Leur sort est encore moins enviable que ceux dans la liste des 23 qui ne joueront pas une seule minute à l’Euro, car dans quelques années, voire quelques mois, on les aura déjà oubliés. A moins bien sûr que l’un d’eux, au bénéfice d’une blessure de dernière minute, ne s’infiltre dans le groupe et joue quelques quarts d’heure, comme l’avait fait Morgan Schneiderlin au Brésil.
Les réservistes 2016 sont donc huit. Parmi eux, quatre seulement ont déjà porté le maillot bleu en A : Morgan Schneiderlin donc, Alexandre Lacazette, Hatem Ben Arfa et Kevin Gameiro. Quatre autres sont des néophytes : le gardien de la Real Sociedad Alphonse Aréola, le latéral gauche de Lille Djibril Sidibé, le défenseur central de Lyon Samuel Umtiti et le milieu parisien Adrien Rabiot.
Combien d’entre eux auront l’occasion de jouer en sélection dans les prochaines années ? A priori tous. Depuis 1998, un seul réserviste n’ayant jamais joué auparavant n’a pas été appelé au moins une fois : le Stéphanois Loïc Perrin. C’est l’exception qui confirme la règle. Mais comme cette exception vient de Didier Deschamps, il n’est pas impossible qu’elle se renouvelle.
Evra et Anelka ont changé de statut
L’étude ci-dessous devrait plutôt rassurer nos huit réservistes : le statut de remplaçant des remplaçants n’est pas une fatalité. Certains qui sont passés par là ont même fait une belle carrière en Bleu : Nicolas Anelka, réserviste à 19 ans, a accumulé 69 sélections et a disputé deux Euros et une coupe du monde. Patrice Evra, non retenu par Jacques Santini pour l’Euro 2004, va enchaîner en juin sa cinquième phase finale à 35 ans (et 71 sélections). Sidney Govou, qui a finalement profité du forfait de Ludovic Giuly la même année, a disputé deux Euros et deux Mondiaux pour 49 capes. Et Alou Diarra présente la particularité de ne pas avoir été retenu en 2008 alors qu’il avait été finaliste de la coupe du monde deux ans plus tôt. Ça ne l’a pas empêché de revenir en 2012 et de totaliser 44 sélections.
Huit qui ne s’en sont pas remis
Dans d’autres cas le statut de réserviste est synonyme de terminus. C’est le cas de Yoann Gourcuff en 2012 (même si sa carrière n’est pas terminée), de Julien Escudé en 2008, d’Olivier Kapo, Ousmane Dabo et des champions d’Europe Johan Micoud et Ulrich Ramé en 2004 ou encore d’Ibrahim Ba et Pierre Laigle en 1998.
De plus en plus de néophytes
A l’inverse, il est de plus en plus fréquent que le sélectionneur appelle des néophytes pour jouer le rôle de réserviste : en plus des quatre cités plus haut pour cette année (un record), il y en avait trois en 2014 (Perrin, Cabella et Schneiderlin), un en 2012 (Yanga-Mbiwa), un en 2010 (M’Vila) et deux en 2004 (Evra et Mexès). Mais aucun en 1998 et en 2008.
La jeunesse n’est pas un critère
Enfin, si on regarde l’âge des recalés, ils sont moins jeunes qu’on pourrait le penser : seuls Anelka en 1998 et M’Vila en 2010 avaient moins de 20 ans, devant Ben Arfa en 2008 (21 ans). Les plus de 27 ans ne sont pas rares : Gameiro et Ben Arfa sont dans ce cas cette année (29 ans), tout comme Trémoulinas et Perrin en 2014, Fanni et Landreau en 2010, Landreau encore et Escudé en 2008 et Dabo, Micoud et Ramé en 2004.
Ben Arfa multirécidiviste
Pour terminer, être réserviste est certainement une expérience désagréable, même si le principe de distinguer les 23 des autres dès l’annonce de la liste a au moins le mérite de mettre les choses au clair. Ayons toutefois une pensée émue pour les réservistes récidivistes : c’est la troisième fois qu’Hatem Ben Arfa est dans cette situation (après 2008 et 2010). Un record dont il se passerait bien, tout comme ceux qui l’ont été deux fois : Alexandre Lacazette et Morgan Schneiderlin (2014 et 2016), Philippe Mexès (2004 et 2008) et Mickaël Landreau.