Paris-Soir, 23 mai 1937 : le Stade de France, un rêve possible

Publié le 5 avril 2019 - Bruno Colombari

Soixante ans avant la construction du Stade de France à Saint-Denis, le maire de Puteaux, député du Front populaire, l’appelait déjà de ses voeux dans les colonnes de Paris-Soir. Mais la Deuxième Guerre mondiale allait être fatale au journal et à l’auteur.

2 minutes de lecture

Le premier article de cette nouvelle rubrique, je le dois (avec son accord) au journaliste bordelais Raphaël Perry. C’est lui qui a signalé, sur son compte Twitter, cet article incroyable exhumé de la malle aux trésors virtuelle qu’est Gallica, le site des archives numériques de la Bibliothèque nationale de France.

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
L’article est cliquable : sur le site de Gallica, vous pouvez zoomer dans la page ou la télécharger.


 

L’article

Un an avant la troisième Coupe du monde de l’histoire, que la France va accueillir en juin 1938, Barthélémy constate que les plus grands stades de sport du pays, en l’occurrence le stade olympique de Colombes et le Parc des Princes, ne dépassent pas 40 000 places. Et font piètre figure face à ceux de Turin, Berlin, Los Angeles ou Londres (Wembley), qui dépassent tous les 80 000 spectateurs.

Il propose donc la construction, en banlieue parisienne, d’un très grand stade de plus de 100 000 places, confortable, esthétique, aux tribunes couvertes, dépourvu de publicités (quelle excellente idée !) et qui pourrait s’appeler... le Stade de France.

L’auteur

C’est le député-maire SFIO de Puteaux, Georges Barthélémy, rapporteur du budget de l’éducation physique, du sport et des loisirs, qui signe l’article. Anticommuniste virulent, Barthélémy, qui affirmait en 1937 qu’à travers le sport, « l’avenir de la race est en jeu », virera pétainiste en 1940 et sera abattu en juillet 1944 [1].

Le contexte historique

En Espagne, où la guerre civile fait rage, Guernica est écrasée sous un tapis de bombes le 26 avril, premier massacre de civils par l’aviation, en l’occurrence la Wehrmacht alliée de Franco et l’aviation légionnaire italienne. En Allemagne, le Reichstag reconduit les pleins pouvoirs à Hitler pour quatre ans. En URSS, le deuxième procès de Moscou a lieu en janvier. Il est suivi, en mai, de celui des généraux de l’Armée Rouge qui va décapiter l’état-major. En France, le Front populaire s’essouffle après huit mois de progrès social. Léon Blum annonce une pause dans les réformes en février. Il démissionnera en juin.

Le contexte sportif

En juin 1937, l’équipe de France inquiète. Elle vient d’enchaîner quatre défaites consécutives, deux en Belgique (1-3) et en Allemagne (0-4) et deux autres à domicile contre l’Autriche (1-2) et l’Irlande (0-2) dans un stade de Colombes aux deux tiers vide. A un an de la Coupe du monde, l’équipe de Laurent Di Lorto et Edmond Delfour ne semble pas au niveau, même si depuis mai 1936 c’est Gaston Barreau qui tient les rênes de la sélection.

Le journal

Paris-Soir est en 1937 le quotidien français le plus lu (près de 1,8 million d’exemplaires), grâce à Jean Prouvost qui en a pris la tête en 1930 et qui en fait un journal à l’américaine sous la direction de Pierre Lazareff, laissant une large place à la photographie où le sport et les faits divers sont aussi bien traités que la politique. Récupéré par les Allemands pendant l’Occupation, il disparaîtra, comme beaucoup d’autres titres, en 1944.

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

[1Maitron en ligne, notice BARTHÉLÉMY Georges, Eugène, Germain par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 27 octobre 2015.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal