Il y a ceux pour qui la question ne se pose même pas — Lloris, Koscielny, Sidibé, Varane, Kanté, Pogba, Giroud, Griezmann — ceux qui étaient plus que probables — Kurzawa, Umtiti, Jallet, Matuidi, Rabiot, Lemar — et ceux qui auraient pu ne pas y être — Mandanda, Areola, Kimpembe, Digne, Tolisso, Fekir, Coman, Lacazette, Thauvin et Mbappé. Nous voilà à neuf mois de la liste des 23 pour la Russie, à supposer bien entendu que les Néerlandais ou les Suédois (qui a parlé des Bulgares ?) ne nous réservent pas une fâcheuse surprise en nous envoyant nous frotter aux Italiens ou aux Espagnols pendant les soirées pluvieuses de novembre.
Combien n’y seront pas ?
Alors que commence une nouvelle grossesse dont on espère qu’elle donnera un beau bébé plutôt qu’une fausse couche, il est temps de s’amuser à imaginer qui sera encore là en juin et qui ira la plage. Dans l’hypothèse, évidemment impossible, où les 23 seraient déjà là, il y aurait un joueur de trop (Florian Thauvin ?) puisque Deschamps a donné 24 noms. L’examen des listes de rentrée depuis 2007 (les deux dernières de Raymond Domenech, celle de Laurent Blanc et les deux précédentes de Didier Deschamps), en prenant comme référence le premier match de compétition de la saison, montre que les changements sont évidemment bien plus nombreux.
Sur les cinq listes précitées, on trouve entre 13 et 18 noms retenus lors de la phase finale suivante. Ce qui veut dire que la marge d’erreur est comprise entre cinq et dix joueurs, l’actuel sélectionneur étant le moins précis à cet exercice, avec neuf changements entre septembre 2015 et l’Euro 2016, et dix rotations entre la rentrée 2013 et la Coupe du monde 2014.
Entre sept et dix changements probables
C’est nettement moins bien que Laurent Blanc (18 sur 23 en 2011) ou Raymond Domenech (16 en 2009, 17 en 2007). On constatera au passage que le nombre d’appelés en septembre est lui-même fluctuant, de 22 joueurs (2009) à 25 (2013). Aucun poste n’est épargné par le mouvement, même pas celui des gardiens, le cas extrême étant celui de 2007, où Sébastien Frey (qui ne comptait pourtant aucune sélection) avait été le seul à aller à l’Euro, Ulrich Ramé et Mickaël Landreau laissant la place aux deux bleusailles nommés Stève Mandanda et Hugo Lloris.
Si on s’en tient à la moyenne depuis 2007, il devrait y avoir entre sept et huit changements d’ici juin prochain. Mais si on ne tient compte que des habitudes de Didier Deschamps, on devrait plutôt en attendre neuf ou dix. Reste à savoir lesquels.
Pour cela, il faut d’abord ajouter aux 24 appelés ce jeudi une douzaine d’autres internationaux en activité récente : Benoît Costil, Sébastien Corchia, Adil Rami, Patrice Evra, Kurt Zouma, Benjamin Mendy, Moussa Sissoko, Tiémoué Bakayoko, Dimitri Payet, Anthony Martial, Kevin Gameiro ou Ousmane Dembélé. Et, éventuellement, l’émergence d’un ou deux nouveaux que l’on ne voit généralement pas venir, comme Kingsley Coman en 2015 ou Kylian Mbappé en 2017.
Trouver l’équilibre entre expérience et jeunesse
On approche alors des 40 joueurs, autant dire que la liste de départ a une fâcheuse tendance à l’expansion. Mais on peut parier sur le fait que Didier Deschamps veillera à équilibrer son groupe entre les jeunes pousses et les joueurs d’expérience dont il faisait lui-même partie en 1998 et 2000, comme Marcel Desailly, Laurent Blanc, Bixente Lizarazu, Youri Djorkaeff, Bernard Lama ou Franck Lebœuf. Aimé Jacquet avait réussi à trouver le bon dosage dans son groupe en y injectant plusieurs jeunes recrues comme Thierry Henry,David Trezeguet, Patrick Vieira ou Robert Pirès, alors que les générations 70 à 73 (Emmanuel Petit, Fabien Barthez, Lilian Thuram, Zinédine Zidane, Christophe Dugarry) faisaient le lien entre les deux.
Ce qui veut dire que lorsque sur un même poste un joueur proche de la trentaine et un gamin de vingt ans seront en concurrence, la jeunesse ne l’emportera pas systématiquement. Bakayoko, Rabiot, Kimpembe, Lemar ou Coman devront se battre pour déloger Matuidi, Sissoko, Rami, Payet ou Giroud. A l’inverse, ces derniers ne sont plus sûrs de rien, tant la nouvelle génération pousse avec conviction. Et les Griezmann, Pogba, Varane ou Kanté seront les tauliers de 2018.
Allez, on va finir par un petit pronostic qui bien sûr ne sera pas dans les clous, mais qu’importe. Et, tant qu’à prendre des risques, autant dessiner une liste préférentielle plutôt qu’une probable.
Lloris, Ruffier, Areola,
Sidibé, Souquet, Kimpembe, Varane, Koscielny, Umtiti, Mendy, Kurzawa,
Kanté, Pogba, Rabiot, Lemar, Bakayoko, Lopez,
Dembélé, Griezmann, Giroud, Mbappé, Martial, Fekir.