Le résultat était-il prévisible ?
Si elle paraît facile après coup, la victoire des Bleus n’avait rien d’évident au départ. D’abord parce que depuis le match contre la Suisse, l’équipe de France n’arrivait plus à enchaîner (nul contre l’Equateur, victoire sur le Nigeria, défaite contre l’Allemagne, victoire contre l’Espagne, nul en Serbie), ensuite parce que l’Arménie sortait d’un 1-1 très honorable face aux Serbes. Et on se souvient que lors de leur seul déplacement à Erevan en septembre 1999, les Champions du monde avaient été sérieusement bousculés en fin de match (3-2).
Il n’en a rien été, hormis quelques minutes en première période. L’équipe de France a joué son match sans forcer son talent, en accélérant juste ce qu’il fallait pour faire la différence et se permettant encore quelques petites fantaisies sans conséquence. Encore faut-il la mettre en perspective, compte tenu de la faiblesse de l’adversité.
L’équipe est-elle en progrès ?
Le grand intérêt (et sans doute le seul) de ce match était de voir si l’équipe pouvait enchaîner deux matches rapprochés avec deux compositions différentes en gardant le même état d’esprit. Autant l’opération n’avait pas convaincu en septembre, autant elle a fonctionné cette fois-ci.
En tout cas, il y a une différence assez flagrante entre l’équipe volontaire mais maladroite de la première mi-temps, et celle beaucoup plus à l’aise techniquement au retour des vestiaires, malgré quelques emmêlages de pinceaux de Pogba dans les premières minutes. Quand ils jouent comme ça, vers l’avant, dans la profondeur, en n’oubliant pas d’être présents dans la récupération le plus haut possible, ces Bleus-là ressemblent à ceux du premier tour au Brésil. Le tout, avec une marge de progression considérable : personne n’était en surrégime à Erevan.
Quels sont les joueurs en vue ?
Ce ne sera pas compliqué : ceux de la deuxième mi-temps. Une fois sur le terrain, Paul Pogba et Antoine Griezmann ont fait des différences énormes au milieu et dans la défense arménienne, un peu plus que Rémy Cabella ou Mathieu Valbuena. L’attaquant de l’Atletico, auteur d’un très beau but de dribbleur, prouve encore une fois qu’il est meilleur (en tout cas plus efficace) quand il n’est pas titulaire.
S’il a parfois semblé peu inspiré dans la surface, souvent en retard, en mauvaise position ou trop lent à se décider, André-Pierre Gignac s’est quand même offert un but sur pénalty et deux passes décisives, la première suffisamment bizarre pour ressembler à une frappe manquée, la seconde parfaitement dosée dans la course de Griezmann. Le Marseillais a marqué des points en l’absence de Giroud et de Lacazette.
Dans les cages, Stève Mandanda a enfin rendu une feuille blanche, et ses interventions ont été très propres dans l’ensemble, de même que ses relances longues portées à la main (quelque chose que Lloris ne fait presque jamais). En défense, Raphaël Varane a joué tranquille, et s’est même offert le luxe d’un premier brassard de capitaine, à 21 ans et quatre mois. La classe !
Quels sont les joueurs en retrait ?
Lucas Digne peine à franchir un palier, dans un match pourtant facile pour un latéral. Sur ce qu’il a montré à Erevan, il n’est pas franchement supérieur à Evra. Côté gauche, on se demandait pourquoi Deschamps avait rappelé Christophe Jallet. La question n’a toujours pas de réponse, tant le défenseur lyonnais a multiplié les approximations, dont deux dans la même action en fin de match. Dans l’axe, Jérémy Mathieu a d’abord semblé lent et lourd, avant de prendre confiance au fil de la rencontre.
Au milieu, Moussa Sissoko a raté à peu près tout ce qu’il a tenté, faisant parfois penser que c’était son frère jumeau qui jouait au Brésil. Ce n’est pas beaucoup mieux pour Dimitri Payet et Loïc Rémy, dont le jeu a manqué de précision dès qu’il prenait de la vitesse, même si le dernier a marqué en coupant bien un centre de Gignac. Enfin, Morgan Schneiderlin semble toujours un peu timoré, avec une prise de risque réduite au strict minimum alors qu’il semble pouvoir bien mieux faire.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Les deux matches de novembre à domicile contre l’Albanie et la Suède seront sans doute moins strass et paillettes que face à l’Espagne ou au Portugal, mais rien ne dit qu’ils seront faciles à jouer. Les Albanais, qui ont gagné au Portugal et accroché le Danemark, ne feront aucun cadeau aux Bleus, quant aux coéquipiers de Zlatan (qui devrait être rétabli d’ici-là), ils se souviendront sûrement de la douche glacée qu’ils avaient administrés aux joueurs de Laurent Blanc en Ukraine il y a deux ans. Deux victoires contre ceux-là seraient un excellent résultat. Les Bleus en sont capables.