Planter quatre buts au Kazakhstan, la belle affaire ? Pas si sûr. Le 8-0 de novembre 2021 est en effet la plus large défaite de la jeune histoire de la République d’Asie centrale (dont la sélection existe depuis 1992). Et aucun joueur français n’avait fait aussi bien depuis Just Fontaine en... 1958.
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D’ailleurs, depuis la création de l’équipe de France en 1904, les quadruples buteurs en sélection se comptent sur à peine plus que les doigts d’une main. Avant Mbappé, trois autres avaient terminé un match sur cette marque (Jean Sécember en 1932, Jean Nicolas en 1934 et donc Just Fontaine en 1958), et deux autres avaient fait mieux, puisqu’ils avaient inscrit cinq buts (Eugène Maës en 1913 et Thadée Cisowski en 1956).
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En bleu foncé, l’auteur du quadruplé ou quintuplé. En bleu clair, les autres buteurs français. En rouge, les buteurs adverses.
Ces six-là ont des profils très différents : si la plupart étaient jeunes, hormis Thadée Cisowski qui approchaient de la trentaine en 1956, certains font aujourd’hui partie des grands buteurs des Bleus : Fontaine a terminé sa carrière internationale avec 30 buts, et a été le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France jusqu’en 1984), Jean Nicolas a totalisé 21 buts en 25 sélections, mais il est déjà dépassé par Kylian Mbappé qui en compte 24. Quant à Eugène Maës (15 buts en 11 capes avant la Grande Guerre), Thadée Cisowski (11 buts en 13 sélections) et Jean Sécember (5 en 4 matchs), ils présentent aussi de belles stats, mais leur carrière a été trop courte pour marquer vraiment l’histoire.
Autre question : un quadruplé ou un quintuplé, est-ce nécessaire pour gagner un match ? Dans le cas de France-Luxembourg 1913 comme celui de France-Kazakhstan 2021, tous deux terminés sur le score de 8-0, la réponse est non. Même le quadruplé de Jean Nicolas en 1934 contre le Luxembourg n’a pas été décisif (6-1). Par contre, sans les cinq buts de Cisowski, les Belges l’auraient emporté en 1956 (6-3), de même que les Bulgares en 1932 sans le quadruplé de Sécember.
On peut regarder, dans chacun des cas, quelle est l’amplitude de la performance, c’est-à-dire combien de temps a-t-il fallu au buteur français pour marquer trois, puis quatre, voire cinq fois.
Le triplé le plus compact parmi ces six-là est signé Jean Sécember, puisqu’il n’aura eu besoin de de 22 minutes pour marquer trois fois, encore plus vite que Kylian Mbappé en 2021 (26 minutes). C’est encore Sécember le plus rapide au chronomètre au quadruplé avec 41 minutes. Quant au quintuplé, c’est Eugène Maës le plus pressé : en 1913 il plante ses cinq buts en une heure pile, entre la 28e et la 88e.
Enfin, chose étonnante, dans cette catégorie les coups du chapeau (hat trick), c’est-à-dire un triplé parfait, avec trois buts consécutifs inscrit par un même joueur sans aucun autre but intercalé (d’un partenaire ou d’un adversaire) sont rares. Eugène Maës n’y est pas parvenu en 1913, Thadée Cisowski non plus en 1956, alors même qu’ils ont marqué cinq fois. C’est raté aussi pour Jean Nicolas contre le Luxembourg puisque Ernest Libérati marque le quatrième but français avant les deux derniers de Nicolas. Enfin, ceux de Fontaine sont interrompus par trois buts allemands et deux buts de Kopa et Douis.
Par contre Jean Sécember l’a fait en 1932, et même mieux puisqu’il a porté à lui tout seul le score de 1-0 à 5-0 sans être interrompu, après l’ouverture du score de Joseph Rodriguez. et Mbappé aussi face au Kazakhstan, avec trois buts successifs entre la 6e et la 32e minute.