Le résultat était-il prévisible ?
Après quatre nuls consécutifs, la série allait-elle encore s’arrêter, et si oui, serait-ce une victoire ou une défaite ? Ou allait-elle continuer ? Actuellement, le plus prévisible est donc une variante football du jour sans fin : un début de match frustrant, un but encaissé, une réaction avec une égalisation plus ou moins méritée et on en reste là, à mi-chemin entre une frustration grandissante devant les insuffisances d’un champion du monde à la peine et le lâche soulagement d’une défaite évitée.
C’est comme ça depuis la Hongrie en juin, puis le Portugal, puis la Suisse, puis la Bosnie, et maintenant l’Ukraine. Hormis le champion d’Europe sortant, aucun des quatre autres adversaires n’auraient dû poser de problème à l’équipe de France de 2018. Mais sa version 2021 s’en éloigne de plus en plus. Et ce n’est pas rassurant.
L’équipe est-elle en progrès ?
Toujours incapable de prendre le match à son compte et de faire la différence la première, l’équipe de France n’a comme seule satisfaction sa capacité à réagir. Menée pour la cinquième fois consécutive, elle n’a toujours pas perdu, mais n’a pas encore gagné non plus, même si elle a renversé deux fois le score contre le Portugal puis la Suisse.
Avec une défense composée aux trois cinquièmes de remplaçants (Dubois, Zouma et Digne) et un quasi-débutant au milieu (Tchouaméni), privée de Kanté, Benzema et Mbappé au coup d’envoi, cette sélection-là n’a pas donné beaucoup de gages de confiance et de sérénité, même si sa deuxième période a été meilleure que la première, ce qui est souvent le cas depuis le début de l’Euro.
Mais jouer la moitié (ou moins) d’un match de compétition n’est plus suffisant pour le gagner, dès lors qu’on marque peu et qu’on ne parvient pas à tenir derrière. Ni progression, ni régression donc, mais constance dans la médiocrité.
Quels sont les joueurs en vue ?
Un peu loin de Shaparenko sur le but ukrainien, Aurélien Tchouaméni a toutefois livré une belle prestation. Le milieu monégasque a fait preuve de beaucoup de maturité, y compris en provoquant des fautes adverses pour permettre à la défense de se dégager. Lucas Digne a encore une fois beaucoup attaqué, même s’il n’a pas eu de réussite. Il a animé son couloir.
Devant, Anthony Martial a alterné le décevant - son duel perdu avec Pyatov, qui est suivi du but ukrainien - et l’encourageant - son but inscrit en début de deuxième mi-temps. Adrien Rabiot a lui aussi tenté d’apporter une touche technique au milieu en plus de sa combativité. Insuffisant, mais dans le contexte actuel, c’est déjà beaucoup.
Hugo Lloris a sorti un arrêt réflexe devant Yarmolenko sur l’énorme occasion ukrainienne de la 35e et ne peut rien sur la frappe puissante de Shaparenko. Enfin, Karim Benzema a apporté quelque chose en attaque avec ses déviations toujours justes, comme celle qui a abouti à l’occasion de Moussa Diaby terminée sur le poteau.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Le moral d’Antoine Griezmann n’est pas au mieux en ce moment. Le Madrilène est sans doute marqué par son échec catalan et l’hostilité des supporters et d’une partie du vestiaire du Barça. En tout cas, il est très en dessous de son meilleur niveau, même sans Mbappé. Sa complémentarité avec Martial et Coman n’a pas sauté aux yeux, et son occasion manquée à la 27e ne l’a pas mis en confiance.
Paul Pogba a produit du très bon, comme la combinaison avec Griezmann qui offre l’occasion de Martial à la 43e, et beaucoup trop de déchets avec des passes mal ajustées ou des tirs hors cadre. Presnel Kimpembe est fautif sur l’ouverture du score, où il se fait déposer par Yaremchuk, et pas inspiré le reste du match. Tout comme Léo Dubois ou Kingsley Coman, qui avaient tous deux une bonne occasion de se montrer et qui l’ont laissée passer.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Au bout d’un moment, cette fichue série va finir par s’arrêter, non ? Autant que ce soit dès mardi contre la Finlande, si possible en s’y prenant autrement que l’an dernier, quand les Hiboux Grands-Ducs étaient venus voler dans les plumes des Coqs au Stade de France (0-2) pour la plus inattendue des défaites à domicile. Au moins, il n’y aura plus d’effet de surprise.
Le plus étonnant, c’est que ce sur-place frustrant n’a toujours pas d’incidence sur le classement, puisque les Bleus sont toujours premiers. Mais ils n’ont plus que quatre points d’avance sur la Finlande, qui a deux matchs de moins et pourrait donc créer la surprise en octobre prochain pendant que les Bleus joueront la Ligue des Nations. Une victoire face aux joueurs de la Baltique mettrait ces derniers à sept points, comme l’Ukraine (qui ne jouera pas mardi). Elle permettrait à l’équipe de France de reprendre un peu confiance et de faire un (grand) pas vers la qualification pour la Coupe du monde.