Le suspens n’était pas si grand : alors que Franck Ribéry, convoqué, ne devrait pas jouer face aux Pays-Bas, l’arrivée d’Antoine Griezmann chez les Bleus était une évidence. Avec 15 buts marqués en Liga (dont un récemment contre Barcelone) et une polyvalence très utile sur le front de l’attaque, le joueur de la Real Sociedad était annoncé depuis plusieurs semaines. On peut même penser que sans sa suspension d’un an (levée en janvier dernier), il aurait pu rejoindre les A depuis quelques mois.
Sur un flanc gauche occupé par les deux tauliers Evra et Ribéry, il est rejoint par le Parisien Lucas Digne, dont la convocation, si elle semblait inéluctable à moyen terme, était moins évidente dès cet hiver. Son arrivée est une excellente nouvelle tant ce poste semble frappé de malédiction depuis le recentrage d’Eric Abidal. Et le duo Digne-Griezmann le long de la ligne de touche se pose déjà comme un peu plus qu’une alternative, d’autant qu’on voit mal Patrice Evra aller au-delà du Brésil.
Amoros-Ribéry, ou Bravo-Chimbonda ?
La situation des deux nouveaux rappelle celle de Manuel Amoros en février 1982 et de Franck Ribéry en mai 2006. Les deux ont été appelé en Bleu sans avoir participé aux qualifications, le premier venant d’une équipe en route vers le titre de champion de France (Monaco), le second alors qu’il évoluait à l’Olympique de Marseille. Ni l’un ni l’autre ne postulaient à un rôle de titulaire dans les mois suivants. Le défenseur monégasque s’est imposé en cours de tournoi à la place de Battiston côté droit, tandis que Franck Ribéry a pris la place de Wiltord en milieu droit. Les âges correspondent aussi : 20 ans et 23 jours pour Amoros lors de sa première sélection (20 ans et 5 mois pour Digne s’il joue contre les Pays-Bas), 23 ans et un mois pour Ribéry (22 ans et onze mois pour Griezmann).
On leur souhaite toutefois de ne pas connaître le sort funeste de deux joueurs ayant débuté le même jour que Ribéry et Amoros : Pascal Chimbonda (appelé en mai 2006 et qui n’a joué qu’une poignée de minutes avant de disparaître de la circulation) ou Daniel Bravo, écarté au dernier moment du Mundial 1982 et faisant banquette à l’Euro 84 (13 sélections, 1 but). Même si le premier a orné son palmarès de la plus inattendue médaille de vice-champion du monde, et que le second a été titré champion d’Europe.
La liste finale se dessine
La présence de Stéphane Ruffier avec Steve Mandanda et Hugo Lloris est elle aussi logique, le Stéphanois ayant le statut depuis plus de trois ans de numéro quatre. La présence d’Eliaquim Mangala à la place d’Eric Abidal interroge forcément sur la présence du Monégasque au Brésil, même s’il serait surprenant que Deschamps parte en coupe du monde avec trois défenseurs centraux âgés de 24, 23 et 21 ans. Gaël Clichy, lui, a probablement perdu sa place à gauche, d’autant plus qu’elle est convoitée par Leyvin Kurzawa dont le niveau de jeu n’est pas loin de celui de Digne.
Au milieu, rien que du classique : hormis le retour de Rio Mavuba, on a le trio de titulaires potentiels (Cabaye-Matuidi-Pogba) qui avait fait des étincelles contre l’Ukraine et les doublures Sissoko et Grenier. On voit mal qui pourrait s’intercaler ici, le retour de Yohann Gourcuff (l’intermittent du spectacle le plus cher du football français) semblant désormais utopique.
Enfin, en attaque, même si on peut s’interroger sur la présence d’un Dimitri Payet fantômatique en sélection, tout le reste était attendu. Griezmann et Ribéry à gauche, Valbuena et Payet à droite, Giroud et Benzema dans l’axe et Rémy un peu partout. Avec ça, Didier Deschamps a de quoi voyager, tous les joueurs retenus étant polyvalents, excepté l’attaquant d’Arsenal.
Forcément, dans ce genre de liste, les absents ont toujours tort. Eric Abidal, Gaël Clichy, Samir Nasri et Batéfimbi Gomis sont mal partis pour voir le Brésil. Quant à Florian Thauvin et Alexandre Lacazette, ils devront sans doute patienter jusqu’à la fin de l’été pour prendre place dans le groupe en route pour l’Euro 2016. Réponse dans trois mois : Didier Deschamps devra donner à la Fifa une liste élargie de trente noms le 13 mai, puis la liste définitive au plus tard le 2 juin. On peut penser qu’il bouclera cette dernière plutôt le 28 mai, après le premier match de préparation contre la Norvège.