Le résultat était-il prévisible ?
La Bosnie restant sur une impressionnante série de dix matchs sans victoires (cinq nuls et cinq défaites), il était raisonnable de penser que l’équipe de France, même en mode minimum syndical de ce mois de mars, avait les moyens de l’emporter ne serait-ce que par un but d’écart. C’est ce qui s’est passé, et il ne fallait pas être plus exigeant que ça. Face à une équipe évoluant encore en mode hérisson et barbelés, le plaisir du jeu et les étincelles offensives de l’automne dernier n’avaient pas leur place. Mais comme l’Ukraine a enchaîné un troisième nul d’affilée contre le Kazakhstan (1-1), les Bleus se retrouvrent seuls en tête de leur groupe avec quatre points d’avance sur les suivants. Dire que c’est mérité est sans doute exagéré, mais au moins l’écart est fait.
L’équipe est-elle en progrès ?
La première mi-temps a poussé assez loin le challenge de la période la plus déprimante depuis longtemps. Brouillons, en panne d’imagination face à des Bosniens disposés en deux lignes de cinq dans leurs quarante derniers mètres, les coéquipiers de Griezmann ont longtemps buté sur la muraille bleue, balayant la largeur du terrain sans trouver d’espace dans la profondeur ni tenter des frappes lointaines.
L’entrée d’Olivier Giroud à l’heure de jeu a immédiatement débloqué la situation, qui sentait fort le 0-0. Même si ce n’est pas lui qui a marqué, il a pesé sur la défense adverse et Griezmann en a aussitôt profité sur un centre court de Rabiot. Un paradoxe, au vu des très nombreux ballons aériens envoyés en pure perte en première mi-temps, puisque personne n’était là pour les reprendre.
Mais comme mercredi dernier contre l’Ukraine, les Bleus n’ont pas réussi à plier le match et se sont exposés à quelques frayeurs dans les dix dernières minutes. Sans casse cette fois-ci. Mais, comme il a été dit précédemment, ce niveau-là ne suffira pas à sortir d’un groupe aussi relevé que celui de l’Euro.
Quels sont les joueurs en vue ?
Thomas Lemar a eu une grosse activité et a amorcé l’action du but de Griezmann, quand il a créé un décalage par une feinte de corps avant de servir Rabiot esseulé sur l’aile gauche. Du déchet aussi, et le regret de ne pas l’avoir vu prendre un peu plus de risques à vingt mètres, où il aurait pu tirer plusieurs fois.
Antoine Griezmann a une fois de plus sauvé la patrie par un but extrêmement important, en coupant un centre de Rabiot d’une tête appuyée au premier poteau. Il a moyennement tiré les coups de pied arrêtés, jusqu’à jouer finalement les corners à deux. En première mi-temps, sa combativité a permis de compenser les lacunes d’un milieu français défaillant.
Hugo Lloris a sorti une parade réflexe extraordinaire en première mi temps sur une tête à cinq mètres de Ahmedhozic à la 26e, au niveau de celles contre l’Uruguay ou la Belgique à la Coupe du monde. Un but encaissé à ce moment-là aurait certainement changé la face du match.
Enfin, Kylian Mbappé n’a toujours pas marqué, et il a été très peu trouvé en première mi-temps, isolé dans une défense très compacte. C’était mieux en deuxième période, avec Giroud en point de fixation qui lui permettait de prendre les espaces. Il a cherché à jouer collectif, comme sur le contre de la 88e mal négocié par Lemar.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Paul Pogba est passé à travers son match, et sans N’Golo Kanté à ses côtés, ça s’est beaucoup vu, d’autant que la première mi-temps d’Adrien Rabiot a été quelconque. Mais le Turinois s’est bien repris après la pause, délivrant une passe décisive pour Griezmann et signant un retour défensif énorme sur Krunic à la 75e.
Kingsley Coman avait un bon coup à jouer à Sarajevo, mais il n’en a rien fait. On aurait aimé voir Ousmane Dembélé à sa place. Enfin, on pourra reprocher à Raphaël Varane une absence flagrante de prise de risques, comme vers la 40e minute où il touche une dizaine de ballons au niveau de la ligne médiane sans rien faire d’autre que des passes latérales courtes vers Pavard ou Pogba.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
D’après Le Parisien, ce sera contre le Pays de Galles le 1er juin à Nice, suivi d’un autre amical le 8 juin au Stade de France, l’adversaire n’étant pas encore connu. L’Euro commencera pour les Bleus le 15 juin contre l’Allemagne à Munich. La logique des dernières phases finales européennes dessine des profils d’adversaires non qualifiés pour le tournoi (Islande, Estonie et Serbie 2012, Ecosse 2016), ce qui n’est pas le cas du Pays de Galles, et peut-être des adversaires sud-américains (Equateur, Paraguay, Colombie 2008) ou africains (Cameroun 2016). La Norvège d’Erding Haaland pourrait faire un beau deuxième adversaire. On le saura dans les prochains jours.