Le comité de pilotage a présenté le calendrier de l’Euro 2016 vendredi 25 avril. Un Euro qui change encore une fois de format : après cinq éditions de la coupe d’Europe des Nations de 1960 à 1976, dont le principe ressemblait un peu à la Champion’s League actuelle (phase de poules, puis quarts de finale en aller-retour, puis demi-finales et finale dans un même pays choisi parmi le dernier carré), quatre Euros à 8 équipes entre 1980 et 1992 (avec la réintroduction des demi-finales en 1984), cinq Euros à 16 entre 1996 et 2012, voici arrivé l’Euro à 24.
24 participants, c’est un format particulièrement mal adapté dans un tournoi : c’était celui retenu pour la coupe du monde 1982 en Espagne, avec six groupes de quatre qui débouchaient sur quatre groupes de trois au second tour, avant les demi-finales. Lors de l’édition suivante au Mexique, le second tour, peu sexy, était remplacé par des huitièmes et des quarts de finale. Mais pour passer de 24 à 16, il fallait n’éliminer que huit équipes à l’issue du premier tour. Et donc qualifier les quatre meilleurs troisièmes. Autant dire enlever beaucoup d’intérêt au premier tour.
Vingt matches en plus pour gonfler les recettes...
La bonne jauge serait donc 16 équipes (quatre groupes de quatre, puis quarts de finale) ou 32, format de la coupe du monde depuis 1998 (huit groupes de quatre, puis huitièmes de finale). Dans ces deux cas, la moitié des participants sont éliminés à l’issue du premier tour.
C’était visiblement trop simple. Michel Platini, en bon président de l’UEFA soucieux de soigner son électorat, s’est dit que plus on est de fous, plus on rit (et mieux on vote). Et donc, pourquoi pas 24 ? Ça ne fait jamais que 20 matches en plus à disputer (12 au premier tour et les huitièmes) dans un calendrier déjà saturé, et bien sûr plus de droits télé à négocier.
Non seulement cette formule est mal taillée — on repêchera les quatre meilleurs troisièmes du premier tour pour retomber à seize équipes… soit le format des tournois précédents — mais elle enlèvera un peu plus d’intérêt aux phases qualificatives, puisque sur les 53 participants, 23 pays seront qualifiés (plus la France), soit 44% du total. Et les mêmes calculs tordus vont être à l’œuvre pour sortir non plus 15 mais 23 équipes de 9 groupes de 6 : on qualifie les deux premiers de chaque groupes et on fait disputer des barrages aux huit meilleurs troisièmes. Bref.
...et la Ligue des Nations en prime !
Histoire de compliquer encore un peu la sauce, l’UEFA a sorti du chapeau une improbable Ligue des Nations qui entrera en vigueur en septembre 2018 et dont l’objectif est de remplacer les matches amicaux entre deux compétitions [1]. Et comme quatre places de ladite Ligue devraient être qualificatives pour l’Euro, on voit venir de loin la manœuvre : à terme, cette nouvelle compétition (qui fonctionne sur un principe de groupes de niveaux, comme dans les ligues nationales, avec promotion et relégation) pourrait remplacer les phases qualificatives de l’Euro. [2] Et tarir les matches amicaux intercontinentaux [3]
Revenons à l’Euro. Si l’on voulait absolument aboutir à un tournoi à 24, il y avait pourtant une solution plus élégante : créer huit groupes de trois équipes au premier tour, avec le premier qualifié directement pour les huitièmes de finale, tandis que les deuxièmes et troisièmes joueraient un match de barrage. Chaque équipe serait assurée de jouer au moins trois fois, et les meilleurs du premier tour économiseraient une rencontre. Ainsi, tous les matches du premier tour auraient un enjeu, puisqu’une équipe pourraient encore se qualifier pour les huitièmes après deux défaites initiales.
En 2020, le Brésil champion d’Europe ?
A part ça, le calendrier publié vendredi par l’UEFA [4] n’apprend pas grand chose, évidemment. La France jouera le match d’ouverture le 10 juin au Stade de France, puis se rendra au Vélodrome à Marseille le 15 juin et finira son premier tour à Lille le 19 juin, à chaque fois à 21h. Les demi-finales auront lieu le 6 juillet à Lyon et le 7 à Marseille, la finale le 10 juillet à Saint-Denis. Rien que de l’archi-classique. En attendant un Euro 2020 dispersé aux quatre vents, et que l’UEFA souhaiterait (selon le quotidien anglais The Independent) ouvrir à des nations invitées comme le Brésil, l’Argentine ou le Japon. Et pourquoi pas les All Blacks, tant qu’on y est ?