C’est en 1965 que Robert Budzynski connaît sa première sélection en équipe de France, à 25 ans (il est né le 21 mai 1940). La formation tricolore est à la recherche d’un nouveau souffle après n’avoir pas su poursuivre sa progression sur la lancée du mondial 1958 qui l’avait vu finir à la troisième place, aux portes de la finale.
Un peu de jaune dans le bleu
Depuis deux saisons, un club s’est fait une place dans le paysage du football français. Monté parmi l’élite en 1963, le FC Nantes remporte le championnat de France dès 1965 et est bien parti pour conserver son titre la saison suivante. Le club nantais joue en outre un football technique et offensif, un peu à contre-courant de ce qui se pratique en France dans les années soixante.
Le sélectionneur de l’époque cherche donc à intégrer un peu de jaune dans son équipe bleue et après avoir fait appel à Jacky Simon, il convoque Philippe Gondet et Robert Budzynski pour un match capital, la réception de la Yougoslavie au Parc des Princes le 9 octobre 1965. La victoire est impérative pour espérer se qualifier à la Coupe du monde 1966.
Grâce à un but plein de détermination signé Philippe Gondet, la France bat la Yougoslavie (1-0) puis décroche son billet avec une victoire contre le Luxembourg. Robert Budzynski s’est installé au milieu de la défense tricolore et en devient rapidement le patron. A Nantes, déjà, on apprécie depuis deux ans l’autorité de l’ancien défenseur du RC Lens, mais aussi son souffle, son placement toujours juste et son jeu de tête.
Mutinerie à Londres
Robert Budzynski fait partie des quatre Nantais parmi les vingt-deux tricolores à la World Cup 1966. Il jouera l’ensemble des trois rencontres, gardant un souvenir contrasté. Il faut dire que les sélectionneurs font pratiquer un marquage individuel quasiment dogmatique à des joueurs plutôt habitués au marquage de zone, Budzynski étant lui-même assigné à un rôle de libéro en couverture où il manque de repères.
Tenus en échec par le Mexique (1-1) à Wembley puis battus par l’Uruguay (1-2) à White City, les Tricolores sont quasiment éliminés avant le troisième match contre l’Angleterre. Une fronde s’organise alors au sein de l’équipe française menée par Budzynski lui-même qui fait savoir au sélectionneur que son équipe pratiquera face aux Anglais une défense de zone, qu’il le veuille ou non. Comme par magie, c’est une équipe de France beaucoup plus équilibrée qui s’oppose aux hôtes du tournoi. Les futurs champions du monde imposent malgré tout leur supériorité (2-0) mais la prestation des joueurs français donne beaucoup de regrets.
Au lendemain de la World Cup anglaise, les destinées de l’équipe de France sont provisoirement confiées à Jean Snella et José Arribas. Les deux hommes optent pour une défense en zone et une ossature nantaise. Ils confient le brassard à Robert Budzynski. Une défaite en Hongrie (4-2), une victoire contre la Pologne (2-1) puis une nouvelle défaite en Belgique (2-1) rendent la formule discutable. Les promesses entrevues lors du match contre l’Angleterre ne seront jamais tenues.
Le FC Nantes de son côté perd quelque peu de sa superbe après ses deux titres de 1965 et 1966. Incapable de reproduire au niveau européen ce qui a fait son succès dans l’hexagone, le club nantais rentre dans le rang, laissant la part belle à celui qui allait devenir son grand rival dans la décennie suivante, l’AS Saint-Etienne.
Une précoce fin de carrière
Lorsque Just Fontaine prend à son tour le destin de l’équipe de France en main au début de l’année 1967, il préserve l’ossature nantaise mais pour la défense centrale ne jure que par la charnière de l’US Valenciennes composée de Louis Provelli et Jean-Claude Piumi. Robert Budzynski se retrouve donc sur le banc le 22 mars 1967 au Parc des Princes pour la rencontre amicale face à la Roumanie. Une blessure de Provelli dès la vingtième minute lui permet toutefois d’entrer en jeu. C’est sa onzième sélection.
Il apparaît une dernière fois en bleu deux mois plus tard à l’occasion d’une rencontre non-officielle contre le club allemand de Hanovre (3-3) à Rouen. En août, l’équipe de France est confiée à Louis Dugauguez, adepte du marquage individuel. Budzynski se fait une raison en attendant un contexte plus favorable.
En décembre 1968, dix jours avant Noël, Robert Budzynski est grièvement blessé à l’occasion d’un match de championnat contre Monaco. Une double fracture tibia-péroné qui le conduira à une longue convalescence (durant laquelle il sera soigné par une kinésithérapeute… qui deviendra sa femme). A son retour à l’entraînement, en novembre 1969, sa jambe est heurtée par un ballon et se fracture à nouveau. La carrière du joueur prend fin, à 29 ans.
On peut regretter que le parcours de Budzynski se soit arrêté si tôt, à une époque où on reprochait au football français de manquer d’hommes de caractère. Le FC Nantes quant à lui, s’il perd un joueur de valeur, gagne un dirigeant imaginatif et novateur qui consolidera les structures du club pour en faire un modèle dans l’hexagone.
11 sélections pour 3 victoires
Robert Budzynski a disputé 11 rencontres officielles avec l’équipe de France A dont trois en tant que capitaine. Son bilan est de 3 victoires, 3 matchs nuls et 5 défaites.
Sel | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | TpsJeu | |
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1 | qCM | 09/10/1965 | Paris (Parc) | Yougoslavie | 1-0 | 90 | |
2 | qCM | 06/11/1965 | Marseille | Luxembourg | 4-1 | 90 | |
- | non-officiel | 23/02/1966 | Bordeaux | Girondins Bordeaux | 3-2 | 90 | |
3 | Amical | 19/03/1966 | Paris (Parc) | Italie | 0-0 | 90 | |
4 | Amical | 05/06/1966 | Moscou | URSS | 3-3 | 90 | |
5 | CM T1 | 13/07/1966 | Londres | Mexique | 1-1 | 90 | |
6 | CM T1 | 15/07/1966 | Londres | Uruguay | 1-2 | 90 | |
7 | CM T1 | 20/07/1966 | Londres | Angleterre | 0-2 | 90 | |
8 | Amical | 28/09/1966 | Budapest | Hongrie | 2-4 | 90 | (cap.) |
9 | qEuro | 22/10/1966 | Paris (Parc) | Pologne | 2-1 | 90 | (cap.) |
10 | qEuro | 11/11/1966 | Bruxelles | Belgique | 1-2 | 90 | (cap.) |
11 | Amical | 22/03/1967 | Paris (Parc) | Roumanie | 1-2 | > 70 | |
- | non-officiel | 17/05/1967 | Rouen | Hanovre | 3-3 | N/R |