1964, une année dans le siècle

Publié le 21 avril 2014 - Bruno Colombari

Le Vietnam qui entre en guerre, les Stones qui déboulent, Mandela en prison, mais aussi les débuts de Nestor Combin, la mise en place du sélectionneur unique et les cagades de Pierre Bernard : 1964, nous voilà !

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Le contexte historique

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En Afrique du Sud, le procès de Rivonia aboutit à la condamnation à perpétuité de Nelson Mandela. Au Brésil, le président Joao Goulart, auteur d’une réforme agraire et d’une nationalisation de l’industrie du pétrole, est renversé fin mars par un putsch militaire soutenu par la CIA. Aux Etats-Unis, Lyndon Johnson lance le programme de la Nouvelle société et fait adopter par le Congrès les lois sur les droits civiques. Il obtient aussi les pleins pouvoirs pour intervenir au Vietnam, alors que la commission Warren conclut que Lee Harvey Oswald est le seul assassin de John Kennedy. En URSS, Nikita Khrouchtchev est destitué, Leonid Brejnev le remplace.

En France, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon. François Mitterrand publie Le Coup d’Etat permanent, qui critique le régime présidentiel de la 5e république. Jacques Anquetil remporte son cinquième et dernier Tour de France.
En bande dessinée, l’argentin Quino crée Mafalda. Les parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy, obtient la Palme d’Or à Cannes, alors que Stanley Kubrick sort Docteur Folamour. Au Royaume-Uni, un nouveau groupe de rock sort son premier album : The Rolling Stones.

Le contexte sportif

Alors qu’en Europe, les deux clubs milanais (Milan AC en 1963 et l’Inter en 1964) ont mis fin à l’hégémonie hispano-portugaise qui dominait la Coupe des clubs champions depuis 1956, ce sont les Verts, à peine remontés en première division, qui remportent le championnat de France. Une page se tourne : Reims, le RC Paris et Nice quittent l’élite. Lors du deuxième championnat d’Europe des Nations, c’est l’Espagne qui accueille les trois autres demi-finalistes et qui l’emporte devant la Hongrie, puis contre l’URSS en finale.

Le sélectionneur en poste

C’est Georges Verriest qui commence l’année comme sélectionneur dans le cadre d’un comité de sélection agonisant, avec Henri Guérin comme entraîneur. L’élimination face à la Hongrie en quart de finale à la suite d’un match aller complètement raté précipite la démission de Verriest le 12 juillet. Le bureau fédéral prend enfin la décision de bon sens qui s’impose et nomme un sélectionneur unique, le premier de l’histoire des Bleus. Il s’agit de Henri Guérin, qui bénéficie d’une promotion aux airs de cadeau empoisonné. La suite prouvera qu’un changement d’organisation n’était qu’un emplâtre sur une jambe de bois au milieu d’une décennie catastrophique.

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Le récit de l’année

L’année 1964 est largement entamée quand les Bleus reçoivent la Hongrie pour tenter de décrocher une place dans le dernier carré du championnat d’Europe, comme en 1960. Mais cette Hongrie-là, qui brillera deux ans plus tard en Angleterre avec son attaquant Florian Albert, est visiblement un cran au-dessus. Le match aller des quarts de finale, le 25 avril à Colombes, tourne rapidement à la démonstration avec deux buts en une minute qui plient le match au terme du premier quart d’heure, par Albert (15e) et Tichy (16e). La suite n’est qu’un long calvaire avec un troisième but de Tichy (70e), et même si les Bleus évitent le carton par Cossou (70e, 1-3), tout espoir de qualification est désormais envolé.

 

Un mois plus tard à Budapest, alors qu’on ne les attendait plus, les Bleus démarrent pied au plancher avec un but de Nestor Combin (2e). Les Hongrois, qui ont encore deux buts d’avance, ne s’affolent pas et reviennent au score sur un coup franc lointain de Sipos (24e) mal négocié par un Pierre Bernard des mauvais jours, qui allait encore s’illustrer sur un cafouillage qui profite finalement à Ferenc Bene (55e, 1-2).

Il faudra désormais attendre, sans trop y croire, la coupe du monde 1966 qui se déroulera en Angleterre. Et pour cela, il faudra sortir la Yougoslavie dans un groupe de quatre avec le Luxembourg et la Norvège. Les Bleus de Guérin débutent le 4 octobre à Luxembourg, face à une équipe qui avait sorti les Pays-Bas un an plus tôt. La victoire est au rendez-vous (2-0), mais pas la manière, avec deux buts de André Guy (17e) et Marcel Artelesa (80e). Il faut désormais confirmer par une autre victoire contre la Norvège au Parc des Princes le 11 novembre. Tout commence pour le mieux avec un but rapide d’Angel Rambert (17e), mais un festival d’occasions ratées plus tard, c’est par la plus courte des marges que l’équipe de France s’impose (1-0). L’essentiel est fait, mais des interrogations surviennent sur l’efficacité offensive de l’équipe.

La mini-saison (cinq matches à peine) se termine par un amical le 2 décembre à Bruxelles contre la Belgique. Comme face à la Hongrie en avril, les Bleus coulent face à un adversaire largement dominateur qui trouve trois fois la faille par Van Himst (16e) et Vermeyen (76e et 87e, 0-3). L’équipe très défensive, physique plutôt que technique et basée sur le contre montée par Henri Guérin n’a convaincu personne, alors qu’elle doit rencontrer deux fois la Yougoslavie en 1965.

La révélation de l’année

Il faut sortir la loupe pour trouver quelqu’un cette année-là. A la rigueur, on pourrait mettre en avant le franco-argentin Nestor Combin, pour son profil atypique : né en 1940, il débute en professionnel à Lyon en 1959 et suite à une excellente saison 1963-64, est transféré en Italie, à la Juventus de Turin. Il fait ses débuts en sélection au mois d’avril, et marque dès le match suivant, à Budapest contre la Hongrie. Il disputera au total huit matches chez les Bleus (dont un contre le Mexique à la coupe du monde 1966), pour un bilan très honorable de quatre buts marqués.

Les joueurs de l’année

21 joueurs ont été appelés lors des cinq rencontres de 1964. Un très faible total qui illustre bien le manque d’alternatives dont disposait Robert Guérin. Trois joueurs ont disputé l’intégralité des rencontres : les défenseurs André Chorda et Marcel Artélésa et l’attaquant Georges Lech. Daniel Charles-Alfred, Joseph Bonnel et Angel Rambert en ont joué quatre, alors que Marcel Aubour, Robert Herbin, René Ferrier, Nestor Combin et André Guy ont été alignés trois fois.
Sept internationaux ont fait leurs débuts cette année-là : Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Daniel Charles-Alfred, Bernard Bosquier, Nestor Combin, André Guy et Edmond Baraffe. Sept autres ont quitté les Bleus en 1964 : Charles-Alfred, Angel Rambert, Lucien Cossou, René Ferrier, Edouard Stako, Lucien Muller et Georges Casolari.

Les buteurs de l’année

Il n’y en a que cinq, et chacun n’a marqué qu’un but : Cossou, Combin, Guy, Artélésa et Rambert.

Carnet bleu

Naissances de Gérald Passi (21 janvier), Thierry Laurey (17 février), Paul Le Guen (1er mars), Philippe Fargeon (24 juin), Laurent Fournier (14 novembre) et Pascal Baills (30 décembre). L’année 1964 n’aura donc donné naissance à aucun international de haut niveau...

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal