L’enjeu

Une victoire sur la République d’Irlande le 7 septembre ouvrirait les portes de l’Euro aux Bleus : ils auraient alors 15 points avec trois matchs à suivre dont un à domicile contre Gibraltar en novembre. Autant dire que l’affaire serait pliée.

Il ne faudrait toutefois pas perdre de vue que les deux dernières fois où les Irlandais républicains sont venus en France pour un match de compétition, ils nous ont fait des misères, même si ça s’est bien terminé pour les Bleus : en juin 2016 à Décines, ils avaient refroidi le stade juste après le coup d’envoi, et il avait fallu attendre la deuxième période pour voir l’équipe de France reprendre des couleurs et se qualifier (2-1) pour les quarts de finale de l’Euro. Et en novembre 2009, après avoir perdu à Dublin le barrage aller pour la Coupe du monde, ils avaient longtemps mené au score à Saint-Denis, les Bleus égalisant en prolongation sur un but qui n’aurait pas dû être validé, le sélectionneur des Espoirs s’en souvient encore.

Cinq jours plus tard, ce sera une toute autre configuration à Dortmund contre une Allemagne bien mal en point, car il s’agira d’un match amical sans autre enjeu que de prendre la température neuf mois avant l’Euro. Et ce sera l’occasion de se rappeler que les Bleus n’ont plus perdu contre la Mannschaft chez elle depuis août 1987 et la première sélection d’Eric Cantona (qui avait d’ailleurs marqué à Berlin).

Les changements depuis la Coupe du monde

Il y a ceux irréversibles, liés à la fin de carrière internationale déclarée par les gardiens Hugo Lloris et Steve Mandanda, par le défenseur Raphaël Varane et par l’attaquant Karim Benzema puisqu’il figurait sur la liste initiale et qu’il y est resté, au moins sur le papier. Sur les 22 autres, il en reste pas moins de 19 après le forfait de Konaté, remplacé par le défenseur niçois Jean-Clair Todibo. Jordan Veretout et Mattéo Guendouzi, deux des quatre joueurs de champ à n’être pas entré en jeu contre l’Argentine (les autres étant Saliba et Pavard), n’ont pas été appelés ce mois-ci. Ils ont été remplacés numériquement par Boubacar Kamara (déjà convoqué en juin dernier, sans jouer) puisqu’il y avait 24 joueurs valides à Doha et qu’il y en a 23 aujourd’hui.

Le seul retour d’importance est bien sûr celui de Lucas Hernandez, blessé en tout début de match contre l’Australie après 8 minutes de jeu, sur l’action du but de Goodwin. On ne l’avait plus revu en Bleu depuis, et son retour va poser la question de son statut : titulaire ou remplaçant ? Et dans le premier cas, qui en ferait les frais ? Dayot Upamecano ou Théo Hernandez ?

La rotation depuis juin

Elle est extrêmement restreinte, puisque il n’y a que trois sortants, Ibrahima Konaté s’ajoutant à Wesley Fofana et Christopher Nkunku, tous deux à Chelsea et blessés pour un long moment. Autant dire que leur absence n’est pas un choix du sélectionneur, mais une contrainte qu’il a dû gérer. Les trois entrants sont, on l’a vu, Lucas Hernandez et Adrien Rabiot, qui avait déclaré forfait en juin après l’annonce de la liste et Jean-Clair Todibo. Il est le seul potentiel nouveau en septembre, alors qu’en juin Wesley Fofana et Brice Samba avaient fait leurs débuts en A contre Gibraltar.

Les retours, les absents

Ce souhait du sélectionneur de s’appuyer sur de l’existant, et en quasi totalité (hormis Todibo, Maignan, Samba et Kamara) sur les vice-champions du monde, s’explique par au moins trois raisons : premièrement, l’absence, pour l’instant en tout cas, de forfaits sur blessure, hormis Nkunku et Wesley Fofana qui n’ont pas de statut bien installés (et qui n’étaient pas au Qatar) et donc Ibrahima Konaté.

Deuxièmement, le calendrier est très resserré puisque le rassemblement à Clairefontaine aura lieu lundi en début d’après-midi, soit 78 heures seulement avant le match contre l’Irlande au Parc. Autant dire que la mise en place sera des plus succinctes, semblable en fait à celle d’une phase finale entre deux matchs. Ce n’est plus le moment d’innover.

Troisièmement, enfin, parce que Thierry Henry vient de récupérer les Espoirs et qu’il aura besoin de tous ses talents pour effacer la grosse déception de l’Euro 2023. Warren Zaïre-Emery, par exemple, n’est sans doute pas très loin des A (en tout cas guère plus que ne l’étaient Disasi ou Kolo Muani il y a un an), tout comme Elye Wahi ou, à un degré moindre, Bradley Barcola, mais ils devront attendre, probablement la saison prochaine.

Présence lors des cinq derniers matchs

Théo Hernandez, Antoine Griezmann et Kylian Mbappé sont les seuls à avoir été titularisés lors des cinq derniers matchs (la finale contre l’Argentine et les quatre rencontres de 2023), mais c’est le nouveau capitaine des Bleus qui a eu le plus de temps de jeu, puisqu’il a joué les cinq rencontres dans leur intégralité. Ibrahima Konaté, Eduardo Camavinga, Aurélien Tchouaméni, Randal Kolo Muani et Olivier Giroud ont participé aux cinq rencontres mais sans toutes les débuter. A l’inverse, Alphonse Aréola, William Saliba, Lucas Hernandez et Boubacar Kamara n’en ont joué aucune.

D’où viennent-ils ?

La Série A revient en force après les transferts de Marcus Thuram (Mönchengladbach) et de Benjamin Pavard (Bayern) à l’Inter, qui les ajoute au contingent de son rival milanais (Mike Maignan, Théo Hernandez et Olivier Giroud) et à la Juventus d’Adrien Rabiot. Sachant que Paul Pogba a fait son retour à la compétition, il pourrait même y avoir sept Bleus d’Italie lors d’un prochain rassemblement, ce qui n’est plus arrivé depuis 1998.

Logiquement, la Bundesliga est la grande perdante du mercato puisqu’elle n’a plus que deux représentants après le transfert de Randal Kolo Muani de Francfort au PSG. Ça redonne aussi des couleurs à la Ligue 1, qui compte 7 représentants dont 4 du Paris SG. La Premier League est stable avec 4 Français, alors que l’Espagne confirme son recul avec seulement 4 internationaux.