Le résultat était-il prévisible ?
Oui. Une victoire contre la Géorgie était dans l’ordre des choses, un match compliqué aussi. Ce qui n’était pas prévu, c’était de tomber contre une équipe finalement beaucoup plus joueuse qu’annoncé et qui aura mis plusieurs fois en difficulté la défense des Bleus, au cours d’un scénario finalement assez proche de celui contre la Biélorussie en septembre dernier (conclu sur un score identique). Au cours d’une rencontre qui a souvent ressemblé à une partie amicale tant l’engagement y a été discret, l’équipe de France a alterné des moments de conquête offensive (en début de chaque période) et des phases de léthargie profonde qu’il serait prudent de ne pas reproduire mardi.
L’équipe est-elle en progrès ?
Face à un adversaire jouant crânement sa chance mais de toute évidence beaucoup plus limité que les trois derniers adversaires des Bleus (Espagne, Italie et Allemagne), il est difficile de mesurer une quelconque progression. Défensivement, les Français ont semblé un peu justes, et notamment sur le but géorgien, alors que l’opposition semblait largement gérable. Le milieu a été moyen, et l’attaque a joué par intermittence, montrant parfois une supériorité flagrante et parfois une nonchalance coupable, jouant arrêtée quand il aurait fallu mettre de la vitesse. Mais souvenons-nous que quatre jours avant l’exploit de Madrid, les Bleus avaient été quelconques face au Japon.
Quels joueurs sortent renforcés ?
Hugo Lloris était visiblement très contrarié d’avoir concédé encore un but, pour la sixième fois d’affilée. Mais il a sauvé la barraque deux fois en première mi-temps, sur une tête de Amisulashvili puis sur une frappe lourde de Kobakhidze. Troisième, voire quatrième choix sur la droite (après Debuchy, Sagna et Réveillère), Christophe Jallet a fait un bon match surtout en position de débordement et de centre. Mais il n’a pas été sollicité derrière.
On attendait beaucoup de voir Paul Pogba, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas déçu. Le Turinois semble être là depuis longtemps, et son jeu court comme son jeu long laissent entrevoir un très grand potentiel. Son contrôle en pivot avec frappe enchaînée à la 25e était remarquable.
Mathieu Valbuena n’en finit pas de surprendre. Après une première demi-heure où il a semblé hésitant dans son placement, il a fait basculer le match à lui tout seul en déposant un ballon sur la tête de Giroud au point de pénalty puis en doublant la mise au retour des vestiaires. Frank Ribéry a joué de malchance avec un tir sur la barre à la 5e, a été brouillon par la suite avant de trouver la mire sur le but de Valbuena puis sur le sien à la 61e. Enfin, Olivier Giroud s’est bien troué sur une occasion énorme à la 30e où il tente un lob de l’extérieur du gauche, on se demande bien pourquoi, mais c’est lui qui ouvre le score à un moment décisif (45e).
Quels joueurs sortent affaiblis ?
On pouvait se demander à quoi servait de titulariser Blaise Matuidi, indispensable face à l’Espagne mais sous la menace d’une suspension. Le Parisien a sorti une première mi-temps très décevante, s’offrant même une perte de balle face à Kobakhidze qui aurait pu être fatale sans la belle parade de Lloris. Si Gaël Clichy a fait un match correct à gauche, on peut regretter son apport offensif inexistant en deuxième mi-temps, alors qu’il avait montré en première période ce qu’il pouvait apporter par ses percées audacieuses.
Enfin, reste le cas Benzema. Le Madrilène n’y est toujours pas, alors que ce match semblait fait pour lui. La confiance que lui accorde (pour l’instant) le sélectionneur n’est pas payée en retour, et les nombreux ballons gaspillés tant dans les passes que dans des frappes soit trop molles (16e, 24e, 55e) soit complètement dévissées (37e, 88e) finissent par peser lourd dans la balance.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Le nul de l’Espagne face à la Finlande change évidemment la donne de ce qui devait être la finale du groupe. En effet, un match nul suffirait aux Bleus pour garder deux points d’avance sur les champions du monde, alors qu’une victoire assurerait quasiment la première place. On peut donc imaginer que Deschamps ne prendra aucun risque et blindera son milieu (avec un trio Matuidi-Pogba-Sissoko ?) en revenant à trois joueurs offensifs, qui pourraient être Valbuena, Giroud et Ribéry.
Sachant qu’ils n’auront de toute façon pas la possession de balle contre les Espagnols, les Bleus pourraient attendre et voir venir. Une stratégie qui avait complètement échoué en juin à l’Euro, et qui aurait pu se payer cher en première mi-temps à Madrid. C’est en se montrant plus agressifs dans le pressing et plus conquérants devant que les Français avaient renversé la tendance il y a cinq mois. Pourront-ils le refaire ?