Quand il arrive à la tête des Bleus en août 1998, Roger Lemerre a pour objectif d’améliorer le secteur offensif des nouveaux champions du monde. Outre Djorkaeff et Dugarry, déjà installés et Guivarc’h ou Diomède, peu convaincants, il pouvait faire confiance aux jeunes (Henry, Trezeguet et Anelka) ou tester d’autres options, comme Laslandes ou Vairelles. C’est ce qu’il fera très vite, mais pas longtemps.
Si Henry joue les deux premiers matchs de l’ère Lemerre contre l’Autriche en août 1998 (remplacé par Pirès à la 65e) et l’Islande en septembre (il remplace Dugarry à la 68e), il sort du groupe dès le mois d’octobre et n’y reviendra plus jusqu’en mars 2000. Pire, il est renvoyé en équipe de France Espoirs, alors dirigée par Raymond Domenech. A ses cinq sélections initiales dans cette catégorie (depuis février 1997) vont s’en ajouter six autres, avec le statut inédit de champion du monde en titre.
Deux buts, un rouge et une élimination contre Pirlo
Thierry Henry a joué 11 matches en Espoirs entre février 1997 et novembre 1999. Dont six avec le statut inédit de champion du monde : en octobre 1998 (Russie, 1-2), en février 1999 (Angleterre, 1-2), en mars 1999 (Ukraine, 4-0 et Arménie, 3-1), en juin 1999 (Russie, 2-0) et en novembre 1999 (Italie, 1-2) en barrage retour de l’Euro Espoirs, sous les ordres de Raymond Domenech, qu’il retrouvera en A entre 2004 et 2010. Lors de ces six rencontres, il marque deux buts (Arménie et Italie) et est expulsé contre la Russie en juin. Contre l’Italie, il croise Pirlo, Gattuso, Zambrotta ou Ambrosini.
En Espoirs, il est associé en attaque à Louis Saha, Daniel Moreira, Toifilou Maoulida, David Trezeguet (auteur d’un quadruplé contre l’Ukraine en mars) ou Frédéric Kanouté. Trezeguet joue quant à lui trois fois en Espoirs en 1999, en mars (Ukraine), juin (Russie) et en août (Irlande du Nord).
Trois clubs en huit mois en 1999
Entre temps, Henry a quitté l’AS Monaco pour la Juventus en janvier 1999, mais son passage dans le Piémont est un échec. Utilisé sur un côté, il ne trouve pas sa place aux côtés de Didier Deschamps et Zinédine Zidane et quitte rapidement le club, dès l’été suivant. Arsenal le recrute pour remplacer Nicolas Anelka, devenu entre temps titulaire avec les Bleus et transféré au Real Madrid. Après un temps d’adaptation, il signe une belle première saison qui lui permet de retrouver les Bleus trois mois avant l’Euro : il revient le 29 mars 2000 à Glasgow contre l’Ecosse, où il est titulaire et marque le deuxième but. C’est ainsi qu’il obtient in extremis (comme en 1998) sa place dans la liste des 23. Après avoir évolué dans trois clubs différents en huit mois, il se stabilise à Londres où il va jouer sept saisons et changer de dimension.
Sans lui, entre octobre 1998 et février 2000, l’équipe de France a joué 14 matchs. Si cette période intercalaire entre la Coupe du monde et l’Euro ne laisse pas beaucoup de souvenirs, hormis une belle victoire à Wembley contre l’Angleterre (2-0), le bilan reste très bon : 11 victoires, 2 nuls (les deux fois contre l’Ukraine, 0-0) et une seule défaite, contre la Russie à domicile (2-3). Ce sera l’occasion de voir arriver Sylvain Wiltord en attaque où Anelka semble s’installer, alors que Trezeguet sera rappelé en A en octobre 1999 contre l’Islande. Il inscrira d’ailleurs le but de la victoire (3-2) qui qualifiera les Bleus pour l’Euro. Mais c’est Henry qui sera titulaire à la pointe de l’attaque en Belgique et aux Pays-Bas, et pour la décennie à venir.