[844] Pays-Bas - France (2-0) : tombés dans un trou noir

Publié le 17 novembre 2018 - Bruno Colombari

Surclassés par une brillante équipe néerlandaise, les Bleus ont joué leur pire match de l’année. Une contre-performance spectaculaire qui leur coûtera sans doute une place en demi-finale de Ligue des Nations. Un moindre mal ?

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Le résultat était-il prévisible ?

Sans Pogba, Umtiti et Hernandez, avec un milieu dont la créativité ne semblait pas la vertu principale, face à un adversaire en nette progression et au bout d’une année extrêmement chargée, l’équipe de France se présentait à Rotterdam avec le parfait profil d’un perdant. Et ça n’a pas manqué. Après une demi-heure où les Bleus ont été la caricature d’eux-mêmes, ne touchant pas un ballon et défendant tellement bas qu’ils allaient finir au pied du virage, Griezmann et Mbappé semblaient en mesure d’allumer des mèches dans la défense adverse. L’embellie a duré dix minutes, le temps pour les coéquipiers de Depay d’ouvrir le score suite à deux grosses erreurs défensives.

Le plus regrettable n’est pourtant pas là, mais dans cette impression d’impuissance absolue en deuxième mi-temps face à un adversaire jouant de mieux en mieux, en s’en remettant à Lloris, à un miracle ou aux deux d’être encore en mesure d’égaliser dans les dernières minutes. Mais le hold-up du siècle n’a pas eu lieu, il ne faut pas non plus exagérer, d’autant que Barthez, Trezeguet et Wiltord sont depuis longtemps à la retraite.

L’équipe est-elle en progrès ?

Les quatre premières sorties des Bleus depuis le deuxième titre mondial avaient été poussives, avec des résultats plus arrachés que gérés et deux défaites évitées de justesse en Allemagne et contre l’Islande. A Rotterdam, la tactique petit bras n’a pas seulement montré ses limites : elle a éclaté comme un fruit trop mûr. A quoi sert d’avoir devant des joueurs du calibre de Mbappé et de Griezmann s’ils ne touchent quasiment aucun ballon en deuxième mi-temps ? A quoi sert d’aligner un milieu à trois récupérateurs s’il ne récupère rien ? A quoi sert surtout, ce repli sans pressing si c’est pour se faire traverser comme à la parade ?

L’élimination probable de la Ligue des Nations (franchement, on ne voit pas l’Allemagne battre cette équipe hollandaise lundi soir) n’est en soi pas dramatique : l’expérience des deux victoires en Coupe des Confédérations en 2001 et 2003 a montré que le prix à payer l’année suivante était bien trop élevé. Si cette défaite cuisante amène Didier Deschamps à revoir sa stratégie (et à écarter des joueurs désormais trop justes) dans la perspective de l’Euro 2020, elle n’aura pas été inutile.

Quels sont les joueurs en vue ?

On n’en jurerait pas, mais il serait logique que les treize joueurs de champ se soient excusés auprès de leur capitaine dans le vestiaire du stade de Kuip. Hugo Lloris a été le seul Français au niveau international à Rotterdam, et sa performance aurait mérité un clean sheet. Il repousse d’abord un tir violent de Babel repris victorieusement par Wilnajdum (44e). En deuxième période, ses arrêts réflexe sur Dumfries (62e), Depay (73e, 74e, 75e) et De Jong (93e) étaient de grande classe, et on ne lui tiendra aucune rigueur du pénalty transformé par Depay.

Lucas Digne a été le meilleur défenseur, ses percées en fin de première mi-temps sur l’aile gauche ont été intéressantes et il n’a jamais baissé les bras.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Tous les autres. Mention spéciale à Presnel Kimpembe (qui collectionne les prestations décevantes, pour être poli) et à Steven Nzonzi, complètement dépassé au milieu et fautif sur le premier but, tout comme le Parisien. Blaise Matuidi a lui aussi énormément déçu, étalé ses limites techniques et abusé de passes en retrait qui n’apportaient rien.

En défense, Raphaël Varane a semblé de moins en moins serein face aux attaques de Babel, Depay et De Jong, alors que Benjamin Pavard était trop facilement éliminé dans son couloir, ne s’illustrant que sur une reprise frôlant la barre (28e) venue de nulle part.

Devant, le trio offensif a fait naufrage dans des proportions inédites. Si Antoine Griezmann a vaguement tenté quelque chose dans le mini-temps fort français à la demi-heure de jeu, et a au moins le mérite de s’être battu pour récupérer le ballon, que dire d’un Olivier Giroud pour le coup parfaitement inutile ? Quant à la huitième merveille du monde, Kylian Mbappé semble ne jamais être revenu des vestiaires après la pause, sinon pour gâcher un ultime coup franc dans le temps additionnel.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Avec toute l’affection que l’on peut avoir pour les matchs amicaux, il faut reconnaître que ce France-Uruguay, placé un 20 novembre après le dernier match de qualification pour la Ligue des Nations et au bout d’une année où les Bleus auront joué 18 fois, ne sert strictement à rien. Et les Bleus l’aborderont avec le moral en berne, même s’il est plus que probable que Didier Deschamps fera tourner son effectif.

Le prochain rendez-vous aura lieu dans près de quatre mois, en qualifications de l’Euro 2020, contre un adversaire qui n’aura rien à voir avec la Celeste. D’ici là, les Bleus sauront s’ils joueront le dernier carré de la Ligue des Nations en juin (c’est plutôt mal parti), et connaîtront leurs adversaires en phase qualificative de l’Euro. Le tirage au sort est prévu le 2 décembre à Dublin.

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