Le résultat était-il prévisible ?
Le 7-1 d’octobre dernier ne pouvait pas vraiment servir de point de repère entre deux sélections qui ne se sont plus affrontées en compétition depuis 2013. Les Ukrainiens étaient arrivés à Saint-Denis décimés par les forfaits et avaient aligné une équipe bis qui n’était pas de taille. De plus, avec seulement une petite soixantaine d’heures de stage avant la rencontre (en comptant le jour du match) et une majorité d’internationaux ayant joué dimanche, Didier Deschamps ne pouvait être que pragmatique : les trois points, et tant pis pour la manière.
Il n’y a eu ni les uns, ni l’autre. Pourtant, difficile de faire mieux que de marquer sur sa première occasion franche, dans les vingt premières minutes. Mais on sait que contre ce genre d’adversaire, vivre sur une avance minimale est risqué. Alors, non, le nul n’était pas prévisible, mais dès lors que l’Ukraine a égalisé, même s’il restait une grosse demi-heure à jouer, il a rapidement semblé inévitable. Comme en 2016 (0-0 en Biélorussie), 2004 (0-0 contre Israël), 1976 (2-2 en Bulgarie) et 1949 (1-1 en Yougoslavie), l’équipe de France commence une campagne qualificative de Coupe du monde par un match nul.
L’équipe est-elle en progrès ?
Avec le seul Pogba trop court physiquement pour débuter, Didier Deschamps avait la chance d’aligner son effectif au complet. Il ne s’en est pas privé, avec neuf champions du monde titulaires (dont huit ayant joué la finale de 2018) plus Rabiot et Coman. On ne peut pas lui reprocher une quelconque frilosité, avec une équipe disposée quasiment en 2-4-4 avec des latéraux très haut et quatre joueurs offensifs sur toute la largeur (Coman à droite, Mbappé à gauche, Griezmann et Giroud dans l’axe). Et pourtant, ça n’a pas marché, avec seulement trois tirs cadrés et un nombre d’occasions qui s’est effiloché à mesure que le match avançait.
Le jeu a manqué de vitesse, de mouvement, de prise de risque, de changement d’ailes, de précision dans les coups de pied arrêtés, et il a suffi d’une série d’erreurs défensives pour que les Ukrainiens égalisent sur un coup de billard, avec un ballon qui franchissait la ligne quasiment au ralenti après la déviation involontaire de Kimpembe.
Quels sont les joueurs en vue ?
On citera N’Golo Kanté qui a ratissé un nombre indécent de ballons et qui a été le rare, sinon le seul, à continuer à tenter dans les dernières minutes. Benjamin Pavard a fait une très bonne première mi-temps, où ses combinaisons dans le couloir droit avec Kingsley Coman ont été intéressantes.
Coman, justement, a été le Bleu le plus en vue, mais il a péché dans la finition et a fini par perdre confiance avant de sortir, remplacé par un Ousmane Dembélé qui n’a servi à rien. Antoine Griezmann a tenté d’accélérer le jeu et de trouver Mbappé en première mi-temps, et il a le mérite d’inscrire un très joli but, mais son jeu s’est délité en deuxième période et il a fait de moins en moins de différence, tirant mal ses nombreux corners.
Quels sont les joueurs en retrait ?
On n’a pas reconnu le très bon Adrien Rabiot de l’automne. En première période, il a touché trop peu de ballons côté gauche, et hormis une superbe ouverture pour Hernandez à la 11e, il a trop peu combiné avec Mbappé. Ce dernier n’a pas servi à grand chose à gauche où il a semblé perdu, hormis sur sa volée un peu trop haute à la 20e qui aurait pu plier définitivement le match. Sa prestation n’a pas été à la hauteur de son statut. Pour lui c’était clairement un jour sans.
Idem pour Olivier Giroud, dont la volée sur le centre en retrait d’Hernandez était certainement cadrée, mais déviée par le dos d’un défenseur. Il aurait pu marquer sur un superbe centre de Pavard à la 32e, mais sa tête est passée au-dessus. C’est très insuffisant.
Enfin, on regrettera que les trois entrants (Pogba, Dembélé et Martial) n’aient rien apporté alors que les Bleus poussaient pour reprendre l’avantage. Si le premier aura sans doute sa chance dimanche contre le Kazakhstan, les deux autres n’ont pas démontré qu’ils pouvaient faire mieux que les titulaires.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Il va arriver très vite, dimanche à 15h (heure française) contre le Kazakhstan, avec six heures d’avion et cinq heures de décalage horaire à encaisser pour les joueurs, qui évolueront de plus sur une pelouse synthétique et dans un stade fermé, par une température négative (autour de -5°C). Les Bleus ont grillé un joker contre l’Ukraine. Il leur reste sept matchs à jouer et il n’est plus temps de laisser filer des points. Mais il leur faudra un état d’esprit autrement plus conquérant pour s’éviter un match piège type Coupe de France, comme le disait Guy Stéphan cette semaine. Autrement dit, marquer rapidement un premier but, puis plier le match avant la mi-temps.
La bonne nouvelle de la soirée est le partage des points entre la Finlande et la Bosnie (2-2). Une victoire dimanche sur un score large, avant que l’Ukraine ne reçoive la Finlande, offrirait la première place du groupe aux Bleus. Mais ce nul d’entrée signifie que la qualification se jouera lors des deux derniers matchs de novembre.
Vos commentaires
# Le 25 mars 2021 à 11:49, par Yoyo En réponse à : [865] France-Ukraine (1-1) : faute de mieux
Cinq heures de décalage qui deviendront quatre lorsque la France passera à l’heure d’été dans la nuit de samedi à dimanche.