepôt de peinture (contre la Bulgarie en 1993). Comme il était difficile de faire pire, celui de l’Euro 1996 fera presque sobre en comparaison, malgré un triple parement qui descend de chaque épaule.

Avec l’apparition des maillots d’arbitres en couleur en 1994, le mouvement va s’inverser et ce sont les gardiens qui vont adopter le noir, d’abord Bernard Lama à l’Euro 1996 ; puis Fabien Barthez, dont ce sera la tenue principale jusqu’en 2006. Les gardiens sont d’ailleurs précurseurs, puisque dans le courant des années 2000, de nombreuses équipes vont utiliser des maillots noirs pour leur tenue away (extérieur) ou third (troisième).

Barthez en tenue estivale

Après Lama couvert de pied en cap, voici Fabien Barthez en mode short/manches courtes, même par les températures glaciales de France-Espagne en janvier 1998. Lors de sa première Coupe du monde cette année-là, il joue principalement tout en noir, sauf, bizarrement, lors du premier match contre l’Afrique du Sud où il opte pour un maillot blanc avec trois bandes horizontales noires. Cette tenue All-black, il la gardera lors de l’Euro 2000, à la Coupe du monde 2002, à l’Euro 2004 et à la Coupe du monde 2006, sauf lors du premier tour face à la Suisse (en jaune) et au Togo (en rouge).

La palette chromatique de Lloris

Après un Coupet en gris à l’Euro 2008, la couleur revient avec Lloris et son maillot jaune à manches noires directement inspiré de celui d’Ettori en 1982. Un retour aux origines en quelques sortes qui ne porte pas chance au gardien français lors de la Coupe du monde 2010. Après le 0-0 initial en jaune contre l’Uruguay, Lloris passe au gris face au Mexique et à l’Afrique du Sud, et c’est encore pire (0-2 et 1-2).

En 2011, Nike teste sur lui une marinière aux allures de pyjama avant de revenir à du classique tout en jaune d’œuf ou rouge à l’Euro. Ce sera à peu près le même en 2014. Celui de l’Euro 2016 sera alternativement noir avec des manches violettes, jaune fluo (face à l’Allemagne) ou blanc (en finale contre le Portugal). Ce dernier ne resservira qu’une fois, contre les Pays-Bas en août 2017 avec un résultat bien meilleur (4-0). On trouve aussi un vert (contre l’Ukraine en 2013 en barrage aller) et même un bleu clair contre l’Albanie en septembre 2011, la seule fois en 96 sélections.

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Depuis 2018 et un maillot bleu très sombre, Lloris a abandonné sa tenue noire pour revenir au jaune intégral. Lors de ses vingt dernières sélections (depuis juin 2018), il a porté cette tenue 18 fois, ne la troquant qu’à deux reprises contre le rouge (contre la Suède en septembre 2020) et le gris (toujours contre la Suède, en novembre 2020). Le jaune lui porte plutôt chance avec 36 victoires et 7 défaites sur 51 matchs joués, devant le rouge (13 victoires et 3 défaites en 20 rencontres). Le gris, abandonné depuis octobre 2010, a fait son retour fin 2020, mais il a coûté 5 défaites en 8 matchs.

Casquette, gants : des accessoires disparaissent, d’autres évoluent

Combien de gardiens de l’équipe de France ont porté une casquette en match ? Difficile à dire. On se souvient de René Vignal au début des années 50, pour ne pas être ébloui par le soleil, les matchs se jouant à l’époque l’après-midi. L’accessoire disparaîtra avec la généralisation des rencontres en nocturne.

Difficile de dater précisément l’apparition des gants. Claus Abbes n’en portait pas contre le Brésil en 1958, alors que Pierre Chayriguès, emblématique portier des années 20, en avait. René Vignal en avait aussi en 1954, au contraire de Laurent Di Lorto en 1938. Et François Remetter, qu’Abbes avait remplacé après deux matchs en 1958, en portait au début des années 60.

A noter qu’à l’époque, les gants n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Ils étaient fins, en laine et plutôt ajustés aux doigts. Les premiers gants spécifiques semblent arriver au milieu des années 60, tels ceux que portait Marcel Aubour en 1966. Depuis, ils n’ont cessé de se perfectionner, et portent même le nom de leur propriétaire au niveau du poignet. Rien n’échappe à la personnalisation.

pour finir...

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Toujours disponible ! Un maillot, une légende de Matthieu Delahais et Bruno Colombari (Solar).

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