Ce qu’il y a de bien, avec le concept de bête noire, c’est qu’il est versatile. Pendant longtemps, les Bulgares ont fait faire des cauchemars aux Bleus. Jusqu’à ce que ces derniers les éliminent en 1977, puis en 1985, et les corrigent en 2016. Idem de l’Allemagne en compétition, qui a sorti l’équipe de France de la Coupe du monde avec une régularité de pendule en 1982, 1986 et 2014. Mais l’an dernier, les aiguilles se sont mises à tourner dans l’autre sens. Un autre exemple : les malheureux Portugais ne pouvaient plus voir les Bleus en peinture après dix défaites d’affilée entre 1978 et 2015. Ça ne les a pas empêché de prendre une revanche cuisante et historique en finale de l’Euro.
Uruguay : zéro pointé
Actuellement, l’équipe de France compte cinq bêtes noires, soit quatre sélections et un continent. La plus coriace du lot, c’est assurément l’Uruguay. Quand les Bleus de Platini ont battu la Celeste pour la première fois de leur histoire en août 1985, remportant au passage la Coupe intercontinentale (2-0), ils ne pouvaient se douter que 32 ans plus tard, on attendrait encore la deuxième. Entre temps, les deux équipes se sont croisées cinq fois. Bilan : quatre 0-0 (dont deux en Coupe du monde) et une défaite 0-1 en amical à Montevideo, ce qui veut dire sept heures et demie sans inscrire le moindre but. Pire, l’Uruguay a porté la poisse à l’équipe de France avec une constance qui force l’admiration : élimination au premier tour des coupes du monde 1966, 2002 et 2010.
L’Ecossais est calculateur
L’Ecosse est bien loin de l’époque où elle s’invitait tous les quatre ans au niveau mondial. Ça ne l’a pas empêchée de mettre des bâtons dans les roues des Bleus lors des quatre dernières oppositions en compétition : victoire en 1989 à Glasgow, rebelote en 2006, et nouveau succès au Parc en 2007, avec le célèbre tir de McFadden que Coupet aurait certainement arrêté (selon lui). Le 3-0 sec d’octobre 1989 n’avait plus d’enjeu, l’équipe de France étant déjà éliminée. On se consolera en évoquant les quatre victoires d’affilée en amical depuis 1997, dont un sympathique 5-0 en mars 2002. Ça ne sert à rien, mais ça soulage.
Les Belges, faut pas se gêner !
La Belgique a laissé de bons souvenirs aux Bleus en compétition, avec deux victoires coup sur coup en 1984 (5-0 à l’Euro) et 1986 (4-2 au Mondial mexicain). Mais depuis 1992, les voisins se sentent comme chez eux quand ils nous rendent visite en amical : deux nuls en 1992 (3-3) et 2011 (0-0) et deux victoires gonflées en 2002 (2-1) juste avant la Coupe du monde asiatique et en 2015 (4-3) un an avant l’Euro. Il faut donc remonter 33 ans en arrière pour trouver trace d’un dernier succès à domicile.
Voilà pourquoi on préfère éviter les Argentins
Contre l’Argentine, ce n’est pas non plus exactement une partie de plaisir, ce qui explique sans doute la rareté des confrontations : sur les quarante dernières années, on ne trouve que cinq matches, dont une victoire en amical contre Maradona en mars 1986 (2-0), un nul à Buenos Aires en juin 1977 (0-0) et trois défaites en juin 1978, toujours à Buenos Aires pour la coupe du monde (1-2), en mars 2007 à Saint-Denis (0-1) et en mars 2009 à Marseille (0-2) avec un but de Messi et Maradona en guest-star sur le banc du Vélodrome.
Deschamps en a ras le Conmebol
Pour terminer, on donnera un statut de bête noire continentale à l’Amérique du Sud. Les Bleus n’ont remporté aucun des sept derniers matches disputés contre ses représentants depuis 2011, que ce soit le Brésil (deux défaites), l’Uruguay (une défaite et un nul), le Chili, l’Equateur et le Paraguay (un nul). C’est même une malédiction pour Didier Deschamps, puisqu’hormis le France-Chili de 2011, tous les autres ont eu lieu depuis qu’il est sélectionneur. Pas très rassurant, à un peu plus d’un an de la Coupe du monde.