Le résultat était-il prévisible ?
Oui : rien n’est plus prévisible qu’un France-Uruguay, puisque depuis dix ans, c’est le quatrième 0-0 en autant de confrontations, que ce soit en amical (2008 et 2012) ou en coupe du monde (2002 et 2010). Le scénario est toujours le même, à savoir une légère domination tricolore, quelques maigres occasions et une solide défense uruguayenne jamais débordée devant un très bon gardien. Ajoutez à ces constantes l’habituelle difficulté des Bleus à jouer vraiment un match de reprise en août, et les essais tentés par un nouveau sélectionneur, et vous obtenez une rencontre qu’on aura déjà oublié dans une semaine.
L’équipe est-elle en progrès ?
En tout cas la défense a tenu bon, ce qui n’avait pas été le cas à l’Euro contre la Suède et l’Espagne. On a vu aussi quelques phases de jeu intéressantes à une touche de balle et tournée vers l’avant, et moins de ce tricot agaçant et stérile devant les défenses adverses. En revanche, les Bleus ont toujours autant de mal à centrer correctement, que ce soit suite à un débordement ou sur coup de pied arrêté, et les relances longues des milieux défensifs sont encore très brouillonnes.
D’autre part, les deux schémas tactiques tentés au Havre, à savoir un 4-4-2 avec deux milieux excentrés en première période, puis un 4-2-3-1 après le remplacement de Benzema par Martin, n’ont débouché sur rien. Il a manqué trop de choses à l’équipe de France pour déstabliliser une Celeste beaucoup plus expérimentée qu’elle, dont la moitié de l’effectif a disputé les demi-finales de la coupe du monde en 2010. S’ils ont manqué de réussite avec les deux tirs repoussés par les poteaux de Muslera, les Bleus n’ont pas fait preuve de beaucoup de lucidité et de clairvoyance dans les 20 derniers mètres, ce qui était déjà une constante à l’époque de Laurent Blanc. Ce n’est pas pour rien qu’aucun but français n’a été marqué sur les trois dernières rencontres.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Franck Ribéry est resté sur la lancée de son Euro correct, en sollicitant beaucoup le ballon et en combinant côté gauche avec Evra et Benzema. Valbuena s’est beaucoup dépensé, sans grande réussite, même s’il a parfois apporté de la vitesse au jeu. Lloris n’a presque rien eu à faire, mais sans sa parade décisive de la 71e face à Abreu, le résultat aurait pu être franchement négatif. Enfin, côté petits nouveaux, Mapou Yanga-Mbiwa et Etienne Capoue sont entrés sans complexe et méritent d’être revus. Christophe Jallet aussi, surtout pour sa deuxième mi-temps où il a bien animé son côté.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Maxime Gonalons n’a pas montré grand chose, et le retour de Yohan Cabaye, voire de Yann M’Vila, devrait le refaire sortir du groupe. Rio Mavuba semble avoir la confiance de Deschamps, mais ses trois quarts d’heure de jeu laissent sceptique. Devant, Olivier Giroud, visiblement hors de forme, a manqué son match alors qu’il était enfin titularisé devant Karim Benzema. Mais rien n’a vraiment fonctionné entre les deux buteurs, ce qui n’est pas bon signe pour la suite.
S’il n’a pas fait d’erreur, Mamadou Sakho ne s’est pas mis en évidence et devrait pâtir lui aussi du retour de Laurent Koscielny en septembre, voire de l’éclosion de Raphaël Varane qu’on aurait bien aimé voir jouer au Havre. Quant à Patrice Evra, il a alterné le bon (le centre sur Benzema dont la frappe de la tête trouve le poteau) et le n’importe quoi, avec notamment un marquage pour le moins élastique sur les rares offensives uruguayennes.
Enfin, Marvin Martin a été très décevant dans les coups de pied arrêté, habituellemen son point fort, et n’a pas amené grand chose dans la construction lors de la dernière demi-heure. Pour l’instant, il peine à concrétiser les espoirs mis sur lui en 2011.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Contre la Finlande le 7 septembre, il s’agira de faire beaucoup mieux, notamment devant, afin de gagner le septième match contre la Finlande, comme les six précédents. Vu le niveau très moyen affiché par l’équipe de France au Havre, on peut imaginer que Koscielny, Cabaye et Gourcuff, a minima, intègrent l’équipe de départ pour apporter plus de qualité et de précision dans l’axe du jeu.