Le résultat était-il prévisible ?
Les Bleus abordaient ce match avec humilité, et pour cause : ils avaient perdus leurs deux derniers matchs contre le Danemark pas plus tard qu’en juin et septembre, et n’avaient plus enchaîné deux victoires depuis le mois de mars. Ce match-là n’était décisif que dans le bon sens, et la pression était plutôt sur leurs adversaires qui avaient pioché contre la Tunisie d’entrée (0-0). Une victoire française était donc probable, avec un écart réduit, ou à la limite un match nul qui n’arrangerait personne. Mais gagner les deux premiers matchs en Coupe du monde est tout sauf une évidence, puisque ce n’était arrivé que trois fois dans le passé pour la France, à chaque fois avec Deschamps d’ailleurs. Et ça n’a pas raté : un bon 2-1 des familles comme en 1998.
L’équipe est-elle en progrès ?
C’est curieusement alors qu’elle a été le plus en danger, c’est-à-dire en deuxième mi-temps, que l’équipe de France a fait la différence. Sa première période avait été mieux maîtrisée, avec une domination constante dans tous les secteurs du terrain, mais un manque de tranchant à la conclusion. Rassurant derrière, correct au milieu et décevant devant. Que les Bleus aient pu débloquer le score et ne pas se décourager (ou chercher à gérer) après l’égalisation rapide des Danois, c’est bon signe : pour aller au bout d’une phase finale, il faut pouvoir se dépasser, même quand les vents sont contraires. C’est en tout cas beaucoup mieux que ce qu’ils ont montré lors des six matchs de Ligue des Nations, où ils n’avaient inscrit que cinq buts en neuf heures de jeu. Au Qatar, ils en sont à six en trois heures. De quoi se permettre quelques approximations défensives.
Quels sont les joueurs en vue ?
Antoine Griezmann ne marque plus (son dernier but en sélection remonte à plus d’un an, contre le Kazakhstan, ce qui fait onze matchs sans but, mais il est extrêmement précieux par son activité, positionné plus bas et avec trois attaquants devant lui. Dommage qu’on n’ait pas vu cette configuration plus tôt avec Kanté et Pogba, d’ailleurs. Il aurait mérité de marquer sur sa volée de la 60e.
Kylian Mbappé a commencé par une première période à l’envers, où il a perdu des ballons qui semblaient faciles, et raté encore une superbe occasion sur un service de Dembélé. Mais il s’est bien repris par la suite, amenant le danger dans la surface danoise, et marquant deux buts pas très beaux mais qui valent cher.
Adrien Rabiot continue sa Coupe du monde sur la lancée de son premier match. Complémentaire de Tchouaméni, il a couvert beaucoup de terrain et s’est même offert le luxe d’un retourné presque cadré.
Dayot Upamecano prend aussi de la confiance. Le Munichois a été serein et très actif derrière, même si on aurait aimé un peu plus d’audace dans la relance. Il semble s’imposer comme titulaire aux côtés de Varane, ce qui était loin d’être évident il y a encore deux mois.
Théo Hernandez est encore passeur décisif, une habitude pour lui (6 fois en 9 sélections). Sa combinaison avec Mbappé sur l’ouverture du score était parfaite.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Hugo Lloris a encore été décisif en Coupe du monde, devant Lindsröm au plus fort du retour danois alors qu’il y avait 1-1. Mais son jeu au pied est toujours aussi préoccupant, le ballon étant systématiquement rendu à l’adversaire sur ses dégagements.
Aurélien Tchouaméni a semblé timide en début de match, où il n’a pas contribué à accélérer un jeu très lent. Un peu meilleur après la pause, mais il peut faire beaucoup mieux.
Olivier Giroud n’a pas réussi à enchaîner et il était visiblement déçu de sortir à l’heure de jeu. Mais Marcus Thuram, qui l’a remplacé, n’a rien fait d’extraordinaire. Sa place de titulaire n’est pas menacée.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Maintenant que la qualification est acquise, il va être possible de gérer l’effectif face à la Tunisie. Il n’est même pas indispensable de prendre des points pour terminer premier, mais nul ne sait si c’est une affaire, compte tenu du faux départ de l’Argentine qui pourrait sortir de son groupe à la deuxième place. Autrement dit, l’éventualité d’une équipe bis avec sept ou huit remplaçants alignés au coup d’envoi est très élevée et serait même raisonnable, compte tenu de la casse de ces dernières semaines. Pour rappel, entre 2014 et 2021, le dernier match du premier tour s’est soldé à chaque fois sur un score nul (Equateur 0-0, Suisse 0-0, Danemark 0-0, Portugal 2-2). Il faut remonter à 1998 pour voir les Bleus faire le plein au premier tour.