Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Platini, saison 1 (1988-89)

Publié le 27 août 2024 - Richard Coudrais

La collaboration entre Chroniques Bleues et le média américain Soccer Nostalgia se poursuit avec une série d’articles sur l’équipe de France des années Platini sélectionneur. Richard Coudrais répond aux questions de Shahan Petrossian.

17 minutes de lecture
Lire l’article sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 73
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Lire la version en anglais. English version here
Soccernostalgia : Michel Platini a été nommé alors que la saison se déroule de manière dramatique. Quelle était l’ambiance à ces débuts alors que Platini n’avait que quelques jours pour préparer un important match de qualification pour la Coupe du Monde contre la Yougoslavie en novembre ?

Richard Coudrais : La nomination de Michel Platini au poste de sélectionneur, le 1er novembre 1988, a surtout été un choix politique. Elle a été initiée par des personnages extérieurs qui ont profité de la position de faiblesse de la fédération. Cet épisode a d’ailleurs gardé le nom de “putsch de la Toussaint”. Toutefois, le nom de Platini faisait l’unanimité, même s’il n’avait que 33 ans, aucune expérience d’entraîneur et s’était un peu éloigné du football après la fin de sa carrière de joueur. La fédération a pris soin de lui adjoindre Gérard Houllier, ancien entraîneur du Paris Saint-Germain, qui connaissait parfaitement les joueurs du championnat de France. Les deux hommes ont eu une vingtaine de jours pour préparer la rencontre.

L’une des décisions les plus importantes de Platini a été le rappel de vétérans à la retraite comme Battiston et Tigana, sous la menace d’une suspension en cas de refus des joueurs. Comment cela a-t-il été perçu par la presse et le public ?

Cette décision a été diversement commentée, d’autant que l’on n’a pas laissé le choix aux intéressés (une sanction en cas de refus de sélection). En outre, Tigana jouait à Bordeaux et son président était partie prenante de la nomination de Platini à la tête de l’équipe de France. Donc Tigana ne pouvait pas refuser, et se retrouvait contraint de jouer contre son gré. Battiston, qui jouait à Monaco, sera rappelé plus tard, au début de l’année 1989. Il n’était pas enchanté non plus d’être rappelé de force, mais il a accepté de bonne grâce au nom de sa vieille amitié avec le nouveau sélectionneur. Chez les autres joueurs, ce rappel des anciens a fait grincer quelques dents, car cela signifiait que leur génération ne s’était pas montrée à la hauteur (ce que confirmaient malheureusement les résultats).


 

L’ère Michel Platini débute par une défaite à Belgrade le 19 novembre 1988 (défaite 2-3). Malgré la défaite, la France a fait mieux que prévu, mais les chances de qualification étaient sombres. Comment cette performance a-t-elle été perçue par la presse ?

Ce fut un très bon match des Tricolores en effet, face à une très bonne équipe de Yougoslavie. La France a ouvert la marque très tôt puis a mené au score jusqu’à un quart d’heure de la fin, mais les Yougoslaves ont trouvé les ressources pour remporter la rencontre. Toutefois, la satisfaction a été forte en France car l’équipe a bien joué et le match était plaisant. Le nouveau sélectionneur avait réussi son entrée. Il a en outre laissé une image très forte en se tenant debout auprès du banc, attitude très rare à l’époque, et avait délaissé le traditionnel survêtement pour un look plus soigné. L’effet Platini a fonctionné. On en aurait presque oublié, c’est vrai, qu’il s’agissait d’une défaite et que la situation dans le groupe qualificatif allait devenir fort compliquée.

Dans ce match à Belgrade, Jean Tigana jouait pour la dernière fois pour la France. Comment résumez-vous son parcours en équipe nationale ?

Après le match de Belgrade, Tigana a été appelé pour la rencontre en Irlande mais il a dû déclarer forfait sur blessure. Même chose pour le match en Ecosse. Et on ne le reverra plus jamais par la suite. Il méritait une plus belle sortie. Il reste un “monstre sacré” de la génération dorée 1982-1986. Il a eu un parcours atypique et a mis quelques années à obtenir un statut de titulaire. Il est vraiment devenu indiscutable à partir de la Coupe du monde 1982 et a toujours été très bon lors des échéances décisives. Malgré une constitution physique très légère (1,68 m pour 62 kg), il a épuisé le géant Briegel à Séville. Pendant l’Euro 1984, il était le dernier à courir alors que ses coéquipiers étaient épuisés. Il a été l’homme des fin de matchs en donnant des ballons décisifs à Platini et Bellone.

Dans ce match contre la Yougoslavie, Platini a offert ses débuts internationaux à Alain Roche et notamment à Christian Perez. Comment jugez-vous leur performance ?

Platini et Houiller restaient confrontés aux mêmes problèmes qu’a connu Henri Michel à savoir un grand nombre de forfaits ou de joueurs en méforme. Il fallait donc poursuivre, de gré ou de force, les expérimentations. Christian Perez a été une bonne surprise : il a ouvert le score très tôt en profitant de l’erreur d’un défenseur yougoslave puis a donné à Sauzée le ballon du deuxième but. Un petit gabarit, très vif. Platini l’a remplacé par Bravo juste après ce but et ce ne fut probablement pas une bonne idée. Quant à Alain Roche, il était chargé du marquage de Cvetkovic puis de Savicevic dans une défense un peu curieuse avec trois défenseurs centraux (Roche, Boli et Kastendeuch) et un arrière latéral (Amoros). L’ensemble de la défense a été mise en difficulté par les dribbleurs yougoslaves, notamment Savicevic entré en fin de match et qui a donné les deux ballons de but.

L’année 1989 a commencé par un match amical à Dublin contre la République d’Irlande le 7 février. Le match visait clairement à préparer le match de qualification contre l’Écosse en mars. Quels enseignements tirer de ce score nul ?

Lorsque la rencontre de Belgrade s’est terminée, l’équipe de France s’est immédiatement projetée sur le Ecosse-France du 8 mars. Un match contre la Hongrie était prévu en février, mais Platini a préféré que son équipe soit confrontée à des adversaires britanniques pour préparer le rendez-vous de Glasgow. Les Bleus se déplacent donc à Dalymount Park pour affronter l’Irlande puis à Highbury le mardi suivant pour jouer contre Arsenal. L’idée semblait bonne mais encore eut-il fallu que le sélectionneur puisse aligner les mêmes joueurs d’une rencontre à l’autre. Ce qui n’a pas été le cas. A Dublin, Platini n’a gardé que cinq joueurs du match de Belgrade. Les Français obtiennent sur un terrain boueux un match nul satisfaisant. La défense s’est montrée très homogène, avec trois joueurs de Monaco, mais l’attaque ne s’est pas procuré beaucoup d’occasions.


 

Laurent Blanc a fait ses débuts lors de ce match à Dublin en tant que milieu de terrain. Était-il évident qu’il serait un pilier de cette équipe dans un futur proche ?

Laurent Blanc était alors un meneur de jeu, avec le numéro 10. Un poste où ont été essayés Ferreri, Vercruysse, Touré, Bravo, Passi sans qu’aucun ne s’impose vraiment en patron. A 23 ans, Blanc provenait de l’équipe de France espoirs qui avait remporté le championnat d’Europe 1988. Mais il ne s’imposera pas non plus comme numéro 10 puisque dans son club, on le fait jouer libéro, un poste qu’il appréciait moyennement au départ mais dans lequel il va finalement faire la carrière qu’on lui connaît.

Une semaine plus tard, le 14 février 1989, la France affronte Arsenal, leader du championnat anglais, à Highbury et perd (0-2). Était-ce alarmant de perdre face à un club ?

L’équipe de France n’avait plus joué contre un club depuis plus de quatre ans. Platini avait envisagé d’aligner la même équipe qu’à Dublin mais l’AS Monaco, qui disputait la Coupe des champions, a demandé à préserver ses joueurs, ce qui représentait l’essentiel de la défense qui avait donné satisfaction (Battiston, Sonor, Amoros). Platini se retrouve avec une défense inexpérimentée avec deux novices (Bonalair et Prunier) ainsi que Franck Silvestre, qui a débuté une semaine plus tôt à Dublin, et Sylvain Kastendeuch qui n’en est qu’à neuf sélections. Dans ses conditions, ce n’est pas la défaite qui était contrariante, mais plutôt le fait que Platini n’a pas pu préparer comme il le voulait le rendez-vous de Glasgow. Ce qui est amusant, avec le recul, c’est que l’entraîneur de Monaco, qui a refusé que ses joueurs jouent contre Arsenal, était… Arsène Wenger.


 

Le 8 mars 1989, à Glasgow contre l’Écosse, la France perd un autre match de qualification important (0-2) avec Maurice Johnston de Nantes marquant deux fois. Les chances de qualification de la France étaient-elles pratiquement épuisées à ce stade ?

C’est le match à ne pas perdre, mais Platini doit faire en fonction des forfaits et des méformes. Il ne peut pas compter sur Tigana, de nouveau blessé, et fait appel à Thierry Laurey. Celui-ci se retrouve dans un milieu de terrain Sauzée-Durant-Laurey-Blanc dont le plus expérimenté est le premier nommé avec six sélections. Devant 65.000 spectateurs et sous la pluie, les Bleus sont confrontés à une équipe écossaise surmotivée, et notamment l’avant-centre Mo Johnston, très critiqué en France pour ses performances moyennes avec Nantes. C’est finalement lui qui marque les deux buts de son équipe, profitant en outre des erreurs du gardien français Joël Bats peu à son avantage. La France n’était pas encore complètement éliminée, mais le résultat fut accueilli comme tel.

Pour le dernier match de la saison, la France a affronté la Yougoslavie à Paris le 29 avril 1989. Le match s’est terminé sur un score vierge et a encore entravé les chances de qualification de la France. Comment ce match a-t-il été perçu par le public ?

Le public français s’était fait à l’idée que l’équipe de France avait de fortes chances d’être éliminée, même s’il restait un maigre espoir. Le match contre la Yougoslavie au Parc des Princes a dressé le constat que l’équipe de France, en termes de talent pur, était inférieure à celle de la Yougoslavie (qui bénéficiait alors d’une génération remarquable - elle ira jusqu’en quart de finale du Mondiale Italien).


 

Tout comme Tigana, Patrick Battiston, rappelé, a joué pour la dernière fois pour la France. Pouvez-vous résumer son parcours avec la France ?

Patrick Battiston est en effet une grande figure de la génération 1982-1986. Il a débuté très jeune mais a mis du temps à se faire une place. Il a toujours été confronté à une forte concurrence, lorsqu’il était latéral (Bossis, Janvion, Amoros…) puis quand il est devenu libéro (Bossis). Il a gagné ses galons de titulaire pendant les saisons entre le Mundial 1982 et l’Euro 1984. C’est au Mexique, pour la Coupe du monde 1986, qu’il a vraiment atteint un très haut niveau, associé en défense centrale à Maxime Bossis.

Lors de ce match contre la Yougoslavie, Didier Deschamps a fait ses débuts en France. Était-il évident qu’il aurait la longue carrière qu’il aurait en France ?

Les débuts de Didier Deschamps en bleu étaient en effet très attendus. Au-delà de ses qualités physiques et techniques, on appréciait surtout son intelligence tactique et son sens des responsabilités. Il était capitaine du FC Nantes à dix-neuf ans, jouait milieu de terrain mais assurait le rôle de libéro lorsque besoin (associé en défense centrale avec Marcel Desailly). Bien entendu, on était loin d’imaginer le joueur qu’il deviendrait, car on n’imaginait tout simplement pas l’équipe de France devenir championne du monde.

Au cours de cette première saison, Platini n’a pas pu progresser avec l’équipe, mais match par match, de nombreux joueurs ont été écartés alors qu’il construisait une équipe. La presse et le public ont-ils remarqué ces événements à l’époque ?

En fait, pour sa première saison, Platini n’a tout simplement pas fait mieux que Henri Michel. Il ne compte aucune victoire et a perdu les deux matchs qu’il ne fallait pas perdre, alors que Henri Michel lui avait laissé une équipe qui avait quand même récolté trois points sur quatre. Platini a été confronté aux mêmes problèmes que son prédécesseur, à savoir une génération moins talentueuse et de nombreux forfaits à gérer. Cette saison lui a toutefois permis de faire un état des lieux, et probablement de réfléchir à une stratégie à long terme, qu’il appliquera dès la saison suivante.

Platini n’a pas pu faire appel à Eric Cantona lors de sa première saison en raison d’une suspension. Pensez-vous que les performances de la France auraient été meilleures avec lui ?

Non. Cantona était un grand joueur mais n’était pas en capacité de transcender une équipe. En Angleterre, peut-être, mais pas en France. A l’âge de 23 ans, avec les Bleus, il aurait sans doute inscrit un but ou deux, mais aurait-il vraiment changé les choses ? Le problème était collectif.

En ce qui concerne les débutants cette saison, Deschamps, Blanc, Perez, Cocard et Silvestre seraient des éléments clés de l’ère Platini. Alors qu’Alain Roche va vraiment percer sous l’ère Gérard Houllier et que Thierry Laurey n’apparaît qu’une seule fois. Comment voyez-vous leurs performances ?

Une carrière internationale dépend autant de la valeur propre du joueur qu’aux circonstances. On sait que par la suite, Platini va limiter son groupe à quelques joueurs. Deschamps, Blanc, Perez, Cocard et Silvestre en feront partie, alors que Roche et Laurey n’y seront pas. L’histoire d’une sélection alterne les périodes de grand brassage et celles des équipes-types quasiment hermétiques aux nouveaux venus. La première saison de Platini sélectionneur était la dernière où il y avait des places à prendre.

Outre les rappelés Tigana et Battiston Sylvain Kastendeuch, Philippe Vercruysse, José Touré, Stéphane Paille, Luc Sonor et Daniel Xuereb se sont présentés pour la dernière fois. Que pensez-vous de leur carrière internationale (courte dans certains cas) ?

Platini rappellera encore Paille plusieurs fois mais ne le fera plus entrer en jeu. Le joueur sera définitivement barré par le duo Papin-Cantona. Il était ami avec le second mais était brouillé avec le premier. Les autres joueurs en revanche ne seront jamais rappelés. Vercruysse et Touré auraient dû avoir une grande carrière internationale. Ils avaient le talent, mais probablement pas le mental suffisant. Touré a connu toutes sortes de blessures et Vercruysse semble avoir été trop timide. Pour Kastendeuch, Sonor et Xuereb, Platini a estimé qu’ils n’avaient pas les qualités suffisantes pour poursuivre en équipe de France, ils n’avaient plus de marge de progression. Xuereb avait pourtant été redoutable en équipe de France olympique (9 buts en 11 matchs), mais n’a jamais confirmé au niveau au-dessus.

À la fin de la saison, quel a été le sentiment général de Michel Platini pour sa première saison complète à la tête du club ?

Même s’il ne comptait aucune victoire en cinq rencontres, Platini bénéficiait de la clémence de la presse et de l’opinion publique. Il avait annoncé qu’il présenterait sa démission si son équipe ne se qualifiait pas pour le Mondiale italien, mais finalement il ne l’a jamais fait. C’était un sélectionneur particulier. Il avait beaucoup de recul par rapport à sa fonction. Il estimait que le rôle de l’entraîneur était minime. En outre, il avouait être consterné par le niveau technique de ses joueurs. Il était prêt pour une nouvelle saison, mais savait qu’il n’avait plus le droit à l’erreur.

English version

Soccernostalgia : Michel Platini was appointed with the season underway under dramatic fashion. What was the atmosphere in these early days as Platini just had days to prepare an important World Cup qualifier against Yugoslavia in November ?

Richard Coudrais : The appointment of Michel Platini to the post of coach, on November 1, 1988, was above all a political choice. It was initiated by external figures who took advantage of the federation’s weak position. This episode has also kept the name of “All Saints’ Day Putsch”. However, Platini’s name was unanimous, even though he was only 33 years old, had no coaching experience and had moved away from football somewhat after the end of his playing career. The federation took care to add Gérard Houllier, former coach of Paris Saint-Germain, who knew the players of the French championship perfectly. The two men had around twenty days to prepare for the match.

One of the most important decisions of Platini was the recall of retired veterans like Battiston and Tigana with the threat of suspension if players refused. How was this viewed by the Press and Public ?

This decision has been variously commented on, especially since interested parties were not given a choice (a sanction in the event of refusal of selection). In addition, Tigana played in Bordeaux and its president was involved in the appointment of Platini as head of the France team. So Tigana could not refuse, and found himself forced to play against his will. Battiston, who played for Monaco, would be recalled later, at the beginning of 1989. He was not happy about being recalled by force either, but he accepted willingly in the name of his old friendship with the new coach. Among the other players, this reminder of the elders raised some eyebrows, because it meant that their generation had not shown itself up to the task (which unfortunately was confirmed by the results).

The Michel Platini era started with a loss at Belgrade on November 19, 1988 (2-3 loss). Despite the loss France performed better than expected but the chances for qualification were bleak. What was the general reaction after this game ?

It was a very good match for the Tricolores indeed, against a very good team from Yugoslavia. France opened the scoring very early then led until a quarter of an hour from the end, but the Yugoslavs found the resources to win the match. However, satisfaction was high in France because the team played well and the match was enjoyable. The new coach had succeeded in his entry. He also left a very strong image by standing near the bench, a very rare attitude at the time, and had abandoned the traditional tracksuit for a more polished look. The Platini effect worked. We almost forgot, it’s true, that it was a defeat and that the situation in the qualifying group was going to become very complicated.

In this match at Belgrade, Jean Tigana played for the last time for France. How do you summarize his career with the National Team ?

After the match in Belgrade, Tigana was called up for the match in Ireland but had to withdraw due to injury. Same thing for the match in Scotland. And we never see him again after that. He deserved a better outing. He remains a “sacred monster” of the golden generation 1982-1986. He had an atypical career path and took a few years to obtain starting status. He really became indisputable from the 1982 World Cup onwards and was always very good during decisive events. Despite a very light physical constitution (1.68 m for 62 kg), he exhausted the giant Briegel in Seville. During Euro 1984, he was the last to run while his teammates were exhausted. He was the man at the end of the matches, giving decisive balls to Platini and Bellone.

In this match against Yugoslavia Platini handed International debuts to Alain Roche and most notably Christian Perez. How do you judge their performance ?

Platini and Houiller remained faced with the same problems that Henri Michel experienced, namely a large number of withdrawals or players in poor form. It was therefore necessary to continue, willingly or unwillingly, the experiments. Christian Perez was a good surprise : he opened the scoring very early by taking advantage of the error of a Yugoslav defender then gave Sauzée the ball for the second goal. A small size, very lively. Platini replaced him with Bravo right after that goal and it probably wasn’t a good idea. As for Alain Roche, he was responsible for marking Cvetkovic then Savicevic in a somewhat curious defense with three central defenders (Roche, Boli and Kastendeuch) and a full-back (Amoros). The entire defense was put in difficulty by the Yugoslav dribblers, in particular Savicevic who entered at the end of the match and who gave away the two goal balls.

The year 1989 began with a friendly at Dublin vs. Republic of Ireland on February 7th. The match was clearly to prepare for the qualifier vs. Scotland in March. What were the lessons learned from this scoreless tie ?

When the Belgrade meeting ended, the France team immediately looked ahead to the Scotland-France match on March 8. A match against Hungary was planned for February, but Platini preferred that his team face British opponents to prepare for the Glasgow meeting. The Blues therefore traveled to Dalymount Park to face Ireland then to Highbury the following Tuesday to play against Arsenal. The idea seemed good but the coach had to be able to field the same players from one match to the next. It was not the case. In Dublin, Platini only kept five players from the Belgrade match. The French obtain a satisfactory draw on a muddy field. The defense was very homogeneous, with three players from Monaco, but the attack did not create many chances.

Laurent Blanc made his debut in this match at Dublin as a midfielder. Was it self-evident that he would be a pilar of this team in the near future ?

Laurent Blanc was then a playmaker, with number 10. A position where Ferreri, Vercruysse, Touré, Bravo, Passi were tried without any really establishing themselves as boss. At 23, Blanc came from the French youth team which won the 1988 European championship. But he will not establish himself as number 10 either since in his club, he is made to play libero, a position that he enjoyed it moderately at first but in which he will ultimately make the career that we know him to be.

A week later on February 14, 1989, France played against English League leaders Arsenal at Highbury and lost (0-2). Was it alarming to lose to a club side ?

The French team had not played against a club for more than four years. Platini had considered fielding the same team as in Dublin but AS Monaco, which was competing in the Champions Cup, asked to preserve its players, which represented the bulk of the defense which had given satisfaction (Battiston, Sonor , Amoros). Platini finds himself with an inexperienced defense with two novices (Bonalair and Prunier) as well as Franck Silvestre, who started a week earlier in Dublin, and Sylvain Kastendeuch who has only nine caps. In these conditions, it was not the defeat that was upsetting, but rather the fact that Platini was unable to prepare for the Glasgow meeting as he wanted. What’s funny, looking back, is that the Monaco coach, who refused to allow his players to play against Arsenal, was... Arsène Wenger.

On March 8, 1989, at Glasgow vs. Scotland, France lost another important qualifier (0-2) with Nantes’ Maurice Johnston scoring twice. Were France’s qualification chances all but over at this point ?

This is the match not to be lost, but Platini must take into account the forfeits and mistakes. He cannot count on Tigana, injured again, and calls on Thierry Laurey. He finds himself in a Sauzée-Durant-Laurey-Blanc midfield, the most experienced of which is the first named with six selections. In front of 65,000 spectators and in the rain, the Blues are faced with an over-motivated Scottish team, and in particular center forward Mo Johnston, much criticized in France for his average performances with Nantes. It was ultimately he who scored his team’s two goals, also taking advantage of the errors of French goalkeeper Joël Bats to his advantage. France was not yet completely eliminated, but the result was welcomed as such.

For the last match of the season, France faced Yugoslavia at Paris on April 29, 1989. The match ended in a scoreless tie and further hampered France’s qualification chances. How was this match viewed by the Public ?

The French public had come to terms with the idea that the French team had a strong chance of being eliminated, even if there remained a slim hope. The match against Yugoslavia at the Parc des Princes showed that the French team, in terms of pure talent, was inferior to that of Yugoslavia (which then benefited from a remarkable generation - it would go as far as the quarter-finals). final of the Italian World Cup).

Much like Tigana, the recalled Patrick Battiston played for the last time for France. Can you summarize his career with France ?

Patrick Battiston is indeed a great figure of the 1982-1986 generation. He started very young but took time to find his place. He was always faced with strong competition, when he was a full-back (Bossis, Janvion, Amoros…) then when he became a libero (Bossis). He earned his starting stripes during the seasons between the 1982 Mundial and Euro 1984. It was in Mexico, for the 1986 World Cup, that he really reached a very high level, partnering Maxime in central defense Bossis.

In this match against Yugoslavia, Didier Deschamps made his debut France. Was it self-evident that he would have the long career with France that he would have ?

The debut of Didier Deschamps in blue was indeed highly anticipated. Beyond his physical and technical qualities, we especially appreciated his tactical intelligence and his sense of responsibility. He was captain of FC Nantes at nineteen, playing midfielder but taking on the role of libero when necessary (associated in central defense with Marcel Desailly). Of course, we were far from imagining the player he would become, because we simply did not imagine the French team becoming world champions.

In this first season, Platini was unable to make progress with the team, but match by match many players were discarded as he was building a team. Did the press and public notice these changes at the time ?

In fact, for his first season, Platini simply did not do better than Henri Michel. He has no victories and lost the two matches that should not have been lost, while Henri Michel had left him with a team which had still collected three points out of four. Platini faced the same problems as his predecessor, namely a less talented generation and many packages to manage. This season, however, allowed him to take stock of the situation, and probably to think about a long-term strategy, which he will apply from the following season.

Platini could not call upon Eric Cantona in his first season due to suspension. Do you think France’s performances would have been better with him ?

No. Cantona was a great player but was not able to transcend a team. In England, perhaps, but not in France. At the age of 23, with the Blues, he would undoubtedly have scored a goal or two, but would he really have changed things ? The problem was collective.

As far as the debutants this season, Deschamps, Blanc, Perez, Cocard and Silvestre would be key elements of the Platini era. While Alain Roche would really break through during the Gerard Houllier era and Thierry Laurey appeared only once. How do you view their performances ?

An international career depends as much on the player’s own value as on the circumstances. We know that subsequently, Platini will limit his group to a few players. Deschamps, Blanc, Perez, Cocard and Silvestre will be part of it, while Roche and Laurey will not be there. The history of a selection alternates between periods of great mixing and those of typical teams that are almost closed to newcomers. Platini’s first season as coach was the last where there were places to be taken.

In addition to the recalled Tigana and Battiston Sylvain Kastendeuch, Philippe Vercruysse, José Toure, Stephane Paille, Luc Sonor and Daniel Xuereb appeared for the last time. What are your thoughts on their Internatioanl careers (short in some cases) ?

Platini will still call Paille several times but will no longer bring him into play. The player will be definitively barred by the Papin-Cantona duo. He was friends with the second but was estranged from the first. The other players, however, will never be recalled. Vercruysse and Touré should have had a great international career. They had the talent, but probably not enough mentality. Touré has had all kinds of injuries and Vercruysse seems to have been too timid. For Kastendeuch, Sonor and Xuereb, Platini felt that they did not have sufficient qualities to continue in the French team, they no longer had any room for improvement. Xuereb had however been formidable in the French Olympic team (9 goals in 11 matches), but never confirmed at the higher level.

At the end of the season, what was the general feeling about Michel Platini’s in his first full season in charge ?

Even though he had no victory in five matches, Platini benefited from the clemency of the press and public opinion. He had announced that he would resign if his team did not qualify for the Italian World Cup, but in the end he never did. He was a special coach. He had a lot of perspective on his role. He felt the role of the coach was minimal. In addition, he admitted to being dismayed by the technical level of his players. He was ready for a new season, but knew he no longer had any room for error.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Hommage à Pierre Cazal