Si on n’a pas encore évoqué sur ce site le projet fumeux de Ligue des Nations préparé par l’UEFA, c’est que ses contours sont bien flous. Et comme cette pseudo-compétition viendra prendre la place de rencontres amicales, on peut déjà en déduire qu’il sera encore plus difficile qu’aujourd’hui d’organiser des matches entre l’équipe de France et des sélections asiatiques, américaines, africaines ou océaniennes.
Voyons un peu à quelle fréquence l’équipe de France a disputé des rencontres intercontinentales depuis la coupe du monde 1978. Afin d’affiner l’étude, on va séparer les années en trois groupes : le premier comprend celles avec une phase finale de coupe du monde jouée par la France, ainsi que les deux coupes des Confédérations de 2001 et 2003. Le deuxième regroupe les années paires bissextiles, donc celles de phase finale d’Euro, que la France y ait participé ou pas, auxquelles on a ajouté 1990 et 1994, puisque les Bleus n’étaient pas qualifiés pour la coupe du monde. Le troisième contient les années impaires (sauf les deux citées précédemment), qui ne comprennent que des matches de qualifications dans la zone Europe et quelques amicaux.
Sur ces neuf années, la proportion de matches intercontinentaux est la plus élevée : 34% du total, soit un match sur trois. C’est l’année 2001, avec la coupe des confédérations en France, que cette proportion est la plus élevée, avec neuf matches sur treize. Il est vrai que, qualifiés d’office pour la coupe du monde 2002, les Bleus ne disputent pas de qualifications dans la zone Europe cette année-là. Ils rencontrent le Japon deux fois, la Corée du Sud, l’Australie deux fois, le Mexique, le Brésil, le Chili et l’Algérie, soit des représentants des quatre continents !
L’année 2010 vient juste après, avec une répartition quasi en équilibre entre matches européens (7) et intercontinentaux (6). Cette année-là, les Bleus ont joué le Costa-Rica, la Tunisie, la Chine, l’Uruguay, le Mexique et l’Afrique du Sud, avec une seule victoire, deux nuls et trois défaites.
On remarquera en passant que les années où les Bleus ont disputé sept matches de coupe du monde (1982, 1986, 1998 et 2006), le taux de matches intercontinentaux n’a jamais été très élevé. En phase finale, il est plus fréquent de jouer contre des pays européens (6 en 1982, 5 en 1986, 4 en 2006), 1998 étant l’exception qui confirme la règle avec quatre matches intercontinentaux contre l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, le Paraguay et le Brésil.
En 2014, l’équipe de France est assurée de jouer au moins quatre matches intercontinentaux : contre le Paraguay (1er juin) et la Jamaïque (8 juin) en amical, le Honduras (le 15) et l’Equateur (le 25) lors du premier tour de la coupe du monde. En huitièmes de finale, l’adversaire probable des Bleus ne sera pas européen, ce sera sans doute le Nigéria ou l’Argentine, à moins que la Bosnie ne parvienne à se frayer un passage.
Si on regarde maintenant les années paires hors coupe du monde, la différence est flagrante. Quatre fois sur onze seulement l’équipe de France a joué plus d’un match dans l’année contre une équipe non européenne : en 2008 (cinq, dont trois de préparation à l’Euro contre l’Equateur, le Paraguay et la Colombie) en 2000 (cinq aussi, dont trois amicaux post-Euro et deux en préparation au Maroc), en 1994 (trois, dont deux lors d’une mini-tournée asiatique) et à un degré moindre en 2012 (Japon et Uruguay). Le reste tient à très peu de chose, un match contre le Brésil par ci par là (1992, 2004), des amicaux contre le Maroc (1988) ou le Mexique (1996). Et rien du tout en 1980 et 1984.
Enfin, troisième groupe, celui des années impaires. Pas très différent du précédent, avec un nombre de rencontres européennes quasi stable ces dernières années (neuf ou dix) et côté reste du monde, quasiment rien jusqu’en 1995 : quatre confrontations étalées sur neuf années. Depuis 1997, il y a du mieux, mais jamais plus que deux matches dans l’année jusqu’en 2009, et trois en 2011 et 2013. C’est cette configuration-là qui serait menacée par la Ligue des Nations : une tournée sud-américaine en juin d’une année impaire serait dès lors impossible.
Les pays hors Europe les plus rencontrés sur ces 36 dernières années sont le Brésil (dix fois, dont quatre fois en compétition), l’Uruguay (six fois, dont deux en compétition), le Japon (six fois également, deux fois en compétition), le Maroc (cinq fois), l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Mexique et la Tunisie (quatre fois), l’Australie, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Chili (trois fois).