[765] France-Espagne (0-1) : il a manqué un peu de tout

Publié le 26 mars 2013 - Bruno Colombari

Face à une équipe d’Espagne qui a joué à sa main mais qui semblait prenable, les Bleus ont cédé une fois (0-1) avant de finir la rencontre à dix. Il a manqué un peu de tout pour faire un bon résultat, et notamment de l’audace, de la réussite et du sang-froid.

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Le résultat était-il prévisible ?

On l’a peut-être oublié, mais il y a douze ans, en mars 2001, juste avant un Espagne-France amical à Valence, le quotidien Marca avait fait sa Une avec le titre « Champions de tout contre champions de rien ». Les premiers étaient français, les seconds espagnols. En 2013, la formule peut resservir, mais à l’envers. Sans vraiment forcer, un peu comme à l’Euro à Donetsk, les champions du monde ont remporté le match logiquement, avec de la marge.

On pouvait se douter que l’Espagne n’allait pas lâcher des points aussi facilement après leur déconvenue de vendredi contre la Finlande, et que l’effet de surprise d’octobre était un fusil à un coup. Dommage que, comme contre l’Allemagne, c’est au moment où ils n’étaient pas en danger que les Bleus ont cédé. Dès lors, l’espoir d’accrocher ne serait-ce qu’un nul a semblé bien mince, encore plus après l’expulsion de Pogba. C’est pourtant elle qui allait sonner la révolte, mais c’était trop tard.

L’équipe est-elle en progrès ?

La leçon de la deuxième mi-temps à Madrid n’a pas été retenue : pour battre cette équipe-là, il ne faut pas reculer, il faut de l’envie, du mouvement, de l’engagement physique, du culot. Beaucoup de choses qui ont manqué à Saint-Denis. Ajoutez à cela des défaillances individuelles en défense et en pointe, ainsi qu’un milieu un peu juste, et voilà une énorme occasion de qualification qui s’envole et qui ne reviendra sans doute plus.

Après une excellente entame de jeu, les Français reculaient trop et laissaient aux Espagnols tout loisir pour placer leurs attaques, et il a fallu un miracle pour que Xavi manque le cadre à six mètres (5e) sur un centre de Monreal. Il s’en est fallu de très peu aussi pour que Pedro n’obtienne un pénalty (30e), mais c’est l’occasion énorme de Ribéry (38e) qui aurait pu faire basculer le match côté Bleu, le Munichois éliminant Piqué d’un contrôle de la tête avant de pousser trop loin le ballon et de buter sur Valdes.

Il faudra une double erreur défensive, de Jallet battu face à Monreal et d’Evra trop court sur la reprise de Pedro pour que ce dernier ouvre le score, Lloris étant très malheureux sur le coup (58e). On aurait alors pu s’attendre à une prise de risque tactique de Deschamps dans la dernière demi-heure, avec par exemple les entrées de Sissoko et de Giroud, mais les changements ont été faits beaucoup trop tard pour changer quelque chose : à la 83e pour le milieu de Newcastle et à la 91e pour l’avant-centre d’Arsenal.

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?

Deux joueurs se sont battus sans compter du début à la fin : Franck Ribéry et Mathieu Valbuena. Même s’ils n’ont pas été en réussite, ils ont eu le mérite d’essayer et de poser de gros problèmes à la défense espagnole. Blaise Matuidi aura fait un match solide dans un milieu globalement dépassé, et Paul Pogba a montré de belles choses, n’a eu peur de rien ni de personne et n’a pas démérité, même s’il a payé au prix fort un manque de jugeotte en fin de match. Laurent Koscielny a sorti beaucoup de ballons derrière sans prendre de risques outre mesure.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?

Hugo Lloris n’aura finalement pas été tant sollicité que ça, mais il a joué de malchance sur le but de Pedro et n’a pas semblé très serein. Il a encore encaissé un but, pour la septième fois d’affilée, ce qui commence à faire beaucoup.

Devant lui, Patrice Evra a alterné le correct (quelques jaillissements, comme sur la dernière occasion espagnole) et le catastrophique, à savoir un placement très loin de son attaquant qui obligeait Ribéry à venir le couvrir en défense. De l’autre côté, Christophe Jallet a été convainquant en attaque, mais beaucoup moins en défense, où il est battu deux fois par Monreal, en début de match et sur le but. Raphaël Varane a semblé loin du ballon en trois ou quatre situations chaudes devant les buts de Lloris, comme contre la Géorgie.

Au milieu, on n’a pas vu Yohan Cabaye qui est passé à travers à un poste essentiel dans un match comme celui-là. Enfin, Karim Benzema a probablement grillé sa dernière cartouche. Son peu de motivation pour aller au pressing et sa lenteur d’ensemble ont fait peine à voir. Pour tenir tête à l’Espagne, il aurait fallu un grand attaquant, et un peu de réussite. Il n’y a eu ni l’un ni l’autre.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Les Bleus vont maintenant enchaîner trois rencontres amicales, en juin contre l’Uruguay et au Brésil lors d’une tournée sud-américaine où l’on peut parier que les absents seront nombreux, et en août a priori en Belgique. L’occasion pour Deschamps d’essayer de trouver son équipe-type avant les matches décisifs de l’automne. Sachant qu’en Géorgie début septembre, il devra se passer de Matuidi, Pogba et Cabaye, soit son milieu de terrain au complet. Mais d’ici là il peut se passer beaucoup de choses.

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Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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