Une stérilité qui dure
Deux matches sans marquer, ça arrive souvent. Trois, c’est déjà plus rare. Quatre, c’est exceptionnel : depuis cent neuf ans, ce n’est arrivé que trois fois. La série noire de 2013, qui dure maintenant depuis 389 minutes (but de Ribéry à la 61e contre la Géorgie le 22 mars dernier), est certes moins longue que les deux précédentes, mais s’en rapproche dangereusement.
En 1986, le pénalty transformé par Manuel Amoros à la 111e minute contre la Belgique lors du match pour la troisième place du Mundial mexicain (4-2 après prolongations) allait être suivi d’une féroce disette offensive : que ce soit en Suisse en août (0-2), en Islande en septembre (0-0), contre l’URSS en octobre (0-2) ou en RDA en novembre (0-0), les Bleus entraient dans un long tunnel dont ils ne verront le bout qu’en avril 1987 sur un but de Carmelo Micciche à la 37e minute contre l’Islande (2-0) sur une passe décisive de Michel Platini, qui jouait son dernier match en sélection. Soit au total 406 minutes au pain sec.
Il y a pourtant eu pire, mais pour en trouver trace, il faut plonger au cœur des Années folles, en 1924. Le 1er juin de cette année-là, lors des JO de Paris, les Bleus s’inclinent lourdement contre la meilleure équipe du monde, l’Uruguay (1-5). Paul Nicolas a égalisé à la 12e minute. Vont suivre quatre nouvelles défaites sans que les attaquants français ne marquent le moindre but, ce qui à l’époque des scores de tennis était plutôt rare. Rien contre la Hongrie (0-1), rien en Belgique (0-3), rien en Italie (0-7) et toujours rien contre l’Autriche (0-4). Il faudra attendre le 21 mai 1905 et encore 62 minutes contre l’Angleterre (qui menait alors 3-0) pour voir Jean Boyer marquer enfin. Faites le calcul : 78+360+62=500 minutes tout rond, facile à retenir.
Donc pour faire mieux (ou pire) que la série de 1986-87, les Bleus devront éviter de marquer avant la 18e minute à Tbilissi le 6 septembre. Et s’il veulent battre le record de 1924-25, il devront rester inoffensifs contre la Géorgie et attendre la 22e au moins pour trouver la faille en Biélorussie le 10 septembre.
La série feuille sale s’arrête enfin
Neuf matches consécutifs avec au moins un but encaissé : il faut remonter à 1992 pour trouver une aussi mauvaise série. A Bruxelles, Lloris n’a pas encaissé de but, ce qui ne lui était plus arrivé depuis presque un an et la victoire en Finlande en septembre 2012.
Benzema dans le trio des buteurs en panne
Avec 14 matches consécutifs sans but, Karim Benzema se rapproche de Laurent Blanc et de Zinedine Zidane, qui sont restés 15 matches sans marquer à la fin des années 90. Ce graphique concerne les joueurs comptant au moins 50 sélections et 15 buts marqués. C’est pourquoi Just Fontaine (30 buts en 21 sélections) n’y figure pas.
Ce graphique est une actualisation de celui publié dans l’article Karim Benzema et les buteurs en panne de février 2013.
Le cinquante-cinquième 0-0
C’est la deuxième fois que Didier Deschamps termine un match à 0-0 depuis qu’il est sélectionneur, et comme la première c’est lors du match de début de saison. Depuis 1904, c’est le 55e match des Bleus sans but. Ce n’est pas le score le plus fréquent : il arrive en quatrième position derrière le 1-0 (70 fois) le 2-0 et le 2-1 (59 fois) et le 1-1 (58). C’est aussi la 176e fois que l’équipe de France ne marque pas, ce qui a généré 121 défaites.
Pour en savoir plus, découvrez le tout nouveau tableau des scores. Ce n’est d’ailleurs pas un tableau, mais une matrice.
Geoffrey Kondogbia, le douzième homme
Le champion du monde U20 a fait ses débuts en équipe A en tant que titulaire. C’est le 873e international français, et déjà le douzième lancé par Didier Deschamps depuis un an. A noter que le sélectionneur privilégie les postes défensifs : un arrière droit (Christophe Jallet), trois défenseurs centraux (Raphaël Varane, Eliaquim Mangala, Mapou Yanga-Mbiwa), un arrière gauche (Benoît Trémoulinas), trois milieux défensifs (Etienne Capoue, Josuha Guilavogui, Paul Pogba), deux relayeurs (Clément Chantôme, Geoffrey Kondogbia) pour un meneur de jeu (Clément Grenier) et un seul attaquant (Alexandre Lacazette).
Au classement des joueurs, Eric Abidal n’est toujours pas rejoint par Karim Benzema, mais ça ne saurait tarder. Hugo Lloris intègrera le top 40 au prochain match, tandis qu’Olivier Giroud a obtenu sa vingtième cape. Cinq joueurs alignés à Bruxelles comptaient moins de dix sélections.
Joueur | Sel | G | N | P | Buts | |
---|---|---|---|---|---|---|
17 | Franck Ribéry | 74 | 37 | 21 | 16 | 12 |
25 | Eric Abidal | 60 | 33 | 19 | 8 | 0 |
27 | Karim Benzema | 59 | 30 | 16 | 13 | 15 |
42 | Hugo Lloris | 48 | 21 | 16 | 11 | 0 |
68 | Samir Nasri | 36 | 18 | 12 | 6 | 4 |
72 | Bacary Sagna | 35 | 16 | 10 | 9 | 0 |
111 | Mathieu Valbuena | 24 | 12 | 4 | 8 | 5 |
140 | Olivier Giroud | 20 | 9 | 4 | 7 | 3 |
154 | Gaël Clichy | 18 | 9 | 4 | 5 | 0 |
242 | Laurent Koscielny | 11 | 4 | 2 | 5 | 0 |
318 | Etienne Capoue | 7 | 2 | 2 | 3 | 1 |
344 | Dimitri Payet | 6 | 3 | 1 | 2 | 0 |
469 | Josuha Guilavogui | 3 | 0 | 1 | 2 | 0 |
470 | Clément Grenier | 3 | 0 | 1 | 2 | 0 |
634 | Geoffrey Kondogbia | 1 | 0 | 1 | 0 | 0 |
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