Mise à jour le 16 novembre 2022 après l’annonce du remplacement de Christopher Nkunku par Randal Kolo Muani.
Sur les graphiques ci-dessous, sont représentées les listes deux à deux (1996-1998, 1998-2000...). En bleu, les joueurs qui ont été reconduits d’une phase finale à l’autre. En orange, les joueurs appelés lors de la première phase finale mais pas dans la seconde, et en vert les joueurs appelés uniquement pour la seconde phase finale. Les chiffres indiquent le nombre de phases finales auxquelles le joueur a participé (en comptant celle à venir).
A la suite des joueurs reconduits et des nouveaux joueurs appelés, figure le nombre de participations en phase finale pour de la deuxième liste. Enfin, le temps de jeu indiqué à droite en pourcentage correspond à celui de la deuxième phase finale du graphique. Par exemple, au Mondial 1998 Laurent Blanc a disputé sa troisième phase finale et a joué 71% du temps.
2022 : une liste attendue, et des mouvements de dernière minute
Une fois actés les forfaits — très dommageables — de Paul Pogba et N’Golo Kanté, les quelques incertitudes portaient plus, comme toujours, sur des remplaçants potentiels que sur des titulaires indiscutables. Mike Maignan cède sa place à Steve Mandanda, Jonathan Clauss n’est pas retenu pour cause d’abandon probable du 3-4-3, Lucas Digne et Ferland Mendy ont été jugés insuffisamment performants et Benoît Badiashile sans doute un peu trop tendre, même si Axel Disasi a été appelé plutôt que lui suite au forfait de dernière minute de Presnel Kimpembe. Et Randal Kolo Muani a dû sauter dans un avion depuis le Japon pour rallier Doha après le forfait de Christopher Nkunku, victime d’une entorse au genou lors du dernier entraînement à Clairefontaine le 15 novembre.
Pour le reste, tout le monde est là, du moins ceux qui pouvaient l’être : les trois gardiens champions du monde (cas unique de triplette reconduite d’un mondial à l’autre), les défenseurs Pavard, Varane et Lucas Hernandez, Adrien Rabiot en taulier de l’entrejeu au milieu d’une armada juvénile et de Jordan Veretout, et quatre attaquants champions du monde, Dembélé, Griezmann, Mbappé et Giroud, auxquels il faut ajouter Benzema, Coman et Marcus Thuram, tous présents à l’Euro 2020.
2021 : Benzema, Koundé, Thuram, les surprises du chef
C’est un véritable coup de théâtre qui a été prédit dans la presse au matin du 18 mai 2021, quelques heures avant l’annonce de la liste des 26 par Didier Deschamps : Karim Benzema serait réintégré dans le groupe pour l’Euro, cinq ans et demi après sa mise à l’écart de l’automne 2015. L’extension de la liste à 26 joueurs profite également au défenseur du FC Séville Jules Koundé et à l’attaquant du Borussia Mönchengladbach Marcus Thuram. Il y a donc 14 champions du monde, auxquels s’ajoutent 3 rappelés de l’Euro 2016 (Digne, Sissoko et Coman) et donc Karim Benzema, dont la dernière phase finale remonte à 2014. Et enfin, huit internationaux découvriront l’ambiance des grands tournois : Maignan, Dubois, Zouma, Lenglet, Rabiot, Koundé, Thuram et Ben Yedder.
2018 : 13 nouveau et un rappelé
Il n’y avait jamais eu autant de nouveaux depuis 1996 qu’en 2014, où Deschamps avait amené au Brésil pas moins de 12 novices en phase finale, ne gardant que 9 joueurs de la liste précédente (celle de Laurent Blanc pour l’Ukraine en 2012) et en rappelant deux autres (Sagna et Landreau) qui avaient été alignés auparavant.
Pour la Russie, le turn-over avait été encore plus élevé. Il ne restait plus que 9 Bleus de la liste de l’Euro 2016, plus un retour, celui de Varane. Le reste, soit 13 joueurs, représentait donc une large majorité de débutants à ce niveau-là, ce qui est considérable.
2021 a marqué le retour à une certaine stabilité, puisque les novices n’étaient que 8, et encore dans une liste élargie à 26. Dans une liste classique à 23, on peut imaginer qu’ils n’auraient été que 5, puisque Thuram, Koundé et sans doute Ben Yedder ont bénéficié d’un strapontin.
C’est à peu près la même chose en 2022, avec 10 nouveaux (sur une liste finalement élargie à 26 encore une fois) mais un seul rappelé, Steve Mandanda. Le problème est que les nouveaux sont concentrés dans un seul secteur de jeu principalement, le milieu de terrain (5 sur 6). C’est sans doute là que va se jouer le sort des Bleus dans cette Coupe du monde.
Les anciens ont repris le pouvoir
Pour une analyse plus fine, regardons maintenant le temps de jeu moyen des anciens (en y incluant celui des rappelés) comparé à celui des nouveaux sur la période 1996-2021. Alors que le temps de jeu moyen des anciens était en nette baisse en 2010 et 2012 (et celui des nouveaux en forte hausse), signe d’un renouvellement en profondeur de l’effectif, Deschamps s’est essentiellement appuyé sur les anciens (Lloris, Evra, Debuchy, Matuidi, Benzema, Valbuena...) au Brésil en 2014. Même s’il a initié un rajeunissement des cadres en titularisant Varane, Sakho, Pogba et Griezmann. Et en 2016, parmi les nouveaux, seul Dimitri Payet (et à la rigueur, Samuel Umtiti) a obtenu un temps de jeu conséquent, mais il avait déjà 29 ans... En 2018 et 2021, ce temps de jeu moyen est resté à un niveau élevé, entre 58 et 66%.
Du côté des coiffeurs
Enfin, il est intéressant de recenser le nombre de joueurs qui ne sortent jamais du banc lors d’une phase finale. On peut s’en douter, les nouveaux sont évidemment plus nombreux que les anciens dans ce rôle ingrat, 29 contre 18 depuis 1996. Les anciens à n’avoir pas joué lors d’une phase finale sont plutôt rares : Alain Boghossian (2002), Jean-Alain Boumsong (2006), Patrick Vieira (2008), Mathieu Valbuena (2012) Lucas Digne et Morgan Schneiderlin (2016), Adil Rami (2018) et Steve Mandanda (2021).
En bonne logique aussi, plus le nombre de matches est élevé, moins il y a de joueurs inutilisés (sauf en 2006 où cinq joueurs ne sont pas entrés en jeu). Ainsi, les éditions où les Bleus ont été éliminés au premier tour sont fatales aux nouveaux appelés : quatre n’ont pas joué en 2002 et 2008, et trois en 2010. Mais en 2014, avec cinq matches disputés, Didier Deschamps a laissé sur le banc trois nouveaux (dont deux gardiens).
Si on ne tient compte que des joueurs de champ, ils sont 25 à s’être retrouvés scotchés au banc depuis 2002. Depuis 2006, l’équipe de France évolue donc avec 18 ou 19 joueurs seulement et un seul gardien. C’était encore le cas en 2016, avec Lloris qui a joué tous les matchs et 17 joueurs de champ utilisés. En 2018, Mandanda a eu du temps de jeu et Rami a été le seul joueur de champ non utilisé. En 2021, en raison de l’élimination précoce (et de l’enjeu du troisième match), trois joueurs de champ (Dubois, Zouma et Ben Yedder) n’ont pas été utilisés, mais la liste comptait 26 noms. On peut donc presque considérer que ces trois-là étaient surnuméraires.
1998 : Petit, retour gagnant
Ce que nous apprennent ces graphiques que nous reprenont sur la période 1996-2014, c’est l’apport effectif des changements dans une liste. Cet apport ce mesure en temps de jeu effectif. Par exemple, en 1998, Aimé Jacquet change dix joueurs par rapport à l’Euro 1996. Hormis Lionel Charbonnier, troisième gardien, tous vont participer à l’aventure à des degrés divers. Petit, repêché de l’Euro 92, joue les trois quarts du temps, Henry et Trezeguet environ la moitié. Candela, Vieira et Pires ne font que des apparitions, mais les deux derniers se signalent par une passe décisive chacun. Parmi les anciens, Barthez et Lizarazu sont présents du début à la fin, alors que Desailly (expulsé contre le Brésil) Thuram (préservé face au Danemark), Deschamps et Djorkaeff ne manquent pas grand chose.
2000 : adieu les Auxerrois
En 2000, Roger Lemerre ne change rien ou presque. Il écarte les trois Auxerrois et se passe d’Alain Boghossian, blessé. Ramé, troisième gardien, ne joue pas, Micoud n’apparaît que contre les Pays-Bas, Wiltord est remplaçant et Anelka alterne en pointe avec Dugarry. On voit très bien l’effet d’une qualification acquise dès le deuxième match du tournoi : les temps de jeu sont mieux répartis, avec au moins un match entier pour Lama, Lebœuf et Karembeu.
2002 : on passe à 23
Deux ans plus tard, le sélectionneur fait face aux arrêts de Lama, Deschamps et Blanc, ainsi qu’à la blessure de Pires. Ses choix se limitent à la mise à l’écart de Karembeu et d’Anelka. Et il bénéficie d’un joueur supplémentaire, la liste passant de 22 noms à 23. Cinq des appelés ne jouent pas la moindre minute, alors que Makelele et Djibril Cissé ne font que des apparitions au cours d’un tournoi il est vrai très abrégé. Les cadres font clairement défaut : Zidane ne joue qu’un match sur trois, Henry est exclu après 25 minutes du deuxième, Djorkaeff débute contre le Sénégal puis disparaît.
2004 : Gallas se fait une place
Pour l’Euro portugais, Jacques Santini appelle neuf joueurs nouveaux plus Robert Pires. Landreau et Govou ne jouent pas, Rothen, Boumsong, Saha, Marlet et Pedretti ne se montrent que quelques minutes. William Gallas est le seul à se faire une place, alors qu’Olivier Dacourt joue les utilités. Chez les anciens, qui sont cinq à jouer leur cinquième phase finale, Barthez, Thuram, Zidane et Henry sont inamovibles, alors que Trezeguet ne manque presque rien. Sauf le cadre, évidemment...
2006 : Alou Diarra en clone de Vieira
En Allemagne, Raymond Domenech joue la continuité, avec seulement sept changements, dont trois tout à fait anecdotiques : Givet et Chimbonda ne sortent pas du banc, et Dhorasoo à peine. Alou Diarra ne joue qu’une heure et quart, mais c’est pour l’essentiel en finale de coupe du monde ! Abidal, Malouda et Ribéry gagnent eux une place de titulaire. Il y a très peu de mouvements dans l’équipe, comme en témoigne le temps de jeu famélique de Govou, Saha ou de Trezeguet.
2008 : Evra, Toulalan, la relève ?
Pour l’Euro austro-suisse, dix nouveaux arrivent, plus Nicolas Anelka qui fait son retour huit ans après l’Euro 2000. Les deux gardiens remplaçants, ainsi que Squillaci et Lassana Diarra ne jouent pas. Nasri et Gomis ont tout juste le temps de se montrer, alors que Evra et Toulalan sont titulaires. A noter que quatre joueurs seulement disputent l’intégralité des trois rencontres : Coupet, enfin titulaire, Gallas, Makelele et donc Toulalan. Aucun attaquant ne joue plus de 70% du temps, et Vieira fini sa sixième phase finale avec un zéro pointé.
2010 : Gallas et Ribéry sont dans un bateau
En Afrique du Sud, toutes les lignes bougent. Mais ça ne profite pas à Planus et Réveillère, et à peine à Valbuena. Lloris, Diaby et Sagna s’imposent comme titulaires et jouent tous les matches. Parmi les anciens, seuls Gallas et Ribéry en font autant, dans un collectif en pleine crise. Une fois de plus, la ligne d’attaque est atomisée, avec un temps de jeu qui varie entre 20 et 43%.
2012 : Valbuena l’incompris
En 2012, Laurent Blanc change tout ou presque. Mais sur ses onze nouveaux auxquels il ajoute Nasri et Benzema, quatre ne jouent pas (les deux gardiens remplaçants, Koscielny et Matuidi) et deux autres n’ont que des miettes (Martin et Giroud). C’est toujours mieux que Valbuena, qui ne sort jamais du banc. Lloris, Rami et Ribéry font quant à eux un carton plein.
2014 : Pogba et Varane pour préparer l’avenir
Encore un gros renouvellement pour la coupe du monde 2014 : déjà fortement remaniée au départ, la liste initiale a vu arriver Ruffier et Cabella pour pallier les forfaits de Mandanda et Ribéry, mais aussi Schneiderlin, qui lui remplace un nouveau, Clément Grenier. Sur les quatorze nouveaux appelés, deux (Landreau et Sagna) ont déjà participé à une phase finale, mais douze découvrent le haut niveau. Ruffier, Cabella et Mangala ne joueront pas la moindre minute, alors que Rémy et Mavuba auront moins d’une demi-heure pour se montrer. De tous les débutants, ce sont Raphaël Varane (389 minutes) et Paul Pogba (354) qui joueront le plus.
2016 : ça bouge en attaque
Par rapport à sa liste de 2014, Didier Deschamps a initié dix changements, dont sept nouveaux joueurs en phase finale (Benoît Costil, Christophe Jallet, Samuel Umtiti, N’Golo Kanté, Dimitri Payet, Anthony Martial et Kingsley Coman) et trois rappelés des précédentes listes (Stève Mandanda, Adil Rami, et André-Pierre Gignac).
Vos commentaires
# Le 16 mai 2020 à 17:30, par Bernard Diogène En réponse à : Toutes les listes de 1996 à 2018
Une petite coquille. Koscielny a joué le quart de finale en 2012, donc 25 % du temps de la compétition.