Mise à jour d’un article initialement paru en novembre 2016.
Petit point statistique pour commencer. Si le 11 novembre n’est certainement pas le jour le plus agréable de l’année d’un point de vue climatique, c’est celui où partout dans le pays retentit la Marseillaise sur le coup de 11 heures. Il était donc logique que ce soit aussi celui où l’équipe de France a le plus souvent joué.
Le France-Finlande a été le seizième match des Bleus disputé un 11 novembre. C’est autant que le 11 octobre et plus que le 5 juin (11), le 26 mars et le 27 mai (9). Rappelons que la moyenne de matches par jour est de 2,4 actuellement (878 divisé par 365).
Le bilan du 11 novembre est légèrement positif avec 7 victoires pour 5 défaites et autant de nuls, mais si on tient compte que les Bleus ont joué 13 fois à domicile (dont 7 à Colombes), c’est déjà moins flatteur.
Parmi les adversaires rencontrés, la Belgique est en tête (4 fois), devant la Suisse et la Norvège (2). Huit autres sélections n’ont été affrontées qu’une seule fois.
# | Genre | Date | Ville | Adversaire | score |
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862 | Amical | 11/11/2020 | Saint-Denis | Finlande | 0-2 |
815 | qCM | 11/11/2016 | Saint-Denis | Suède | 2-1 |
747 | Amical | 11/11/2011 | Saint-Denis | Etats-Unis | 1-0 |
614 | Amical | 11/11/2001 | Melbourne | Australie | 1-1 |
329 | qEuro | 11/11/1970 | Lyon | Norvège | 3-1 |
306 | qEuro | 11/11/1966 | Bruges | Belgique | 1-2 |
290 | qCM | 11/11/1964 | Paris (Parc) | Norvège | 1-0 |
285 | Amical | 11/11/1963 | Paris (Parc) | Suisse | 2-2 |
278 | Amical | 11/11/1962 | Colombes | Hongrie | 2-3 |
254 | Amical | 11/11/1959 | Colombes | Portugal | 5-3 |
231 | qCM | 11/11/1956 | Colombes | Belgique | 6-3 |
225 | Amical | 11/11/1955 | Colombes | Yougoslavie | 1-1 |
219 | Amical | 11/11/1954 | Colombes | Belgique | 2-2 |
211 | Amical | 11/11/1953 | Colombes | Suisse | 2-4 |
203 | Amical | 11/11/1952 | Colombes | Irlande du Nord | 3-1 |
63 | Amical | 11/11/1924 | Molenbeek | Belgique | 0-3 |
Du smog de Molenbeek au KO de Vignal
Le premier match des Bleus un 11 novembre s’est joué six ans après l’Armistice, en 1924 dans le brouillard épais de Molenbeek (0-3), avec un pénalty belge en fin de match tiré sur la barre. C’est le seul avant la deuxième guerre. La tradition des matches du 11 novembre sera instaurée au début des années cinquante, avec dix rencontres en quatorze ans, dont les sept premières à Colombes. La victoire contre l’Irlande du Nord en 1952 sera marquée par les deux premiers buts en sélection de Raymond Kopa (3-1) qui avait fait ses débuts un mois plus tôt.
En 1953, la Suisse vint l’emporter (4-2) en marquant quatre buts en 27 minutes alors que le gardien français René Vignal, KO, était remplacé par François Remetter. En 1954, nouveau doublé de Kopa dans le dernier quart d’heure qui évite la défaite face aux Belges (2-2), tout comme Piantoni l’année suivante qui égalise à quatre minutes de la fin face à la Yougoslavie (1-1).
De la manita de Cisowski aux débuts de Di Nallo
En 1956 arrive enfin le premier match de compétition joué un 11 novembre, contre la Belgique. Il s’agit de la poule qualificative pour la coupe du monde 1958, et c’est le festival signé Thadée Cisowski, auteur d’un quintuplé historique (13e, 15e, 44e, 72e et 88e) agrémenté, tant qu’à faire, une passe décisive pour Jean Vincent. Score de tennis (6-3) qui préfigure ce que sera l’épopée suédoise vingt mois plus tard : feu d’artifice devant et portes ouvertes derrière.
Thadée Cisowski marque cinq buts contre la Belgique en 1956.
Trois ans plus tard, rebelote contre le Portugal en amical. Roger Piantoni est forfait (il a été blessé à Sofia par le bulgare Largov un mois plus tôt) mais Kopa, Fontaine et Vincent sont là. Et ça va faire mal : il y a déjà 3-0 après une demi-heure, et Fontaine termine le match avec un triplé. 5-3, car les Portugais profitent des largesses de la défense française, avec au passage une nouvelle blessure de gardien, Georges Lamia remplaçant Dominique Colonna à l’heure de jeu.
En 1962, c’est la Hongrie de Florian Albert et Kalman Meszoly qui se présente à Colombes contre une équipe de France en perte de vitesse dans laquelle Raymond Kopa joue son dernier match alors que débute le jeune attaquant lyonnais Fleury Di Nallo. Ce dernier donne le change en égalisant deux fois mais les Hongrois sont supérieurs et l’emportent (2-3).
Un Argentin pour vaincre la Norvège
C’est au Parc des Princes que se joue le match suivant en 1963 contre la Suisse. La malédiction des gardiens continue et frappe cette fois-ci le portier helvète René Schneider, remplacé sur blessure juste avant la pause. Les Bleus n’en profitent pas, au contraire ils se font remonter leurs deux buts d’avance (2-2).
Jean-Louis Buron marque à la 18e minute contre la Suisse en 1963.
1964 voit le deuxième match de compétition le jour de l’Armistice. La Norvège croise la France pour la qualification à la World Cup 66 et se fait copieusement arroser de tirs en première mi-temps. Mais les Bleus, maladroits, ne marquent qu’un but par l’attaquant né en Argentine, Angel Rambert (1-0). Deux ans plus tard, l’équipe de France se déplace un 11 novembre pour la première fois depuis 1924, et c’est encore en Belgique, à Bruges, qu’elle s’incline (1-2) sur un doublé en trois minutes de l’attaquant Paul Van Himst.
En 1970 à Lyon, les Bleus reçoivent la Norvège qui leur a joué un mauvais tour deux ans plus tôt en gagnant à Strasbourg. Cette fois, pas de surprise avec Michel Mézy qui offre deux passes décisives à Georges Lech et Louis Floch avant de conclure lui-même (3-1) une victoire sans histoire.
L’Armistice version America’s Cup
On a longtemps cru que ce serait la fin des matches du 11 novembre : il faudra attendre 31 ans et 2001 pour voir le suivant, à Melbourne en Australie pour le plus long déplacement de l’histoire des Bleus. Un voyage interminable (près de 50 heures d’avion aller-retour) pour rien (1-1), Christophe Dugarry se faisant découper de surcroit par Muscat au terme d’une partie de manivelles bien peu amicale.
Australie-France 2001 à Melbourne, une bataille rangée.
S’il y avait bien un rendez-vous à ne pas manquer pour un match joué le 11 novembre, c’était l’année 2011 (11/11/11). Les Bleus de Laurent Blanc n’ont pas poussé le vice jusqu’à faire 1-1 face aux Etats-Unis, ils se sont contentés d’un 1-0, avec les débuts d’Olivier Giroud entré à la place de Kevin Gameiro. C’est Loïc Rémy qui a marqué le seul but d’un match insipide.
Il aura fallu pas mal de réussite aux Bleus pour renverser la situation en 2016, face à une sélection suédoise orpheline d’Ibrahimovic mais toujours aussi compliquée à manœuvrer. C’est paradoxalement quand ils ont été menés au score que les coéquipiers de Lloris, fautif sur le but suédois, ont enfin été dangereux devant (2-1). La malédiction continue, puisque si aucun gardien n’a été blessé, ils ont tous deux été mis à l’amende, Olsen se trouant sur le but de Payet.
Le tout dernier date de 2020, et il est paradoxal : joué dans un Stade de France vide pour cause de crise sanitaire, il est perdu contre une équipe, la Finlande, que les Bleus avaient toujours battue précédemment. C’est aussi la première défaite en amical depuis mars 2018, déjà à domicile (contre la Colombie, 2-3). C’est sans doute enfin le dernier match en Bleu de Steve Mandanda, battu deux fois en cinq minutes en première mi-temps. Pour l’occasion, les joueurs portaient un brassard orné d’un bleuet commémoratif.