C’est un petit jeu innocent qui ne fait de mal à personne, alors pourquoi s’en priver ? Maintenant que la phase qualificative est (enfin) terminée, et alors que se profilent une demi-douzaine de matches amicaux d’ici la fin mai, faisons ensemble la liste des commissions pour Laurent Blanc. Dans un entretien à l’Equipe le 28 octobre dernier, le sélectionneur affirme avoir déjà en tête son équipe-type. Pas besoin d’avoir fait HEC pour imaginer à quoi elle peut ressembler : Lloris dans les cages, Sagna à droite, Abidal à gauche, Rami et Mexès en défense centrale, un milieu composé de M’Vila, Cabaye et Nasri, et une attaque avec Benzema en pointe, soutenu par Ribéry à droite et Malouda à gauche.
Plus intéressant, imaginons maintenant qui pourraient être les 12 autres protagonistes. Car même si les matches-couperet d’une compétition majeure se gagnent avec une équipe relativement stable, ce sont parfois les remplaçants (ou les appelés de la dernière heure) qui font la différence. On l’a vu avec Jean-François Domergue en 1984, Yannick Stopyra en 1986, David Trezeguet en 2000 ou Franck Ribéry en 2006.
A la lumière des 17 matches dirigés par Laurent Blanc depuis août 2010, et des 41 joueurs appelés (dont 16 nouveaux), il y aurait de quoi faire presque deux listes complètes, pour autant bien sûr que les futurs 23 soient tous compris dans ceux ayant disputé au moins un match depuis la coupe du monde, ce qui est loin d’être évident. Voyons un peu si un schéma d’ensemble se dégage, et prenons quelques risques sur d’éventuelles surprises.
Notre pré-liste comporte 42 noms. Nous l’avons divisée en trois catégories : les certains (15 noms), sachant bien sûr que ceux-là ne sont certains qu’aujourd’hui et que leur statut peut évoluer d’ici six mois, notamment en cas de blessure ; les probables (15 noms) et les possibles (12 noms). C’est évidemment dans ces derniers que l’incertitude est la plus grande, mais même les probables ne seront pas tous du voyage, puisque avec les certains ils totalisent 30 joueurs, soit sept de trop.
Les certains : un cocktail Knysna/génération 87
Dans cette première liste, la plus évidente, figurent évidemment les onze de l’équipe-type du sélectionneur, plus les deux gardiens remplaçants (Mandanda et Carrasso), et deux quasi-titulaires à temps plein depuis quelques mois, à savoir Evra et Rémy. Huit joueurs étaient dans le bus à Knysna, confortant l’idée que malgré de nombreux essais, Laurent Blanc n’a pas chamboulé l’équipe de fond en comble.
Et même parmi les sept autres noms, on ne retrouve que trois joueurs à avoir débuté avec l’actuel sélectionneur (Rami, M’Vila et Cabaye), les deux premiers ayant été présélectionnés par Domenech. Lequel a fait débuter trois autres joueurs (Nasri, Rémy et Benzema, trois prduits de la génération 87), tandis que Mexès a été lancé par Jacques Santini en 2002.
Les probables : la Ligue 1 en force
Dans cette seconde liste, où la concurrence sera féroce, la moitié environ des joueurs verra l’Euro en tongues et en bermuda depuis l’hôtel de la plage. A quatre exceptions près (Diaby, Cissé, Clichy et Kaboul), c’est une liste Ligue 1, qui a la particularité de ne compter aucun gardien, les trois postes étant pourvus dans la catégorie supérieure. On y retrouve quatre Parisiens (Sakho, Matuidi, Ménez et Gameiro), dont on imagine que les performances en club seront décisives pour forcer la porte des 23. Mais aussi trois Lyonnais (Gourcuff, Gomis et Réveillère) et deux Marseillais (Diarra et Valbuena). Disons pour finir que les moins probables de ces probables-là sont sans doute Clichy, Gomis, Cissé, Sakho et Diarra.
Les possibles : un peu de fantaisie dans un monde de brutes
Disons-le tout de suite, normalement aucun de ceux-là ne devrait être à l’Euro. Leur temps de jeu depuis quinze mois est soit anecdotique, soit carrément nul puisque cette liste comporte six joueurs pas encore internationaux (Koscielny, Varane, Gonalons, Mathieu, Giroud et Griezmann). Il faudrait une épidémie d’oreillons pour que Ruffier obtienne une place dans les cages. Derrière, Debuchy a un bon coup à jouer même si Réveillère a une longueur d’avance, et Koscielny pourrait être préféré à Sakho si ce dernier ne revient pas à un haut niveau. Au milieu, N’Zogbia, Payet et Ben Arfa ont perdu énormément de chemin depuis un an, de même que Hoarau devant. Enfin, les options Giroud et Griezmann en pointe ne sont pas farfelues mais se situent dans un secteur de jeu particulièrement encombré.
L’histoire récente des phases finales montre pourtant que les sélectionneurs aiment bien sortir de leur chapeau une ou deux surprise entre janvier et juin. Marc Planus et Mathieu Valbuena en avaient bénéficié en 2010, Bafétimbi Gomis et Hugo Lloris en 2008, Pascal Chimbonda et Franck Ribéry en 2006... En mars 2008, quelques semaines avant l’Euro, j’avais déjà raconté l’histoire des derniers appelés avant la liste. Saurez-vous deviner les jokers de Laurent Blanc en 2012 ?