Le résultat était-il prévisible ?
Vexés par leur défaite du 3 juin dernier à domicile (la première contre le Danemark), les Bleus avaient à coeur de finir leur parcours en Ligue des Nations sur une bonne note, et d’envoyer en passant un message clair à leur futur adversaire du 26 novembre. Pour autant, s’imposer à Copenhague n’est pas si simple, surtout en menant une opération portes ouvertes en défense. En perdant le fil après 25 minutes satisfaisantes, les Bleus ont livré une première période qui a rappelé furieusement celles de Konya en juin 2019 contre la Turquie et de Turin en octobre 2021 face à la Belgique. 0-2 à la pause, et un scénario à la turque plutôt qu’à la belge, puisqu’il n’y a eu aucune remontée dans la deuxième partie du match.
Ce 0-2 qui fait sérieusement tache à moins de deux mois de la revanche au Qatar est donc une mauvaise surprise, qui arrive trois jours après un match très abouti contre l’Autriche. Laquelle a eu l’amabilité de perdre à domicile face à la Croatie et de garder ainsi la quatrième place du groupe, synonyme de relégation en Ligue B.
L’équipe est-elle en progrès ?
En ne faisant que quatre changements par rapport à l’Autriche (cinq si on tient compte de l’entrée d’Aréola à la place de Maignan), Didier Deschamps avait fait le choix de la continuité. Malheureusement, trois des quatre entrants ont été défaillants, aussi bien Saliba et Camavinga, remplacés dès la pause, que Upamecano. Et pourtant, hormis de jolies choses montrées entre la cinquième et la vingt-cinquième minute, ce fut le jour et la nuit avec le match de jeudi contre l’Autriche. Pas de cohésion, aucune précision, des ballons perdus dans toutes les zones et une impression de panique face à l’engagement adverse. Au final, une prestation aussi laide que le maillot blanc, qu’on espère voir le moins possible à la Coupe du monde.
Quels sont les joueurs en vue ?
Ce sera vite fait : Kylian Mbappé a été le seul à créer le danger, essentiellement en deuxième période avec trois occasions en trois minutes, toutes annihilées par Kasper Schmeichel. C’est évidemment insuffisant pour le néo-capitaine des Bleus (qui a récupéré le brassard à la sortie de Griezmann) mais au moins, ça le motivera pour prendre sa revanche le 26 novembre.
Alphonse Aréola concède deux buts sur lesquels il ne peut pas grand chose, mais il sauve la baraque juste avant le deuxième et plonge dans les pieds de Skov Olsen avant l’heure de jeu et voit Brathwaite rater sa tête au second poteau à cinq minutes de la fin. C’est sa première défaite en cinq sélections.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Les trois défenseurs ont été ballotés dans tous les sens au plus fort de la domination danoise, pas trop aidés il est vrai par les pistons et les deux milieux. Si personne n’a gagné de points hier soir, certains en ont perdu : William Saliba et Eduardo Camavinga, sortis à la pause après un troisième quart d’heure catastrophique. Dayot Upamecano, dont on peut s’étonner qu’il ait gardé sa place alors qu’il était impliqué sur les deux buts Danois (et sur plusieurs autres occasions). Et Olivier Giroud, qui n’a rien eu à se mettre sous la dent lors de ce qui ressemble beaucoup à sa 114e et dernière sélection.
Mais encore une fois, Ferland Mendy n’a rien montré, alors que Benjamin Pavard a semblé plus à l’aise en défenseur axial droit qu’en piston. Antoine Griezmann a été lui aussi très discret, hormis sur une somptueuse ouverture pour Mbappé gâchée par le Parisien, et sur un coup franc à rebonds qui aurait pu tromper Schmeichel. Ce n’est pas suffisant.
Enfin, les entrants, notamment Randal Kolo Muani et Christopher Nkunku ont été trop discrets, alors que Youssouf Fofana a fait preuve de maladresse. Adrien Truffert a au moins essayé d’apporter quelque chose côté gauche. S’il est difficile de comprendre pourquoi Raphaël Varane n’a pas été titularisé, il l’est plus encore de l’avoir vu rester sur le banc alors que la défense se noyait. On aurait voulu prouver qu’il était indispensable qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
On l’a déjà dit, il n’y en aura plus d’ici l’ouverture de la Coupe du monde. Autrement dit, ce sont ceux du premier tour qui devront servir de réglage avant les matchs à élimination directe. Encore faudra-t-il les atteindre : sur ce qu’elle a montré en 2022, avec deux matchs aboutis (Afrique du Sud en mars et Autriche en septembre) sur sept, et quand même trois défaites, l’équipe de France partira au Qatar sans aucune garantie. Espérons qu’elle aura retrouvé l’ensemble de ses cadres, car elle en aura bien besoin, sous peine de passer à la trappe comme l’Allemagne en 2018, l’Espagne en 2014 ou l’Italie en 2010.
En attendant, il y aura le 9 octobre le tirage au sort de la phase qualificative pour l’Euro 2024 en Allemagne. Celle-ci étant évidemment qualifiée d’office, les Bleus ne pourront pas la rencontrer, pas plus que l’Angleterre ou la Suisse qui sont dans le chapeau 2, comme la France. Ce n’est pas grave puisque il y aura deux qualifiés directs par groupe, comme dans un premier tour de Ligue des Champions, ce qui diminue l’avantage d’être tête de série.