Le résultat était-il prévisible ?
Perdre contre la Tunisie semblait assez peu probable, même si l’annonce de la composition de l’équipe de France en début d’après-midi n’envoyait pas vraiment de bons signaux. Beaucoup trop de joueurs inexpérimentés, et pas forcément à leur poste habituel. C’était la promesse d’un match plutôt ennuyeux en mode Equateur 2014, Suisse 2016 ou Danemark 2018. Mais la Tunisie jouait la qualification, et les Aigles de Carthage ont donné tout ce qu’ils avaient, ce qui était beaucoup plus que l’équipe B (voire C, compte tenu du nombre de forfaits cet automne) des champions du monde. C’est probablement le plus mauvais match des Bleus de cette année, qui n’en manquait pourtant pas. Même les entrées successives de Mbappé, Griezmann et Dembélé n’ont pas suffi, avec en épilogue un but refusé après le coup de sifflet final, ce qui fera des choses à raconter plus tard.
L’équipe est-elle en progrès ?
D’évidence non, mais encore faudrait-il savoir de quelle équipe on parle. Celle avec Disasi arrière droit, Camavinga arrière gauche, Veretout au milieu et une attaque Coman-Kolo Muani est assez loin des standards d’un champion du monde, même privé de Lucas Hernandez, Kanté, Pogba et Benzema. Quand en plus les cadres comme Mandanda et Varane (les deux capitaines du jour) passent à côté de leur match, il n’y a plus grand chose à espérer.
Au-delà de ce résultat inhabituel (c’est le premier match perdu par Didier Deschamps comme sélectionneur lors d’un premier tour, en quinze sorties depuis 2014), la dynamique n’est pas bonne : l’équipe de France restait, avant juin dernier, sur 3 défaites en 43 matchs. Elle vient de perdre 4 des 9 derniers, pour seulement 3 victoires et 2 nuls. Mais elle a remporté les deux qu’il fallait pour continuer sa route, donc on va attendre un peu pour faire un bilan de 2022. L’année n’est pas finie.
Quels sont les joueurs en vue ?
Le match a été tellement raté qu’il n’est pas difficile de sortir un joueur qui s’en est tiré honorablement. Il s’agit d’Ibrahima Konaté, qui a fermé boutique derrière quand ses camarades organisaient une journée portes ouvertes. Meilleur que face à l’Australie, où son association avec Upamecano avait été parfois défaillante, il a compensé tout ce qu’il a pu avec beaucoup d’autorité. Lui au moins a montré au sélectionneur qu’il pouvait compter sur lui.
Antoine Griezmann et Ousmane Dembélé ont fait des différences quand ils sont entrés, mais c’était trop tard pour renverser la tendance. Au moins auront-ils amené de la vitesse, de l’audace et un minimum de qualité technique. Dommage qu’Olivier Giroud n’ait pas été lancé dans la bataille. Il a cruellement manqué devant.
Quels sont les joueurs en retrait ?
On peut dire tous les autres, à des degrés divers. Si Axel Disasi, après des débuts compliqués, a fait ce qu’il a pu, de même que Randal Kolo Muani complètement livré à lui-même devant, les Marseillais Veretout et Guendouzi ont été catastrophiques au milieu, alors que les ex-compères de Monaco Tchouaméni et Fofana ont été à peine moins pire. Camavinga, placé arrière gauche alors que sa précédente sortie, en septembre, avait été très décevante, a semblé perdu en première mi-temps avant de se battre courageusement après. Kingsley Coman n’a rien apporté, de même qu’un Raphaël Varane très loin de son niveau de 2018.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Ce France-Pologne est plutôt une bonne affaire. Les coéquipiers de Lewandowski ont fait un premier tour sans relief, hormis leur victoire contre une Arabie Saoudite encore sous le choc de son exploit face à l’Argentine. Mais elle n’a marqué que ce jour-là, grâce notamment à son buteur prolixe.
D’évidence, l’équipe de France partira favorite pour ce huitième, ce qui semble logique pour un champion du monde en titre. Mais favorite, elle l’était l’an dernier contre la Suisse au même stade de la compétition, et on connaît la suite. Il faudra donc aux Bleus beaucoup de sérieux, d’humilité, mais aussi de détermination pour passer l’obstacle avant de rencontrer le vainqueur d’Angleterre-Sénégal en quart, et l’Allemagne, la Croatie ou le Portugal en demi.