En Corse, l’évocation de l’équipe de France de football ramène souvent à la victoire historique de la sélection insulaire face aux Tricolores de Just Fontaine. C’était le 28 février 1967 et Claude Papi n’avait pas encore dix-huit ans. Il jouait à Porto-Vecchio, le village où il a vu le jour le 16 avril 1949. Mais il avait déjà été remarqué par les dirigeants du SEC Bastia, club qu’il allait rejoindre en 1968 alors que l’équipe vient d’être promue en première division.
Ce que l’équipe de France doit au SEC Bastia
C’est ensemble que Papi et le club bastiais découvrent l’élite du football français, progressant pas à pas en s’éloignant des zones de relégation et atteignant une finale de Coupe de France, perdue contre Marseille en 1972, mais qui ouvrait quand même la porte des Coupes européennes, le club olympien étant également champion de France.
Le nom de Claude Papi, élégant meneur de jeu à la technique très fine et un sens du but consommé, se répand dans tout l’hexagone. S’il n’envisage à aucun moment de quitter son île, il accepte avec enthousiasme de rejoindre l’équipe de France, alors dirigée par Ștefan Kovács.
La première sélection de Claude Papi ne dura que dix minutes mais ce fut suffisant pour qu’il fasse étalage de ses talents. Le joueur de Bastia entre à la 80e minute d’un France-Danemark amical au Parc des Princes. Ce 21 novembre 1973, les Tricolores ne jouent pas très bien, mais ils font la différence en deuxième mi-temps en marquant deux buts. Par le capitaine Bereta d’abord, qui profite d’un cafouillage de la défense danoise sur un centre de Chiesa. Puis par un but curieux attribué au défenseur Andersen pressé par Patrick Revelli sur un centre de Sarramagna.
Claude Papi supplée le Lyonnais Daniel Ravier, que l’on ne verra plus sous le maillot bleu. Très vite, le Corse se montre à son aise et conduit le jeu des Tricolores vers l’avant. Ceux-ci se procurent alors de nombreuses occasions. A la 85e minute, Papi est à la réception d’un centre de Repellini. Sa reprise de volée, des six mètres, est détournée par le gardien danois. A une minute de la fin, Bereta lance Papi dans la surface de réparation. Le Bastiais centre vers Hervé Revelli qui marque le troisième but.
480 jours
Le meneur de jeu bastiais a fait une entrée remarquable, mais on ne le verra que très peu par la suite en Bleu. Il faut en effet attendre plus de quinze mois, le 16 mars 1975, pour le revoir à nouveau, au Parc des Princes. L’adversaire, cette fois, est la Hongrie. Le Bastiais entre en jeu à vingt minutes de la fin en remplacement du Niçois Jean-Noël Huck. Les Français mènent alors 2-0, buts de Henri Michel et Patrick Parison, et le score n’évolue guère. L’équipe de France n’avait pas battu la Hongrie depuis quarante ans.
Si 480 jours ont séparé ses deux premières sélections, il faudra en compter 1182 avant de revoir Claude Papi en équipe de France. Durant la saison 1977-1978, le SEC Bastia réalise un parcours aussi surprenant que mémorable en Coupe de l’UEFA. Après avoir éliminé Newcastle, le Sporting Lisbonne, Torino, Iéna et Zurich, l’équipe bastiaise accède à la finale où elle subit la loi du PSV Eindhoven. Aux côtés de Jean-François Larios, Félix Lacuesta, Yves Mariot, Merry Krimau et Johnny Rep, Claude Papi est le grand homme de cette épopée, où il inscrit sept buts et mène le jeu de l’équipe française.
1182 jours
Bien qu’il ne soit pas prévu dans ses plans, Michel Hidalgo l’embarque pour la Coupe du monde en Argentine. Claude Papi porte le numéro 10 et joue le troisième match, celui des remplaçants où il retrouve l’équipe de Hongrie. Le Bastiais joue la première mi-temps (celle où sont inscrits les buts) avant d’être remplacé par Michel Platini. Le seul match de Coupe du monde d’un Bastiais en équipe de France aura été disputé avec un fameux maillot vert et blanc. Johnny Rep, l’autre Bastiais de cette Coupe du monde argentine, aura plus de réussite puisqu’il atteindra la finale avec les Pays-Bas.
Au lendemain du mondial argentin, Claude Papi joue un ultime match avec les Bleus à l’occasion de la rentrée. C’est un match UNFP contre le club belge d’Anderlecht, qui ne compte donc pas comme une sélection officielle. Une rencontre aux parfums de Coupe d’Europe que Michel Hidalgo lui laisse disputer en entier. On ne reverra plus le Bastiais en équipe de France, alors que Michel Platini, l’habituel numéro 10, est indisponible pour une longue période. Le sélectionneur préférera s’appuyer sur Jouve, Michel, Bathenay, Giresse, Petit, Piasecki ou son ancien coéquipier d’épopée, Larios.
Claude Papi poursuit sa carrière jusqu’en 1982. Blessé, il n’a pu participer en 1981 à la finale de la Coupe de France qui voit Bastia remporter le premier (et seul) titre national de son histoire. Un an plus tard, une blessure le contraint à mettre fin à sa carrière. Le 28 janvier 1983, alors que la France pleure l’acteur Louis de Funès, Claude Papi succombe à une rupture d’anévrisme pendant une partie de tennis. Il avait 33 ans.
Trois sélections, quatre victoires
Claude Papi était très attaché au maillot bleu. Non pas celui frappé du Coq (3 sélections) mais celui à la tête de Maure (plus de 500 matchs).
Sel. | Genre | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps Jeu | |
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1 | Amical | 21/11/1973 | Paris | Danemark | 3-0 | > 10 | |
2 | Amical | 26/03/1975 | Paris | Hongrie | 2-0 | > 20 | |
3 | CM T1 | 10/06/1978 | Mar del Plata | Hongrie | 3-1 | 45 > | |
. | (Match UNFP) | 12/08/1978 | Paris | RSC Anderlecht | 1-0 | 90 |