Après avoir annoncé la veille le possible retour de Benzema en sélection, L’Equipe du 19 mai consacre sa Une et huit pages intérieures à ce que Vincent Duluc présente dans son édito comme « une des plus grandes surprises de ces trente dernières années ». L’article le plus intéressant du lot (après le récit de la journée d’hier, les réactions du milieu du football et un récapitulatif de l’affaire de la sextape) est celui de Hugo Delom, « Un triangle d’or », qui tente de répondre à la question à venir : comment l’intégrer à l’équipe des champions du monde, et qui en fera les frais ? « Les Bleus vont s’avancer vers l’Euro avec une armada offensive exceptionnelle. Peut-être la plus redoutable de l’histoire de l’équipe de France. » Avec une conséquence inévitable : « probablement évacuer la candidature en temps que titulaire du deuxième meilleur buteur de l’histoire des Bleus, Olivier Giroud. » L’association Griezmann-Benzema interroge. « Le Griezmann de 2021 n’est pas le même que celui de 2014. Le constat est doublement vrai pour Benzema, devenu ces dernières années un attaquant complet, toujours aussi précis devant le but mais qui n’hésite pas à décrocher. » Quand à Mbappé, qui a joué essentiellement dans l’axe en sélection depuis l’automne dernier, « il va devoir s’adapter ».
Dans Le Parisien, qui constate avec à-propos en Une que « Deschamps déconfine Benzema », Rémy Dessart note dans son édito intitulé « Haute pression », que cette décision « instaure un surcroît de pression sur les épaules de Didier Deschamps. Aurait-il dû crever plus tôt l’abcès avec le Madrilène ? N’est-il pas risqué de l’appeler à la dernière minute ? Avec une équipe aussi forte, la défaite n’est plus une option. »
Pour La Voix du Nord, Richard Gotte se réjouit : « Il ne pouvait pas y avoir de nouvelle plus rafraîchissante, plus émoustillante côté ballon rond et plus réconfortante sur la nature des hommes pour lancer l’Euro. » Tout en précisant que l’ancien Lyonnais « revient par la grande porte pour une place de titulaire », puisqu’il « aurait été même été présent dans une liste à 23 joueurs, a indiqué Didier Deschamps. »
Dans Sud-Ouest, Nicolas Le Gardien a interrogé la légende bordelaise Alain Giresse. « Didier a besoin de joueurs comme lui, Karim a besoin de l’équipe de France pour gagner encore des trophées, pointe l’ancien milieu des Bleus qui y voit deux avantages : un atout supplémentaire, et une stimulation dans un groupe où la hiérarchie offensive a peu évolué depuis 2018. Il a les qualités pour s’adapter quelque soit son rôle. Il l’a montré en aidant Cristiano Ronaldo longtemps au Real, ou en s’imposant ensuite plus comme un buteur quand le Portugais est parti ».
Dans La Provence, Alexandre Jacquin salue « L’incroyable retour », tout en soulignant « La réconciliation de deux hommes, Didier Deschamps et Karim Benzema. En attendant — et surtout en espérant — celle de deux France. Sur le flanc droit, la conservatrice, voire rétrograde, parfois aveuglée par la haine, qui résume l’attaquant du Real Madrid au mot racaille. Sur le versant gauche, la banlieusarde, issue de l’immigration, privée de modèle d’intégration quand, vingt ans plus tôt, elle s’identifiait à Zinédine Zidane, Zorro génial d’une nation black-blanc-beur tombée aux oubliettes. »
En Belgique, dans Le Soir, Rocco Minelli constate que « Deschamps l’a donc rappelé parce qu’il en a besoin. Giroud, précieux, indispensable même, lors des deux précédentes campagnes des Bleus, joue encore moins que lorsqu’il ne jouait pas et Mbappé n’est pas un joueur associatif comme le sont Giroud et Benzema. […] Das un groupe avec l’Allemagne et le Portugal, Deschamps n’aura pas le temps d’imaginer des solutions de repli si Giroud et/ou Mbappé se blessent. »
Sur RTL, quelques minutes après l’annonce de Deschamps, Grégory Fortune revient sur le parcours en dent de scie de Benzema en sélection depuis ses débuts, en mars 2007, où il marque neuf minutes après avoir remplacé Cissé. Jusqu’à ce soir de l’automne 2015 contre l’Arménie à Nice, où il signe un doublé, se blesse et quitte les Bleus pour cinq ans et demi. « En janvier dernier encore, « DD » assure sur RTL qu’il « n’oubliera jamais ». Mais imaginer Benzema banni de l’équipe de France tant qu’il n’y aurait pas de nouvel homme sur le banc, c’était oublier d’autres propos du capitaine des champions du monde 1998, notamment le 1er mars 2017 : "Si j’estime que c’est bien pour la sélection de rappeler Karim, je le ferai ». »
Equipe de France : Benzema, 14 ans d’une histoire contrariée avec les Bleus, par Grégory Fortune mardi 18 mai sur RTL.
Comment vont évoluer les Bleus dans le secteur offensif ? Sur le site de France-Football, dès mardi soir, la question était posée. « Deux habituels titulaires et, par voie de conséquence, certains seconds couteaux devraient voir leur statut évoluer dans les prochains jours. Le retour de KB9 répond en effet à une logique sportive : Olivier Giroud n’a que trop peu joué cette saison (8 titularisations en Premier League) et le sélectionneur ne semble pas vouer une confiance aveugle à Wissam Ben Yedder. […] Et comme Deschamps tient à son 4-2-3-1 (ou 4-4-2, c’est selon) et à la stabilité qu’il confère à son équipe, Kingsley Coman devrait également faire les frais de ce remaniement. »
Tactique : Karim Benzema, ça change quoi pour l’équipe de France ? mardi 18 mai sur France Football
Sa présence est aussi une surprise, tant il est rare mais pas exceptionnel qu’un joueur jamais sélectionné soit intégré dans une liste pour une phase finale (c’était le cas de Samuel Umtiti en 2016 ou d’Alphonse Areola en 2018). Jules Koundé est éclipsé par Karim Benzema, et Corentin Parbaud le présente sur le site de RMC Sport : « Koundé a eu une courbe de progression linéaire mais impressionnante ces dernières saisons. À Bordeaux, il est capitaine chez les jeunes et champion de France des moins de 19 ans en 2017. Il grille les étapes et joue son premier match en Ligue 1 à 20 ans, en 2018, avant de s’installer rapidement comme titulaire. En juillet 2019, il s’envole pour Séville contre 25 millions d’euros. En Andalousie, ses qualités sont louées par les médias, alors qu’il est titulaire indiscutable, avec 33 matchs disputés en Liga cette saison, et qu’il s’est distingué individuellement, notamment contre le Barça en Coupe du roi. »
Koundé, l’invité de dernière minute pour l’Euro, par Corentin Parbaud mardi 18 mai sur le site de RMC Sport.
Il sera intéressant de voir, si vous ne l’avez pas fait, l’émission de Samuel Olivier avec Didier Deschamps sur ses coups tactiques pour BeIn Sports le 11 mai dernier. 26 minutes très riches devant un paperboard où le sélectionneur revient sur ses choix à propos de plusieurs matchs emblématiques de son mandat, et notamment celui à Madrid contre l’Espagne en novembre 2012 où Giroud avait égalisé après avoir remplacé... Benzema.