Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Platini, saison 2 (1989-90)

Publié le 4 septembre 2024 - Richard Coudrais

Les échanges entre Chroniques Bleues et Soccer Nostalgia se poursuivent avec l’évocation de l’équipe de France et la deuxième saison du sélectionneur Michel Platini en 1989/90. Richard Coudrais répond à Shahan Petrossian.

14 minutes de lecture
Lire l’article sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 78
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
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Soccernostalgia : Quelle était l’ambiance en équipe de France avec Michel Platini lors de sa première saison complète à la tête de l’équipe à l’automne 1989 ?

Richard Coudrais : Depuis la défaite à Glasgow contre l’Ecosse, la France avait fait le deuil de la Coupe du monde 1990. Il restait certes une infime chance de se qualifier (elle perdurera jusqu’à la fin des éliminatoires), mais Michel Platini avait décidé de tourner la page. Son objectif était désormais de se qualifier pour l’Euro 1992 qui devait se dérouler en Suède. Il s’est ainsi donné un an pour préparer son équipe aux éliminatoires.

Il y avait eu beaucoup de bruit pendant l’intersaison avec l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie et ses dépenses pour constituer une équipe pour participer à la Coupe des Champions. Cela a-t-il eu un effet positif sur l’équipe nationale ?

Bernard Tapie commençait en effet à prendre l’habitude de recruter des internationaux et notamment des joueurs de l’équipe de France. Après Giresse et Papin à son arrivée en 1986, le président de l’OM avait enchaîné avec Le Roux, Ayache, Genghini, Sauzée, Cantona, Vercruysse puis Amoros et Tigana en 1989… Suivront Deschamps, Boli, Casoni, Pardo, Angloma, Durand, Desailly et bien d’autres. Le fait que l’ossature de l’équipe de France provenait d’un même club était forcément bénéfique en termes d’automatismes. Beaucoup de grandes sélections s’appuient sur l’ossature d’un club.

La saison a débuté par un match amical à Malmö contre la Suède le 16 août 1989. Eric Cantona était de retour de suspension et il a marqué deux fois avec Jean-Pierre Papin (victoire (4-2)). Le duo d’attaquants de l’ère Platini est-il né ce jour-là ?

Ce n’est pas la première fois que Papin et Cantona jouaient ensemble en équipe de France. Henri Michel, le précédent sélectionneur, avait testé le duo en deux occasions. Mais c’est bien à Malmö que son efficacité a été la plus convaincante. Cela deviendra l’attaque emblématique de l’équipe de France dans ces années-là. Avec cette association, Michel Platini avait réussi ce que l’OM n’était pas parvenu à faire.


 

On a dit plus tard qu’une équipe était née ce jour-là. Était-ce le consensus général à l’époque ou s’est-il réalisé plus tard ?

Il ne s’agit pas seulement d’une formule. Une équipe est vraiment née à Malmö parce que le sélectionneur l’avait décidé ainsi. Platini avait convoqué une quinzaine de joueurs et leur avait dit que quoi qu’il arrive à Malmö, il conservera le groupe jusqu’à l’Euro 1992. Le temps des expérimentations était terminé. Le sélectionneur avait eu le temps de réfléchir à un onze type et il avait décidé de s’appuyer dessus sur la durée. Quelques joueurs s’ajouteront au fil des matchs, mais Platini conservera son ossature et son schéma de jeu.

Le match suivant fut un match de qualification pour la Coupe du monde à Oslo, le 5 septembre 1989, qui se termina par un match nul (1-1). La Norvège a marqué vers la fin, mettant ainsi fin à tout espoir de Coupe du monde. Le public français était-il déjà résigné à cela ?

Oui. Comme écrit plus haut, la page était tournée depuis longtemps. On aurait bien aimé qu’elle arrache sa qualification in extremis, mais l’élimination était digérée. A Oslo, le sélectionneur a aligné exactement la même équipe qu’à Malmö, confirmant que son plan n’était pas un effet d’annonce.


 

Le prochain match de qualification pour la Coupe du Monde fut un autre match de référence pour le groupe Platini. Le 11 octobre 1989, au Parc des Princes, la France (dévoilant son nouveau maillot) bat l’Écosse (3-0) de manière convaincante. Quelle a été la réaction après ce match ?

Les Français prennent une belle revanche sur l’Ecosse, responsable de leur élimination, et réalisent un match convaincant malgré quelques périodes brouillonnes. L’équipe s’appuie désormais sur des bases solides, les joueurs ont développé des automatismes et remportent quelques victoires qui font accroître leur confiance. Le pays pense sérieusement que c’est la fin des vaches maigres. Même si on est loin du jeu flamboyant des années Hidalgo.

Le dernier match de qualification pour la Coupe du monde s’est joué à Toulouse le 18 novembre 1989. Dans un relatif anonymat, la France s’est imposée (2-0) contre Chypre. Y a-t-il eu des enseignements tirés de ce match ?

Les Français avaient une revanche à prendre sur Chypre, qui était alors une équipe très faible. On s’attendait à un festival offensif, mais l’équipe n’a péniblement inscrit que deux buts. On s’aperçoit que l’équipe constituée par Platini a du mal à prendre le jeu à son compte. Elle s’appuie sur une défense solide et deux attaquants de grande valeur, mais le jeu est assez basique. C’est typiquement une équipe de contre, un peu empruntée face aux équipes défensives. On note au passage que les buteurs de Toulouse ont pour noms Deschamps et Blanc, deux jeunes dont on imaginait encore mal la dimension qu’ils prendraient à l’avenir.


 

Lors de ce match face à Chypre, Joël Bats a disputé son dernier match pour la France. Quel est son héritage avec les Bleus ?

Joël Bats termine sa carrière internationale avec 50 sélections, ce qui est énorme à l’époque. A son arrivée chez les Bleus en 1983, il met fin à une longue période où différents gardiens se sont succédé dans la cage de l’équipe de France. Son talent supérieur a donné une certaine assise à l’équipe de France et lui a permis notamment de remporter l’Euro 1984. Aujourd’hui, on retient surtout son match énorme contre le Brésil en quart de finale de la Coupe du monde 1986, où il arrête un penalty de Zico et le tir au but de Socrates. Dommage qu’il ait commis quelques erreurs lors de rencontres décisives contre la RFA à Guadalajara en demi-finale de la Coupe du monde, ou plus tard à Glasgow contre l’Ecosse. Il garde toutefois l’image d’un immense gardien.

Au début de la nouvelle année (1990) et de la nouvelle décennie, Platini et l’équipe nationale ont effectué une tournée au Koweït en janvier. Le premier match eut lieu contre le club koweïtien d’Al Qadisya le 18 janvier 1990 (victoire 3-0). Cela a été suivi d’un match contre l’équipe nationale koweïtienne le 21 janvier 1990 (victoire 1-0). Comment s’est comporté le groupe lors de ces deux matches ?

C’est le cheikh Fahad Al-Ahmed Al-Jaber Al-Sabah, célèbre depuis son intervention lors du France-Koweït de la Coupe du monde 1982, qui avait invité l’équipe de France à cette tournée au Koweït. Le dirigeant a toujours tenu à entretenir de bonnes relations avec la France depuis l’incident de Valladolid. Platini, comme la plupart des sélectionneurs arrivants, avait réclamé qu’on organise une tournée pour l’équipe de France. Cela permet de réunir les joueurs sur une longue période et de renforcer leurs affinités sur le plan personnel. Platini rêvait sans doute d’un périple en Amérique du Sud, mais la fédération a répondu à l’invitation du Koweït, qui reste beaucoup plus faible sur le plan sportif. L’équipe de France a joué de manière sérieuse avec trois victoires et aucun but encaissé. Même si les rencontres n’étaient pas d’un très haut niveau, les résultats ont démontré que les joueurs étaient impliqués.

Platini a offert des débuts internationaux à Gilles Rousset, Pascal Vahirua et Rémi Garde. Tous feront partie du groupe Platini dans les prochaines années. Platini a-t-il encore forgé son groupe dans cette tournée ?

Oui. Tout en maintenant l’ossature du groupe et son schéma de jeu, Platini n’a jamais hésité à intégrer de nouveaux joueurs. Le vivier du football français était déjà très riche et le championnat de France d’un bon niveau, même s’il était loin des championnats italiens et espagnols. L’équipe de France n’était pas fermée, mais il fallait gagner sa place.

Le dernier match de la tournée eut lieu contre l’Allemagne de l’Est le 24 janvier 1990, et la France s’imposa (3-0) de manière convaincante. La France était-elle désormais sur la bonne voie ?

Incontestablement. L’équipe de France ne perdait plus et n’encaissait plus de buts depuis plusieurs mois. Elle débutait sans vraiment le savoir une longue période d’invincibilité. C’était très encourageant. Même Deschamps marquait des buts (c’était son troisième en sept sélections). Avec le recul, on s’aperçoit que cette tournée avait une forte symbolique géopolitique : la France a rencontré le Koweït et la RDA dans une période à mi-chemin entre deux événements majeurs de l’époque, la chute du mur de Berlin et la Guerre du Golfe.

Platini a fermement établi Bruno Martini comme le nouveau gardien titulaire de cette tournée. Était-ce attendu depuis longtemps ?

Bruno Martini était en effet désigné comme le successeur de Joël Bats. Il lui avait déjà succédé en club, à Auxerre, puis dans l’équipe de France Espoirs. Il était déjà l’un des meilleurs gardiens du championnat. D’autres étaient également très bons, mais Platini a tenu à maintenir sa confiance à Martini, car il savait que changer trop souvent de gardien n’était pas bénéfique.


 

Le match suivant était un match amical le 28 février 1990, à Montpellier contre les futurs champions de la Coupe du monde, l’Allemagne de l’Ouest. La France a gagné (2-1) et j’imagine que peu de gens se seraient attendus à une telle victoire un an auparavant. Était-ce un autre match référence pour le groupe Platini ?

Un des plus grands matchs de l’époque assurément. La RFA qui se présentait à Montpellier était une belle équipe : Matthaus, Brehme, Riedle, Klinsmann, sans oublier leur entraîneur Franz Beckenbauer. Ils deviendront champions du monde quelques mois plus tard à Rome, après avoir été battus par la France. Comme l’Italie en 1982 et comme l’Argentine en 1986. A Montpellier, les Allemands avaient ouvert le score, mais les Français ont renversé la rencontre et marqué par Papin et Cantona. Ce match a nourri des regrets car on s’est dit que cette équipe de France, si elle s’était qualifiée, aurait pu jouer un rôle intéressant en Italie lors de la Coupe du monde.

La saison se termine par un match amical à Budapest le 28 mars 1990 et une nouvelle victoire (3-1). La France était-elle vraiment une équipe récupérée à ce stade ?

Ce match de Budapest ponctuait une saison assez incroyable que les Bleus ont fini invaincus, avec huit victoires en neuf rencontres. Platini avait fait du bon boulot et on avait retrouvé une équipe de France conquérante, motivée, soudée, qui ne négligeait plus aucun match. Il y avait un bon état d’esprit.


 

À l’époque, la presse avait-elle remarqué que le groupe de Platini était quelque peu fermé ou était-elle simplement satisfaite des résultats ?

Le groupe était considéré comme fermé car Platini ne cessait de répéter qu’il ferait toujours confiance aux mêmes joueurs, même s’ils devaient rater un match ou deux. Toutefois, il n’hésitait pas à renforcer son équipe, par fines touches. A Budapest, il avait rappelé Luis Fernandez, auquel on ne croyait plus. Un coup de poker gagnant. Luis s’est parfaitement intégré dans cette équipe enthousiaste.

Comment pensez-vous que Platini a réussi à former une équipe en un an ?

Il est important de tenir compte du travail effectué par Gérard Houllier, qui était l’entraîneur de cette équipe alors que Platini n’en était “que” le sélectionneur. Les deux hommes travaillaient de concert. Platini, même s’il n’avait pas de diplôme d’entraîneur, connaissait parfaitement le football et savait “sentir” les situations. C’était déjà le cas quand il était joueur où il faisait souvent confiance à ses intuitions. Comme sélectionneur, il travaillait également au ressenti et ça lui réussissait. La marque des grands.

La presse considérait-elle Platini comme un sauveur ou y avait-il encore des doutes ?

Platini était un homme très apprécié par la presse. Parce qu’il fut un grand joueur et parce qu’il était quelqu’un de sympa, d’attachant, avec beaucoup d’humour et très décontracté. Le fait qu’il ait rapidement obtenu des résultats a renforcé la confiance que la presse lui accordait. Elle discutait rarement ses choix. Le jeu pratiqué était parfois critiqué, mais comme l’équipe ne perdait plus, il n’y avait aucune raison de le remettre en cause.

L’avenir s’annonçait-il prometteur à la fin de cette saison et y avait-il un sentiment de renaissance ?

Oui. Le public s’est remis à aimer l’équipe de France, après une longue période sans résultats. Dans le même temps, lors de cette saison 1989-1990, les clubs français ont réalisé de très bonnes performances en Coupe d’Europe, avec deux équipes, Marseille et Monaco, en demi-finale, et Auxerre en quarts de finale. Rarement le football français avait connu un tel résultat d’ensemble et un engouement public aussi fort.

English version

Soccernostalgia : What was the mood with the French National team with Michel Platini in his first full season in charge in the Fall of 1989 ?

Richard Coudrais (English Translation) : Since the defeat in Glasgow against Scotland, France had mourned the 1990 World Cup. There certainly remained a tiny chance of qualifying (it would last until the end of the qualifiers), but Michel Platini had decided to turn the page. His goal was now to qualify for Euro 1992 which was to take place in Sweden. He thus gave himself a year to prepare his team for the playoffs.

There had been much fanfare in the offseason with Bernard Tapie’s Olympique Marseille and its expenditures to build a team to compete in the Champions Cup. Did this have appositive effect on the National team ?

Bernard Tapie was indeed starting to get into the habit of recruiting internationals, particularly players from the France team. After Giresse and Papin upon his arrival in 1986, the president of OM continued with Le Roux, Ayache, Genghini, Sauzée, Cantona, Vercruysse then Amoros and Tigana in 1989... Deschamps, Boli, Casoni, Pardo, Angloma, Durand followed, Desailly and many others. The fact that the backbone of the French team came from the same club was necessarily beneficial in terms of automatisms. Many major selections rely on the backbone of a club.

The season started with a friendly at Malmö vs. Sweden on August 16, 1989. Eric Cantona was back from his suspension and he scored twice along with Jean-Pierre Papin ((4-2) win). Was the attacking duo of the Platini era born that day ?

This is not the first time that Papin and Cantona played together in the French team. Henri Michel, the previous coach, had tested the duo on two occasions. But it was in Malmö that its effectiveness was most convincing. This will become the emblematic attack of the France team in those years. With this association, Michel Platini had achieved what OM had not managed to do.

It was later said that a team was born on that day. Was this the general consensus at the time or realized later ?

It’s not just a formula. A team was truly born in Malmö because the coach decided so. Platini had summoned around fifteen players and told them that whatever happened in Malmö, he would keep the group until Euro 1992. The time for experimentation was over. The coach had time to think about a typical eleven and he decided to rely on it over time. A few players will be added over the course of the matches, but Platini will retain his structure and his playing pattern.

The next match was a World Cup qualifier at Oslo, on September 5, 1989, that ended in a tie (1-1). Norway scored near the end, and this effectively ended any World Cup hopes. Were the French public already resigned to that fact beforehand ?

Yes. As written above, the page had been turned for a long time. We would have liked her to qualify at the last minute, but the elimination was over. In Oslo, the coach fielded exactly the same team as in Malmö, confirming that his plan was not an announcement.

The next World Cup qualifier was another reference match for the Platini group. On October 11, 1989, at Parc des Princes, France (unveiling its new jersey), defeated Scotland (3-0) in convincing fashion. What was the reaction after this match ?

The French took a nice revenge on Scotland, responsible for their elimination, and produced a convincing match despite some messy periods. The team now relies on solid foundations, the players have developed automatisms and have won a few victories which have increased their confidence. The country seriously thinks that this is the end of lean times. Even if we are far from the flamboyant play of the Hidalgo years.

The last World Cup qualifier was played at Toulouse on November 18, 1989. In relative anonymity, France won (2-0) against Cyprus. Were there any lessons learned from this match ?

The French had revenge to take on Cyprus, who were then a very weak team. We expected an offensive festival, but the team barely scored two goals. We see that the team formed by Platini is having difficulty taking control of the game. It relies on a solid defense and two valuable attackers, but the game is quite basic. It is typically a counter team, a little borrowed against defensive teams. We note in passing that the Toulouse scorers are named Deschamps and Blanc, two young people of whom we still had difficulty imagining the dimension they would take on in the future.

In this match vs. Cyprus, Joël Bats played his last match for France. What is his legacy with the blues ?

Joël Bats ended his international career with 50 caps, which was enormous at the time. When he arrived at the Blues in 1983, he put an end to a long period where different goalkeepers succeeded one another in the cage of the France team. His superior talent gave the French team a certain foundation and notably allowed it to win Euro 1984. Today, we especially remember his huge match against Brazil in the quarter-final of the 1986 World Cup, where he stops a Zico penalty and Socrates’ shot on goal. Too bad he made a few mistakes during decisive encounters against West Germany in Guadalajara in the semi-final of the World Cup, or later in Glasgow against Scotland. However, he retains the image of an immense goalkeeper.

As the new year (1990) and the new decade started, Platini and the National team went on a Tour in Kuwait in January. The first match was against Kuwaiti club Al Qadisya on January 18, 1990 (3-0 win). This was followed by a match against the Kuwaiti national Team on January 21, 1990 (1-0 win). How did the group perform in these two matches ?

It was Sheikh Fahad Al-Ahmed Al-Jaber Al-Sabah, famous since his intervention during France-Kuwait in the 1982 World Cup, who invited the France team to this tour in Kuwait. The leader has always been keen to maintain good relations with France since the Valladolid incident. Platini, like most of the arriving coaches, had demanded that a tour be organized for the France team. This brings players together over a long period of time and strengthens their affinities on a personal level. Platini undoubtedly dreamed of a trip to South America, but the federation responded to the invitation from Kuwait, which remains much weaker in sporting terms. The French team played seriously with three victories and no goals conceded. Even if the matches were not of a very high level, the results showed that the players were involved.

Platini handed International debuts to Gilles Rousset, Pascal Vahirua and Rémi Garde. All would be part of the Platini group in the next few years. Did Platini forge his group further in this Tour ?

Yes. While maintaining the backbone of the group and its playing pattern, Platini never hesitated to integrate new players. The breeding ground for French football was already very rich and the French championship was of a good level, even if it was far from the Italian and Spanish championships. The French team was not closed, but we had to earn our place.

The last match on the Tour was against East Germany on January 24, 1990, and France won (3-0) in a convincing manner. Was Franc eon the right track by now ?

Unquestionably. The French team had not lost or conceded goals for several months. Without really knowing it, she was beginning a long period of invincibility. It was very encouraging. Even Deschamps scored goals (it was his third in seven caps). With hindsight, we see that this tour had a strong geopolitical symbolism : France met Kuwait and the GDR in a period halfway between two major events of the time, the fall of the Berlin Wall and the Gulf War.

Platini firmly established Bruno Martini as the new starting goalkeeper in this Tour. Was this long overdue ?

Bruno Martini was in fact designated as the successor to Joël Bats. He had already succeeded him at club, at Auxerre, then in the France U-21 team. He was already one of the best goalkeepers in the championship. Others were also very good, but Platini was keen to maintain his trust in Martini, as he knew that changing goalkeepers too often was not beneficial.

The next match was a friendly on February 28, 1990, at Montpellier vs. future World Cup Champions West Germany. France won (2-1) and I imagine not many would have expected such a win a year before. Was this another reference match for the Platini group ?

One of the greatest matches of the era for sure. The West Germany which presented itself in Montpellier was a great team : Matthaus, Brehme, Riedle, Klinsmann, without forgetting their coach Franz Beckenbauer. They would become world champions a few months later in Rome, after being beaten by France. Like Italy in 1982 and like Argentina in 1986. In Montpellier, the Germans opened the scoring, but the French turned the match around and scored through Papin and Cantona. This match fueled regrets because we said to ourselves that this French team, if it had qualified, could have played an interesting role in Italy during the World Cup.

The season ended with a friendly at Budapest on March 28, 1990, and another win (3-1). Were France truly a recovered team at this point ?

This match in Budapest punctuated a fairly incredible season in which the Blues finished undefeated, with eight victories in nine matches. Platini had done a good job and we found a conquering French team, motivated, united, which no longer neglected any match. There was a good state of mind.

At the time, did the press notice that Platini’s group was somewhat closed or were they just satisfied with the results ?}

The group was considered closed because Platini kept repeating that he would always trust the same players, even if they had to miss a match or two. However, he did not hesitate to strengthen his team, in small steps. In Budapest, he recalled Luis Fernandez, in whom we no longer believed. A winning poker move. Luis integrated perfectly into this enthusiastic team.

How do you think Platini succeeded to form a team in one year ?

It is important to take into account the work carried out by Gérard Houllier, who was the coach of this team while Platini was “only” the coach. The two men worked together. Platini, even though he did not have a coaching diploma, knew football perfectly and knew how to “feel” situations. This was already the case when he was a player where he often trusted his intuitions. As a coach, he also worked on feeling and it worked for him. The mark of the greats.

Did the Press look at Platini as a savior or were there still some doubts ?

Platini was a man much appreciated by the press. Because he was a great player and because he was a nice, endearing person, with a lot of humor and very relaxed. The fact that he quickly obtained results reinforced the confidence the press placed in him. They rarely discussed his choices. The game played was sometimes criticized, but as the team no longer lost, there was no reason to question it.

Did the future look bright at the end of this season and was there a feeling of rebirth ?

Yes. The public has started to love the France team again, after a long period without results. At the same time, during this 1989-1990 season, French clubs performed very well in the European Cups, with two teams, Marseille and Monaco, in the semi-finals, and Auxerre in the quarter-finals. Rarely has French football experienced such an overall result and such strong public enthusiasm.

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