Mardi soir, sur le coup de 20 heures, Nicolas Anelka saura s’il est enfin appelé à participer à une phase finale de coupe du monde, lui qui pourrait déjà en être à sa quatrième. Ecarté à la dernière minute en 1998, en 2002 et en 2006, l’attaquant de Chelsea a de bonnes chances de faire partie de ceux qui vont compléter la liste des listes, qui comprend les 193 internationaux français à avoir participé à une ou plusieurs des douze coupes du monde où les Bleus étaient présents.
Participé est souvent le mot, puisque faire partie d’une liste ne veut en aucun cas dire que l’on va jouer, encore moins être titulaire. Sur les 193 noms de joueurs appelés aux phases finales de 1930, 1934, 1938, 1954, 1958, 1966, 1978, 1982, 1986, 1998, 2002 et 2006, ils sont 52 à n’avoir jamais quitté le banc de touche.
Hormis en 1930, où les Bleus qui embarquent sur le Conte Verde à destination de l’Uruguay ne sont que 16, la plus grande partie des listes a compté 22 noms (jusqu’en 1998). Depuis 2002, un vingt-troisième joueur permet aux sélectionneurs de doubler tous les postes en plus du troisième gardien. En 1930, quatre joueurs n’ont participé à aucun match, contre cinq en 2006, six en 2002, sept en 1958, huit en 1954 et en 1966 (malgré l’introduction du remplaçant en cours de match) et onze en 1934 et en 1938, années où le premier tour était remplacé par un huitième de finale.
La seule période dans l’histoire des Bleus où tout le monde jouait, ou presque, est celle des années Hidalgo. En 1978 en Argentine, l’équipe de France plie bagages après trois matches, mais les 22 joueurs ont obtenu du temps de jeu. En 1982, la petite finale contre la Pologne donne l’occasion au sélectionneur de faire jouer les coiffeurs (hormis le troisième gardien, Dominique Baratelli) et en 1986, Henri Michel perpétue la tradition contre la Belgique (là aussi, Philippe Bergeroo, troisième gardien, est le seul à revenir bredouille du Mexique). Enfin, en 1998, Aimé Jacquet fait tourner son effectif lors du troisième match du premier tour (contre le Danemark), auquel Bernard Lama refuse de participer. Il sera donc le seul champion du monde, avec Lionel Charbonnier, à n’avoir pas joué.
A l’inverse, seize joueurs comptent dix matches ou plus en phase finale. A leur tête, on trouve Fabien Barthez, qui n’a manqué aucune des 17 rencontres jouées par les Bleus en 1998, 2002 et 2006. Si son record ne sera plus menacé par Lilian Thuram (16 matches), il est menacé par Thierry Henry (15) et à un degré moindre par Patrick Vieira (12), qui deviendraient en cas de sélection les premiers joueurs français à avoir participé à quatre phases finales de coupe du monde.
On pourrait d’ailleurs construire une équipe-type qui aurait fière allure :
Thuram (16) - Bossis (15) - Battiston (11) - Amoros (12)
Vieira (12) - Tigana (12)
Platini (14) - Zidane (12)
Trezeguet (12) - Henry (15)
remplaçants : Giresse (12), Wiltord (10), Desailly (10), Rocheteau (10) et Trésor (10)
Le cas de Sylvain Wiltord est assez atypique, parce que s’il entre dans le groupe de tête à dix matches et plus, il n’en a joué aucun en entier. Titulaire en Corée du sud en 2002 et lors des deux premiers matches en Allemagne en 2006, il a cédé sa place en cours de rencontre. Et s’il a participé aux cinq derniers matches de 2006, c’était en tant que remplaçant.
Il faut aussi noter que sur ces 16 joueurs à dix matches et plus, Amoros, Tigana, Giresse, Wiltord et Trésor n’ont joué que deux phases finales, les autres trois. Patrick Vieira et Thierry Henry, s’ils sont appelés mardi, pourraient ainsi être les premiers français à jouer quatre phases finales. Quant à Gallas, Ribéry, Malouda, Abidal, Govou et Cissé, ils peuvent encore espérer atteindre les dix matches en juillet prochain.
Enfin, il est possible de participer à plusieurs phases finales sans jouer un seul match. Récemment, c’est arrivé à Grégory Coupet (2002 et 2006), et plus anciennement à Roger Courtois, René Llense, Jules Vandooren (1934 et 1938) et Célestin Delmer (1930 et 1934). S’ils sont retenus par Raymond Domenech et qu’ils restent encore sur le banc, Mickaël Landreau et Jean-Alain Boumsong pourraient compléter la liste.
On ne pourrait terminer ce tour d’horizon sans dire un mot de ceux qui ont manqué la coupe du monde : Eric Cantona (45 sélections entre 1987 et 1995), Basile Boli (45 sélections entre 1986 et 1993), Georges Bereta (44 sélections entre 1967 et 1975), Jules Dewaquez (41 sélections entre 1920 et 1929), Hervé Revelli (30 sélections entre 1966 et 1975), David Ginola (17 sélections entre 1990 et 1995), Larbi Ben Barek (plus vieil international français, 17 sélections entre 1938 et 1954, que des matches amicaux) et bien sûr José Touré (16 sélections entre 1983 et 1989), si brillant avec le FC Nantes au milieu des années 80 et blessé quelques semaines avant la coupe du monde au Mexique.