Le contexte international
Coup d’Etat en Algérie : trois ans seulement après l’Indépendance, Ben Bella est chassé du pouvoir par Boumediene. Aux Etats-Unis, Lyndon Johnson qui a succédé à John Kennedy annonce la Grande Société qui va amorcer un important virage social dans l’intérieur du pays, tandis qu’au Vietnam l’offensive terrestre commence. A Selma, la marche pour les droits civiques tourne au drame, quelques jours après l’assassinat à Harlem de Malcolm X.
En France, le tunnel du Mont-Blanc qui rejoint l’Italie est inauguré en septembre. Charles de Gaulle se présente au suffrage universel direct en décembre. Il pense l’emporter largement, mais François Mitterrand le met en ballotage. De Gaulle est élu au second tour avec 54,5 des voix. Jean-Luc Godard présente au cinéma Alphaville et Pierrot le fou. Aux Etats-Unis paraît un roman SF complètement barré mêlant drogues et religion, Le Dieu venu du Centaure. Son auteur est Philip K. Dick.
Le contexte sportif
Felice Gimondi remporte le Tour de France dès sa première participation à l’âge de 23 ans, devant l’inévitable Raymond Poulidor. Jacques Anquetil signe un exploit pour le moins douteux, en enchaînant à quelques heures d’intervalle le Critérium du Dauphiné Libéré et le monstrueux Bordeaux-Paris (600 km en 14h de course). Côté football, la scène européenne est dominée par l’Inter Milan. Vainqueur de la C1 en 1964, le club italien enchaîne en dominant les Portugais du Benfica dans son stade de San Siro.
En France, le FC Nantes de José Arribas remporte son premier titre de champion de France, deux ans après ses débuts en première division. Jacky Simon, Robert Budzynski et Philippe Gondet intègrent la sélection.
Le sélectionneur
Henri Guérin, installé au poste de sélectionneur unique l’année précédente, a pour mission de remettre en ordre une équipe de France déboussolée depuis le départ des géants de 1958. Et, bien entendu, de la qualifier pour la coupe du monde 1966 en Angleterre. Pour cela, il faut écarter le Luxembourg, la Norvège et surtout la Yougoslavie, un adversaire qui a toujours fait des misères aux Bleus. Et ce, avec une nouvelle tactique : exit le béton et le marquage individuel, place au marquage de zone et à la ligne. L’idée est bonne, mais mieux vaut avoir les joueurs pour...
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Le récit de l’année
Le 24 mars contre l’Autriche au Parc, tout se joue en première période. La défense centrale Devaux-Péri a du mal à intégrer les consignes et prend deux buts rapidement. Celui marqué par Gérard Hausser ne suffit pas pour éviter une défaite à domicile (1-2), mais le meneur de jeu Jacky Simon a laissé voir des choses intéressantes.
Un mois plus tard à Belgrade, face à une Yougoslavie où joue un certain Josip Skoblar en attaque, l’équipe de France se blinde derrière avec sept joueurs à vocation défensive devant le gardien Marcel Aubour. Les effets d’annonce du sélectionneur (aller chercher la victoire) ne résistent pas à la réalité : les Bleus ne sont jamais dangereux devant et s’inclinent sur la seule occasion adverse, une frappe de Galic juste avant l’heure de jeu (0-1). Autant dire que les affaires sont mal engagées.
Retrouvez le bilan de l’année 1965 dans le tableau des années. |
En juin, l’équipe de France reçoit l’Argentine et son équipe de casseurs de jambes, dont le fameux Antonio Rattin qui fera parler de lui à la coupe du monde. Pas de blessés cette fois-ci, mais pas de but non plus pour ce deuxième match de l’histoire entre les Bleus et les Albiceleste. Un triste 0-0 au cours duquel Henri Guérin a placé un milieu défensif devant les centraux, ce qu’on appelle aujourd’hui une sentinelle. Il s’agit de Maryan Synakowski.
La bonne nouvelle est venue de Norvège où la Yougoslavie est tombée quelques jours plus tard (0-3), ce qui relance la course à la qualification mais qui inquiète aussi, avant d’aller jouer à Oslo en septembre. Synakowski est à nouveau titularisé devant la défense, mais c’est l’attaque qui vendange avec un Nestor Combin maladroit au possible. Le Franco-Argentin a tout de même converti un coup-franc direct (22e) qui permet une victoire précieuse, la première de l’année (1-0).
Tout va donc se jouer en octobre au Parc contre les Yougoslaves pour lesquels un nul suffit. Robert Herbin, capitaine et Yvon Douis, attaquant, sont forfaits. Henri Guérin appelle l’avant-centre de Nantes, Philippe Gondet, qui brille en club depuis le début de la saison. A lui tout seul, il va semer la panique dans la défense yougoslave et marquer le seul but du match à un quart d’heure de la fin (1-0). Le défi physique proposé par les Yougoslaves, pourtant bons techniciens, a échoué.
La route de Wembley est grande ouverte puisque l’équipe de France n’a besoin que d’un nul lors du dernier match face au Luxembourg, qui se joue à Marseille en novembre. En un peu plus d’une demi-heure, le score est déjà de 4-0 avec deux doublés de Gondet (8e et 27e) et de Combin, enfin efficace (11e et 38e). Le score final (4-1) est anecdotique, car l’essentiel, à savoir la qualification, est acquise. L’échec de 1961, qui avait barré la route du Chili à l’équipe de France, est oublié.
Surtout, les Bleus enchaînent trois victoires d’affilée, ce qui n’était plus arrivé depuis 1959. Et comme ces trois succès ont été acquis en compétition, il faut remonter à 1956-57 pour en trouver un précédent.
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La révélation de l’année
Le Nantais Philippe Gondet a 23 ans lorsqu’il est appelé pour la première fois contre la Yougoslavie. Des débuts pleins d’envie et de combativité, avec un but refusé dès la 18e pour hors-jeu, une passe décisive pour Combin une demi-heure plus tard dont le but est encore refusé, et enfin un but valable à la 77e où Gondet résista à deux charges successives avant de frapper du gauche. Il fera encore mieux à Marseille un mois plus tard, avec une première demi-heure plein gaz contre le Luxembourg, ponctuée de deux buts.
Après ces débuts prometteurs, il ne jouera pourtant qu’une douzaine de fois en Bleu (dont la coupe du monde en Angleterre) au cours desquels il marquera quatre fois. Sa carrière s’achèvera en 1970 après trois années blanches suite à de graves blessures aux deux genoux.
Les joueurs de l’année
23 joueurs participent aux six matches de 1965. Seuls Gérard Hausser et le gardien Marcel Aubour n’en manquent aucun, mais ce dernier entrera en jeu à la mi-temps contre l’Autriche à la place de Pierre Bernard. Bosquet et Artélésa viennent ensuite avec cinq rencontres, devant le trio Bonnel-Herbet-Cardiet qui en a joué quatre.
1965 est une année de fort brassage, avec pas moins de onze nouveaux joueurs : Hausser, Herbet, Cardiet, Simon, Gondet Budzinski, Synakowski et Péri, auxquels il faut ajouter les éphémères Loncle, Rodighiéro et Devaux dont la carrière internationale s’achèvera l’année de leurs débuts. Enfin, Douis, Sauvage et Bernard joueront leur dernier match en Bleu en 1965.
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Les buteurs de l’année
1965 est une année bien peu prolifique. Heureusement qu’il y a eu le dernier match contre le Luxembourg avec ses quatre buts, car le reste tient du régime sec. Au total, Philippe Gondet et Nestor Combin en ont inscrit trois chacun, Gérard Hausser complétant le tableau. Le Strasbourgeois a d’ailleurs marqué pour sa première sélection.
Carnet bleu
Naissances de Pascal Despeyroux (17 juin), Naissance de Stéphane Paille (27 juin), Jocelyn Angloma (7 août), Franck Sauzée (28 octobre), Laurent Blanc (19 novembre) et Vincent Guérin (22 novembre).
Décès d’Ernest Gravier (14 mars), Pierre Chayriguès (19 mars), Adrien Filez (15 octobre), François Hugues (15 décembre).
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