Ces générations bleues si fécondes

Publié le 11 novembre 2024 - Bruno Colombari

Alors que l’équipe de France fait face, depuis 2022, à un fort renouvellement, si on relisait l’histoire des Bleus en fonction de l’année de naissance de ses joueurs ?

Mise à jour d’un article initialement paru en juin 2013.
4 minutes de lecture

Depuis la fin de la Coupe du monde 2022 et l’arrêt d’un joueur né en 1985 (Mandanda), deux en 1986 (Lloris et Giroud), un en 1987 (Benzema), un en 1991 (Griezmann) et un en 1993 (Varane), ce sont donc six joueurs majeurs, dont cinq titulaires, qui ont quitté les Bleus en moins de deux ans.

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A la place, sont arrivés des gamins nés au 21e siècle comme Zaïre-Emery (2006), Barcola et Camavinga (2002), Saliba, Olise et Koné (2001). Nul ne sait quelle place ils prendront en équipe de France, mais les nouvelles générations chassent les anciennes, comme c’est le cas depuis 1904.

Le terme générations est peut-être mal adapté si on parle de joueurs nés la même année, ce que l’INSEE traduit plutôt par cohortes et l’armée par classes. Dans cet article, et contrairement à la série sur les dix générations des Bleus (un groupe de joueurs ayant majoritairement évolué à la même période qu’un des dix joueurs majeurs de l’équipe de France), il s’agit bien ici de joueurs nés la même année.

Avec actuellement 941 joueurs nés entre 1878 et 2006, soit 129 ans, on obtient une moyenne de 7,3 naissances par an. Mais ce n’est qu’une moyenne, évidemment. Elle est largement dépassée par 16 années comptant chacune au moins 12 naissances. Pour l’essentiel, elles se situent avant la Deuxième Guerre mondiale, dont 5 au 19e siècle, 6 autres avant 1914 et 3 autres avant 1940. Les deux exceptions sont 1948 et 1979, mais c’est 1924 (16 naissances) qui détient le record.

Sur les années récentes, la moyenne est retombée puisque depuis 1979, on ne compte plus que trois années à plus de 10 naissances : 1985 (celle de Mandanda), 1987 (celle de Benzema) et 1993 (celle de Varane). Mais bien sûr, pour les joueurs en activité, le nombre de naissances des années récentes (disons depuis 1996) va augmenter : il n’y en a pour l’instant que 11 au 21e siècle.

A l’autre bout du classement, on notera que depuis 1878 et jusqu’à 1993, il n’y a que quatre années qui n’ont donné aucun international français : 1879 et 1880 (mais il ne faut pas oublier que pour moins d’une dizaine de joueurs, l’année de naissance n’est pas connue), 1917 et 1992. Les joueurs nés cette année-là n’ayant que 21 ans, il est certain que quelques uns viendront grossir les rangs des Bleus dans les mois ou les années à venir.

Regardons maintenant non plus le nombre de joueurs par année, mais le nombre total de sélections par année de naissance. A ce petit jeu, évidemment, les années d’avant-guerre disparaissent du haut du tableau.

Quatorze années dépassent les 200 sélections cumulées. Le record est détenu, depuis peu, par 1986 avec 387 capes, mais évidemment, les 145 de Hugo Lloris et les 137 d’Olivier Giroud pèsent très lourd dans la balance. 1977, qui a longtemps été devant avec 382 sélections cumulées, les devait essentiellement aux 123 de Thierry Henry et à un degré moindre aux 84 de William Gallas et aux 71 de David Trezeguet. 1968 arrive en troisième position avec un autre duo de centenaires, Marcel Desailly (116) et Didier Deschamps (103), devant 1972 et là aussi un fameux duo formé par Lilian Thuram (142) et Zinédine Zidane (108). Viennent ensuite la fameuse génération 1987, celle de 1993 et enfin la toute première génération dorée, celle des champions d’Europe Platini, Bossis, Rocheteau ou Tigana, tous quatre nés en 1955.

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Les années les plus efficaces

Ce sont celles qui comptent la plus forte moyenne de matches par joueur. 1977 est toujours devant (54,6 sélections de moyenne), mais 1986 arrive derrière (48,4) devant 1991 (45,8) qui devrait encore progresser grâce à N’Golo Kanté, 1976 (41,7, grâce à Patrick Vieira) et le duo 1968 (40,9) - 1972 (40,2).

Les champions du monde et d’Europe 1998-2000

Dix-huit joueurs ont réussi le doublé Mondial-Euro en 1998 et 2000. C’est l’année 1968 qui est la plus représentée (quatre fois) avec Deschamps, Desailly, Lebœuf et Djorkaeff, devant 1972 (Thuram, Zidane et Dugarry), 1977 (Henry et Trezeguet), 1973 (Pires et Candela) et 1970 (Petit et Karembeu). Viennent enfin 1976 (Vieira), 1971 (Barthez), 1969 (Lizarazu), 1965 (Blanc) et 1963 (Lama).

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Les champions du monde 2018

Les vainqueurs du tournoi en Russie sont nés en 1993 pour six d’entre eux (Aréola, Umtiti, Varane, Pogba, Fekir et Thauvin). Le reste se répartit entre 1985 (Mandanda et Rami), 1986 (Lloris et Giroud), 1991 (Kanté et Griezmann), 1994 (Mendy et Tolisso), 1995 (Kimpembe et Lemar) et 1996 (Lucas Hernandez et Pavard). Cinq autres années n’ont qu’un seul représentant : 1987 (Matuidi), 1988 (Nzonzi), 1992 (Sidibé), 1997 (Dembélé) et 1998 (Mbappé).

La génération 1984-1986

Seize joueurs ont été champions d’Europe 1984 puis troisièmes au Mundial mexicain en 1986. C’est l’année 1955 qui est la plus représentée (quatre fois) avec Bossis, Platini, Tigana et Rocheteau. Vient ensuite 1962 avec le trio Amoros-Ferreri-Bellone, puis 1958 (Genghini et Tusseau) et 1957 (Battiston et Bats). Avec un seul joueur viennent enfin 1960 (Le Roux), 1959 (Fernandez), 1954 (Bergeroo), 1953 (Rust) et 1952 (Giresse).

L’année 1924

Avec seize internationaux, c’est donc l’année la plus prolifique. Pourtant, à y regarder de plus près, elle n’a pas accouché de grands noms, hormis bien sûr Roger Marche, longtemps recordman de sélections (63) et participant de l’épopée de la Suède en 1958, lors de la dernière année de sa longue carrière. Il ne participe cependant qu’à une seule rencontre, la deuxième face à la Yougoslavie, perdue 2-3.

Viennent ensuite Antoine Cuissard (27 sélections) dont la carrière va de 1946 à mai 1954, juste avant la coupe du monde en Suisse pour laquelle il n’est pas retenu, et Pierre Flamion (17 matches entre 1948 et 1953). Les autres n’ont fait que passer chez les Bleus, pris dans le grand brassage de l’après-guerre.

Une série sur les générations par année va commencer dans les prochains jours. Elle s’attachera à montrer les continuités et les divergences des parcours des internationaux nés la même année.

Dataviz : toutes les générations des Bleus en un coup d’oeil

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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