Le contexte historique
Alors qu’en Chine démarre la Révolution culturelle et que se forment (en août) les Gardes rouges à l’initiative de Mao, la guerre du Viêt-Nam s’intensifie, les effectifs américains s’élevant à près de 400 000 hommes et que le Nord est régulièrement bombardé. Charles de Gaulle demande l’évacuation des Américains à Phnom Penh. Dans le Pacifique, la France commence ses essais nucléaires dan les atolls de Moruroa et Fangataufa. En Syrie, Hafez el-Assad prend le pouvoir grâce à un coup d’Etat militaire. Les Beatles font leurs adieux à la scène le 29 août au Candlestick Park de San Francisco. Au cinéma sort Masculin, féminin de Jean-Luc Godard avec Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya, et La Grande Vadrouille de Gérard Oury. Goscinny et Uderzo publie Astérix chez les Bretons.
Le contexte sportif
En Europe, le Real Madrid conquiert son sixième trophée après cinq ans d’absence. L’Espagne est d’ailleurs championne d’Europe depuis 1964, mais calera dès le premier tour de la coupe du monde, pour laquelle on attend beaucoup du Brésil, double champion sortant. En France, le FC Nantes de José Arribas enchaîne son deuxième titre de champion consécutif et Philippe Gondet bat le record de buts en championnat (36). Le doublé est manqué de justesse, Strasbourg s’imposant en finale de la coupe de France (1-0).
Le sélectionneur en poste
Henri Guérin, fortement contesté pour ses choix tactiques et finalement abandonné par ses joueurs est démi de ses fonctions début septembre. Il est remplacé par un duo d’intérimaires nommés pour trois mois, les entraîneurs de Saint-Etienne Jean Snella et de Nantes José Arribas (photo). Autant dire que le principe du sélectionneur unique mis en place en 1964 n’est pas convainquant, sans que l’on sache à ce moment-là si le problème se situe dans la fonction ou dans la personne. En appelant deux entraîneurs de club, la Fédération française et le groupement des clubs professionnels semblent ne pas savoir où aller. Des années précieuses seront ainsi perdues, jusqu’au début de la décennie suivante.
Le récit de l’année
Dès le début de 1966, Henri Guérin annonce la couleur : faute de joueurs techniques, mieux vaut s’inspirer des Italiens qui développent le catenaccio (défense en individuelle avec un libero en repli) et qui gagnent des compétitions (Coupe des Champions avec l’Inter de Milan). A la française, ça donne le béton, et c’est déjà tout un programme. Le premier match de l’année se joue d’ailleurs contre l’Italie au Parc le 19 mars. Ni Aubour côté tricolore, ni Albertosi côté azzuri ne sont vraiment mis à contribution et la rencontre se termine par un triste 0-0.
Un mois plus tard, le 20 avril et toujours au Parc, le système montre déjà ses limites contre la Belgique. L’attaquant Paul Van Himst ne marque pas, mais il met au supplice la défense française débordée et qui concède trois buts dont deux de la tête (0-3). Visiblement, le béton est encore bien friable. Confirmation début juin au stade Lénine de Moscou ou les Français, emmenés par un bon Philippe Gondet, mènent pourtant 2-0 après 21 minutes de jeu (Blanchet a ouvert le score deux minutes plus tôt). Mais une erreur de Budzinski remet immédiatement les Soviétiques dans le match, qui prennent même l’avantage en deux minutes après l’heure de jeu. Joseph Bonnel arrachera l’égalisation sur un centre de Gondet (3-3), mais la défense a encore pris trois buts.