Cet article est le dernier d’une série de quatre consacrée aux Bleus du Real. Lire Bleu merengue : Zinédine Zidane le Galactique, Bleu merengue : Raymond Kopa, à jamais le premier et Bleu merengue : Raphaël Varane, la décennie boulimique
Karim Benzema vient de boucler sa treizième saison au Real Madrid, au terme de laquelle il a remporté sa cinquième Ligue des Champions et son quatrième titre de champion d’Espagne, auquel il a ajouté une distinction de Pichichi (meilleur buteur de la Liga).
Les circonstances du transfert
En 2009, l’Olympique lyonnais coaché par Claude Puel n’est plus champion de France, après sept titres d’affilée. Sorti de la Ligue des champions en huitième de finale par le FC Barcelone de Messi, futur vainqueur de l’épreuve, Lyon va perdre bien plus. Alors qu’il avait annoncé rester une saison de plus dans son club formateur, Karim Benzema, qui a alors 21 ans, prend tout le monde de court en signant le 1er juillet au Real Madrid pour 35 millions d’euros pour un contrat de six ans. Cinq jours plus tôt, c’est Cristiano Ronaldo qui a signé en provenance de Manchester United. Les deux hommes vont se côtoyer pendant neuf ans à la Maison blanche, le second faisant évidemment beaucoup d’ombre au premier.
Le bilan de ses années au Real
Sa première saison n’est pas bonne. Il a du mal à s’intégrer et l’entraîneur Manuel Pellegrini lui préfère l’Argentin Gonzalo Higuain. La suivante voit son statut changer grâce à la blessure de l’Argentin. Il marque beaucoup plus souvent (26 buts) mais reste sous la concurrence d’Adebayor. Il monte en puissance en 2011-12 en dépassant Zidane dans les stats du club au nombre de buts marqués. L’été 2013 est décisif. Alors qu’en équipe de France, il ne marque plus, les départs de Gonzalo Higuain et de José Mourinho, remplacé par Carlo Ancelotti qui prend Zinédine Zidane comme adjoint, lui fait changer de statut. Il est désormais titulaire incontesté en pointe, et va gagner quatre Ligues des Champions en cinq saisons (2014, 2016, 2017 et 2018).
Entre temps, Zidane a remplacé Benitez (lui-même éphémère successeur d’Ancelotti) début 2016, accordant une confiance sans faille à Benzema. C’est d’ailleurs Zidane qui lui confie le brassard de capitaine en mars 2018, et c’est avec lui que le Nueve marque le premier but du Real en finale de la Ligue des Champions contre Liverpool. Le départ de Ronaldo à la Juve à l’été 2018 lui libère la place, et il entre dans la période la plus prolifique de sa carrière, après ses 30 ans. Il inscrit 131 buts en quatre saisons avec le Real, pour 47 passes décisives, et fait tomber les records les uns derrière les autres, dont celui de Thierry Henry, meilleur buteur français de tous les temps (425 contre 411). Champion d’Espagne en 2020, puis en 2022, il remporte sa cinquième Ligue des champions et devient le plus sérieux postulant au Ballon d’Or.
La place de ses années au Real dans sa carrière
Elle est évidemment déterminante, puisqu’il y a passé 13 ans, un record pour un joueur français à l’étranger dans un même club. C’est là qu’il est passé du statut de grand espoir du football français à titulaire dans le plus grand club du monde, puis meilleur joueur du club, et probablement en octobre prochain meilleur joueur du monde. il ne faut cependant pas occulter ses cinq saisons passées à l’Olympique lyonnais, son club formateur (de janvier 2005 à mai 2009) avec lequel il a gagné quatre titres de champion de France, une Coupe de France et deux trophées des champions, soit 7 des 30 titres de sa carrière. Il a également marqué 66 buts en 146 matchs, un total remarquable pour un joueur d’une vingtaine d’années. Ce sont d’ailleurs ces performances précoces et l’énorme potentiel qu’il laissait entrevoir (et que lui a concrétisé, contrairement à d’autres de la génération 1987) qui ont poussé le Real Madrid à le faire signer à l’été 2009. En passant de Lyon au Real, Benzema a franchi le même cap que Platini passant de Saint-Etienne à la Juventus en 1982, sauf que le triple Ballon d’Or avait déjà 27 ans à l’époque. Et il a fait mieux que Zidane, qui n’a rejoint le Real qu’à 29 ans, à l’été 2001. C’était tout de même un pari risqué, mais Benzema a eu le mérite de le tenter, et finalement de le réussir.
Ce que ça a changé par rapport à son statut d’international A
Si on ajoute aux déboires de sa première saison une absence pendant l’hiver à cause d’une pubalgie, l’absence de Benzema lors de la Coupe du monde 2010 n’est pas vraiment une surprise, d’autant que Raymond Domenech écarte aussi Samir Nasri, Jérémy Menez et Hatem Ben Arfa, les autres représentants de la génération 1987. Paradoxalement, c’est Didier Deschamps qui le relancera après l’Euro 2012 et qui lui maintiendra sa confiance au cours d’une année 2013 cauchemardesque. Après une Coupe du monde 2014 plutôt réussie (trois buts lors des deux premiers matchs), il est écarté de la sélection en octobre 2015 à la suite de l’affaire de la sextape. Il va passer les cinq années et demie suivantes loin des Bleus, n’ayant plus que son quotidien en club pour briller.
Mais ce sont ses performances de très haut niveau en club entre 2016 et 2020 qui vont pousser Didier Deschamps à le rappeler en sélection en mai 2021, dans la liste pour l’Euro. La baisse de régime de l’attaque des Bleus inquiète le sélectionneur, qui voit dans l’association Griezmann-Benzema-Mbappé l’arme secrète nécessaire pour conquérir le titre européen. Elle ne sera pas suffisante, mais les deux doublés de Benzema contre le Portugal puis la Suisse lui permettent de retrouver sa place de titulaire en pointe de l’attaque de l’équipe de France. Le banni est revenu.
Avant son arrivée au Real :
– 5 saisons en pro
– 112 matchs de Ligue 1 française (43 buts) avec Lyon
– Quatre championnats de France (2005, 2006, 2007 et 2008), une Coupe de France (2008), deux Trophées des champions (2006 et 2007)
– 24 sélections en équipe de France (6 buts) de mars 2007 à juin 2009
Durant ses années au Real
– 13 saisons (en cours)
– 415 matchs de Liga et 219 buts
– Cinq Ligue des champions (2014, 2016, 2017, 2018 et 2022), quatre Coupes du monde des clubs (2014, 2016, 2017 et 2018), trois Supercoupe d’Europe (2014, 2016 et 2017), quatre titres de champion d’Espagne (2012, 2017, 2020 et 2022), deux Coupes du Roi (2011 et 2014), quatre Supercoupes d’Espagne (2012, 2017, 2019 et 2022)
– 70 sélections en équipe de France (30 buts) depuis septembre 2009.
– Une Ligue des Nations (2021).